Du fait des déplacés de la crise anglophone, les coûts des habitations flambent dans les quartiers. Les prix des loyers connaissent une hausse vertigineuse en raison du nombre sans cesse croissant des déplacés internes en provenance des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. L’accès à une habitation de location à Yaoundé est devenu un véritable parcours du combattant et même un chemin de croix. C’est la surenchère et les propriétaires cèdent leurs maisons aux plus offrants. Gisèle.V, vendeuse dans une épicerie de la place est désemparée. Depuis des semaines, la jeune femme de Tl ans parcourt des kilomètres dans les quartiers de Yaoundé à la recherche d’un studio moderne, un appartement de deux pièces avec douche et cuisine internes. Mais elle fait face à la dure réalité du coût. «C’est vraiment difficile en ce moment de trouver une maison. Je cherche un studio moderne mais la majorité des propriétaires exigent au préalable six mois d’avance plus deux pour la caution pour un loyer mensuel de 50 OOOFcfa. Les prix vont même à 75 OOOFcfa, voir 100 OOOFcfa avec plusieurs mois d’avance. Pourtant, mes revenus ne me permettent pas une telle acquisition », déplore-t-elle. La jeune dame va finalement se contenter d’un appartement à deux pièces au quartier Etoa Meki, moins confortable où elle est obligée de débourser tous les mois 35 OOOFcfa, sans compter les factures d’eau et d’électricité. A la différence de Gisèle.!/,, Alexis.E, cadre d’entreprise a pu s’offrir un appartement confortable de trois pièces.avec douche et cuisine internes dans une clôture au quartier cité verte à 80 OOOFcfa le mois après avoir longuement cherché également. Le jeune homme de 32 ans a dû débourser sept mois d’avance avec un mois de caution pour accéder à cette habitation. C’est d’ailleurs le prix à payer pour avoir un, habitat confortable. Mais Thierry.D, conducteur de Moto Taxi qui n’a pas les moyens de s’offrir un tel luxe, tente d’acquérir un petit studio au quartier Biyem-Assi, toujours à Yaoundé, mais, celui-ci coûte 40.000 Fcfa mensuellement et le propriétaire exige une avance de six mois. Il faut préciser que cette recherche est aussi une véritable course, «Lorsque je suis venu demander le prix du studio, on m’a dit 40 OOOFcfa. Le temps pour moi de réfléchir, quelqu’un d’autre était déjà devant le même studio pour discuter du prix avec le bailleur», regrette cet originaire de Bamenda dans la région du Nord-ouest, ayant fui les violences. Bien que certains bailleurs essayent de faire des rabais, les prix restent élevés pour certains locataires. « Mon studio moderne bâti dans une barrière vaut 90.000 Fcfa de loyer et on paye par an, soit 1.080.000 Fcfa. Je peux aussi le laisser à 1.000.0000 Fcfa, en exigeant 250.000 Fcfa par trimestre », propose un bailleur. Les usagers quant à eux ne savent plus à quel saint se vouer. La cause principale A en croire un promoteur d’une société immobilière à Yaoundé, c’est le flux important de déplacés internes de la crise anglophone qui est à l’origine de la hausse du coût d’habitation. Un rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) en décembre 2019 dénombrait près de 6000 personnes ayant fui les violences au Noso pour Yaoundé, tandis que d’autres sources parlent de 500 000 personnes. «L’offre immobilière est actuellement en dessous de la demande. Tous les jours nous avons des acquéreurs qui frappent à nos portes. Et la majorité est faite des personnes originaires des régions anglophones. Des quartiers résidentiels jusqu’aux bidons-villes où la précarité et l’insalubrité sont érigées en règles, l’accès à une habitation n’est pas aisé. Des cas d’escroquerie par des agents immobiliers véreux sont devenus légions si bien que de nombreux potentiels locataires préfèrent chercher eux même leur maison et n’ont plus recour aux agents immobiliers dont les services sont aussi coûteux. A côté des propriétaires qui ont le souci d’offrir des habitations confortables à leurs clients, nombreux sont ceux qui n’exigent que de l’argent sans se préoccuper de l’état de la maison.
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