A cause de la cherté du lycée, ils sont nombreux qui laissent leurs enfants à la maison. « Sur les 805 élèves que J’ai dans mon établissement cette année scolaire seuls 650 ont payé les frais de scolarité. Le teste ne l’a pas encore fait, si je m’en tiens au dernier pointage que j’ai fait vendredi dernier. A cette allure, j’ignore comment est-ce que je vais faire avec ceux qui n’ont pas payé. Ne plus les admettre dans les salles de classe serait faire de moi un sans cœur, mais en les autorisant aussi à poursuivre les cours mettrait mon travail et mon poste en péril. Je dois faire attention. Je suis face à un dilemme et je dois prendre une décision qui n’est pas facile», confie Ousmanou, proviseur dans un lycée de la région Nord. Comme lui, ils sont nombreux, ces chefs d’établissements du public notamment des enseignements secondaires à faire face à ce problème en ce moment : mettre les insolvables dehors ou les admettre dans les salles de classe avec des moratoires, et attendre qu’ils aient payé leur dette. En principe, les frais de scolarité dans tous les lycées coûtent 17.500 FCfa ; soit 7.500 FCfa pour le premier cycle (de la sixième à la troisième) et 10.000 FCfa pour le second cycle (de la seconde à la terminale). Sauf que comme dans les autres régions du Cameroun, dans le Nord, ces montants ne sont pas respectés dans les lycées. Les élèves du premier cycle se retrouvent à payer 17.500 FCfa, parfois 20.000 ou_ 25.000 FCfa. Et quant à ceux* du second cycle, au lieu de 10.000 FCfa, les parents se retrouvent en train de dépenser le double, le triple voire le quadruple du montant initial. Indexés les proviseurs s’expliquent : «Les frais de scolarité coûtent effectivement 17500 pour les deux cycles. Sauf que dans un établissement, il y a des charges. Et pour résoudre ces problèmes, nous avons besoin d’argent. Généralement, les frais d’Apee ne permettent pas de couvrir toutes ces charges. Et ce sont ces frais qui gonflent la facture des frais de scolarité. Et comme vous le savez, les frais d’Apee sont fixés en fonction des difficultés que rencontre l’établissement. C’est la raison pour laquelle, le montant des frais de scolarité différent d’un lycée à un autre ». De plus ajoutent-ils : «ces frais ne rentrent pas en totalité dans les caisses des établissements. Avec le nouveau système de payement, tout l’argent est récolté par les sociétés de téléphonie mobile. Ce sont eux qui reversent l’argent au ministère des Enseignements secondaires. Et une fois que l’argent est dans les caisses du Minesec, il prélève une bonne partie pour alimenter plusieurs lignes dont la quote part, les fonds d’appui à la santé scolaire et les fonds de promotion à l’éducation entre autres. Cette dernière ligne coûte 375 FCfa à chaque élève du secondaire. Quant aux autres lignes, nous ignorons comment l’argent est reparti. Et une fois que le Minesec a soustrait sa part, il renvoie aux différents établissements le montant qui reste. Mais le problème est que l’argent qu’il renvoie ne représente rien ; et ne peut par conséquent pas permettre à un établissement de fonctionner. Car hormis le fait que l’argent arrive quatre à cinq mois après qu’il l’a reçu, il est insignifiant. Et pour gérer l’établissement, nous sommes contraints de créer des lignes. Nous n’avons pas le choix», explique un chef d’établissement. Du coup, comme la facture devient salée, de nombreux n’arrivent plus à payer la scolarité à leur progéniture à cause du coût exorbitant que leur exigent les proviseurs. «C’est difficile. Vous savez, pour les parents qui n’ont pas de revenus considérables, dépenser 30000 FCfa pour un enfant et seulement pour les frais de scolarité, c’est compliqué. A ces frais, il faut ajouter les frais des cours d’informatique, ceux du carnet médical et de l’Association des parents d’élèves et d’enseignants (Apee), les frais d’examens si l’enfant est en classe d’examen. En faisant la somme de toutes ces dépenses, on n’est pas loin de 100.000 FCfa par an pour un enfant. Et si on en a beaucoup comme c’est le cas dans le Septentrion, la situation devient difficile. Du coup, au lieu d’envoyer les enfants à l’école, on préfère les garder à la maison», se plaint Ismaël, un parent.
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