Cinq employés de médecins sans frontières acquittés

Accusés de complicité d’actes de terrorisme, certains ont enduré 12 mois de détention arbitraire.

Marguerite Mewouo, Ashu Dabinash Godlove, Yvette Enjoh Mpong, et un autre employé cadre, tous employés de l’Ong internationale Médecins sans frontières (Msf), ont été déclarés non coupables des accusations de sécession, et de tentative de sécession. Cette décision a été rendue le 29 décembre 2022 par le tribunal militaire de Buéa. Yvette Enjoh Mpong, et un autre employé ont été acquittés après 12 mois de détention « arbitraire » à la prison de Buéa. Alors que Marguerite Mewouo, infirmière et Ashu Dabinash Godlove, ambulancier, ont comparu libres après avoir été libérés en mai 2022. Il leur était reproché d’avoir transporté un séparatiste blessé par les forces de défense et de sécurité. Le même tribunal a acquitté un autre employé qui a enduré dix mois de détention.

Les faits qui leur sont reprochés se sont déroulés en début d’année 2022. L’ong Mandela Center international avait dénoncé une détention arbitraire et une violation du droit humanitaire après l’arrestation de ces volontaires qui n’ont que fait leur travail. Le 19 janvier 2022, Yvette Enjoh, employé de Msf a été arrêtée à Kumba, sans convocation, ni mandat d’arrêt ou tout document signé par une autorité judiciaire. Après son interpellation par les forces de défense et de sécurité, elle a été conduite dans les locaux de la légion de gendarmerie de Buéa. L’Ong Mandela Center international ajoutait dans un communiqué publié en février 2022 que ces mêmes éléments se sont rendus au domicile de Blasius Akie pour procéder à son interpellation. Yvette Enjoh et Blasius Akie sont tous deux volontaires de Msf. Ils dispensaient des soins de santé de base aux populations du Sud-Ouest affectées par la crise sécuritaire.

Ashu Dabinash Godlove, conducteur d’ambulance à Msf et Mewouo Marguerite Gerzande, infirmière urgentiste, ont été libérés en mai 2022 après plus de quatre mois de détention. Ils avaient été inculpés par le tribunal militaire de Buéa dans le Sud-Ouest pour complicité d’évasion d’un terroriste et complicité d’actes de terrorisme. Entre décembre 2021 et janvier 2022, les autorités camerounaises ont accusé Msf d’exfiltrer les présumés séparatistes.

Les activités de Msf toujours suspendues

 

L’interpellation des employés de Médecins sans frontières avait conduit à la suspension des activités de cette Ong dans la région du Sud-Ouest. Jusqu’à présent, Msf n’y opère toujours pas. Les responsables de l’Ong entendent d’abord avoir discuté avec les autorités gouvernementales des questions liées au respect du droit humanitaire avant la reprise de leurs activités dans le Sud-Ouest.

Médecins sans frontières (Msf) est soulagée par le jugement rendu le 29 décembre 2022 par le tribunal militaire de Buéa, qui a innocenté trois de ses employés. Cette décision fait suite à l’acquittement d’un autre membre du personnel en novembre 2022. Msf a toujours défendu les actions de son personnel et a catégoriquement nié toute complicité avec les groupes armés ou des parties prenantes à toute crise ou conflit violents. Son personnel est guidé par l’éthique médicale et les principes d’impartialité, d’indépendance et neutralité, explique Antoinette Buinda, responsable de la Communication de Msf dans le Sud-Ouest.

L’organisation humanitaire déplore le fait que son personnel ait été contraint d’endurer près d’un an d’emprisonnement, provoquant une détresse et une angoisse pour les employés et leurs familles. L’Ong Mandela Center International souhaite que le préjudice subi par Msf soit réparé conformément aux dispositions de l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques : « Tout individu victime d’arrestation ou de détention illégale a droit à réparation ». Les responsables de Msf disent ne pas être prêts à saisir la justice pour exiger réparation pour l’instant : « Notre priorité est de souhaiter la poursuite du dialogue afin de nous permettre de reprendre notre assistance humanitaire dans certaines régions pour assister les populations », explique Antoinette Buinda. En décembre 2020, le gouverneur de la région du Nord-Ouest, une autre région en proie à la crise socio-politique, y avait suspendu les activités de Msf.


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