Le groupe de travail de la société civile camerounaise a publié mercredi à Yaoundé, son rapport 2021 sur la situation des droits de l’homme au Cameroun. C’est devant des diplomates accrédités au Cameroun, responsables étatiques et auteurs de la société civile que le rapport 2021 sur la situation des droits humains a été présenté par le groupe de travail initié par le mouvement Stand Up For Cameroon puis coordonnée par l’ONG Un Monde Avenir. En effet, les observations du groupe de travail se sont concentrées dans une grande partie dans les zones qui connaissent de graves crises telles que les régions anglophones et l’Extrême-Nord. Le groupe répertorie au total 1 759 situations de violations de droits humains repartis en au moins 1 336 cas de violation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et 423 autres cas de violences y compris les violences basées sur le genre. Le groupe recense un nombre très élevé d’incidents meurtriers évalués au moins à 897 personnes tuées. Au moins 542 personnes tuées dans la crise au Nord-ouest et Sud-ouest, 339 personnes tuées dans le conflit contre Boko Haram à l’Extrême-Nord et au moins 16 personnes tuées dans les autres régions du pays. Ces incidents meurtriers sont le fait des groupes armés non étatiques (Combattants de Boko Haram, groupes séparatistes et groupes criminels non identifiés) et des forces de défense et de sécurité. Ci-dessous, les autres observations du groupe de travail Le phénomène des enlèvements qui demeure préoccupant. Le groupe de travail a pu dénombrer au moins 277 personnes enlevées réparties comme suit : • Au moins 133 personnes enlevées dans le cadre de la crise au Nord-ouest et au Sud-ouest. • Au moins 137 personnes enlevées dans le cadre du conflit contre Boko Haram à l’Extrême-Nord. • Au moins 07 personnes enlevées dans les autres régions. 4 – Un recours significatif aux incendies et explosions. Le groupe de travail a recensé au moins 162 cas d’incendies et d’explosions répartis comme suit : • Au moins 142 incendies et explosions dans la crise au Nord-ouest et au Sud-ouest. • Au moins 17 incendies et explosions dans le conflit Boko haram à l’Extrême-Nord. • Au moins 03 incendies et explosions dans les autres régions. 5 – De graves violations des droits continuent d’être commis par les forces de maintient de l’ordre. Le rapport revient sur les cas de plusieurs citoyens.es décédés ou victimes de tortures dans les commissariats et les brigades de gendarmeries. 6 – Les violences intercommunautaires ont également été relevées. Le rapport revient sur ces affrontements intercommunautaires survenus dans le Logone et Chari. 7 – La situation inquiétante des militants.es politiques et des activistes. Le rapport revient sur les faits clés ayant caractérisée la situation des prisonniers d’opinion et relève les différentes violations des droits humains en cours. 8 – Les conditions de détention déplorables dans les prisons du Cameroun. Le groupe de travail dénonce le fonctionnement des prisons qui sont le lieu de tous les trafics, de tous les abus et d’un emprisonnement des personnes dans des conditions déplorables. 9 – Les graves violences commises par les groupes armés non étatiques. Ces derniers ont mené des attaques aussi bien contre les forces de défense et de sécurité, les agents de l’État et les populations. 10 – Les dysfonctionnements divers de l’appareil judiciaire aussi bien dans le cas des certaines personnalités publiques (Ex : Amadou Vamoulke) que dans celui des citoyens ordinaires. Dysfonctionnements qui ont conduit les avocats de certains détenus à cesser la défense de leurs clients devant les tribunaux. Il s’agit du cas des avocats des militants.es du MRC et de ceux des leaders séparatistes. 11 – Les pressions accrues sur les partis politiques, les organisations de la société civile et les ong internationales. Le groupe de travail a constaté et dénoncé ces dérives des autorités administratives qui les conduisent à systématiquement interdire leurs activités publiques et à rendre plus difficile leur déploiement sur le terrain. II – Domaines d’action urgents et prioritaires : recommandations Ces recommandations s’adressent aux autorités étatiques et aux partenaires internationaux du Cameroun. A – Recommandations pour les autorités étatiques Le Groupe de travail recommande les actions suivantes : 1. Libérer toutes les personnes non violentes arrêtées et détenues dans le cadre des crises que connaît le Cameroun (Crise anglophone, lutte contre Boko Haram, tensions sociopolitiques post élection présidentielle 2018). 2. Initier des dialogues réguliers à tous les niveaux (local et national) pour rechercher les voies et moyens de résoudre les différents problèmes suscités par les différentes situations de crise. 3. Renforcer davantage les capacités des acteurs publics sur les questions des droits de l’homme et droit humanitaire. 4. Autoriser les organisations non gouvernementales à enquêter et se déployer en toute liberté dans les zones où les violations des droits humains ou les violences ont été commises. 5. Procéder à des sanctions systématiques lorsqu’il y a des manquements et rendre publiques les sanctions. 6. Renforcer les mécanismes de surveillance des pratiques dans les lieux de détention en facilitant des inspections des organisations non gouvernementales dans ces lieux. 7. Augmenter les capacités d’accueil en construisant de nouvelles chambres de sûreté et de prisons. 8. Améliorer les conditions d’alimentation et de soins au sein des prisons. 9. Renforcer les mécanismes de dénonciation des abus commis par le personnel pénitentiaire et des pratiques de racket sur les prisonniers. 10. Mettre fin aux trafics et frais divers indûment payés par les visiteurs dans les prisons. 11. Vulgariser le mécanisme d’assistance judiciaire pour permettre aux citoyens d’être informés sur les possibilités d’assistance qui existent. 12. Modifier les textes qui organisent le Conseil supérieur de la Magistrature pour renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif. 13. Augmenter les ressources diverses pour que la justice soit plus performante notamment la construction de nouveaux palais de justice et l’amélioration des infrastructures du service public de la justice. 14. Améliorer les conditions de travail des différents intervenants de la chaine judiciaire. 15. Eviter d’attraire les citoyens ayant participé à des activités de manifestation pacifique et non violente devant les tribunaux militaires. 16. Appliquer effectivement la disposition relative à l’habeas corpus, prévue dans le code de procédure pénale. 17. Prendre en compte les réserves émises par les organisations de défense des droits de l’homme sur le statut des membres de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun notamment sur l’élection commissaires par les représentants de leurs corps de métier. 18. Rendre effectivement indépendante la commission des droits de l’Homme du Cameroun au niveau financier et dans sa latitude à produire des rapports qui ne soient pas politiquement censurés. B – Recommandations pour les partenaires internationaux Le Groupe de travail recommande d’agir sur les points suivants : 1. Dans les cadres de concertation avec l’Etat du Cameroun, inscrire à l’ordre du jour les questions de réformes judiciaires, de formation des autorités publiques en matière de protection des droits de l’homme et la résolution pacifique de la crise aux Nord-Ouest et Sud-Ouest. 2. Soutenir les efforts de documentation sur les faits de violences et de violations des droits humains 3. Appuyer les actions de lobbying et de plaidoyer sur l’élaboration et l’adoption d’un instrument juridique de protection des défenseurs des droits humains au Cameroun. Pour l’année 2022, le Groupe de travail compte s’améliorer dans la documentation des divers cas de violations des droits humains sur le terrain. Pour se faire, les différentes organisations de défense des droits humains se sont engagées à plus d’engagement, de collaboration et de synergie en vue de contribuer à l’amélioration significative de la situation des droits humains au Cameroun.
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