Gâteau national : le septentrion lorgne le poste de pm

Au moment où la redistribution des cartes à la présidence de l’Assemblée nationale et du Sénat est plus que jamais d’actualité, des informations qui filtrent du milieu des élites du Grand nord du Cameroun indiquent qu’ils pensent fermement qu’il est temps que le prestigieux poste de l’immeuble étoile leur revienne. Pour «services rendus». La plus récente raison que ces élites avancent dans des concertations informelles est le résultat des dernières législatives où elles pensent que leur «peuple a beaucoup donné». Six députés pour l’Adamaoua, huit pour le Nord et 25 pour l’Extrême-nord. «Et.surtout le plus gros score que le grand nord a donné au président de la République lors de la présidentielle de 2018», précise une élite. L’autre raison sur laquelle les élites de cette région se sont toujours accrochées ces dernières années, c’est que depuis que l’un des leurs, Sadou Hayatou de regrettée mémoire, est parti du premier ministère en 1992, ce poste est resté chez les anglophones. Le fauteuil de président de l’Assemblée nationale sur lequel Cavaye Yeguié Djibril est vissé depuis cette même année 1992 apparaît usé par «un titulaire inamovible qui a pensé beaucoup plus à lui, plutôt qu’à ses frères privés d’un véritable leadership pouvant booster leur développement. D’où la misère profonde dans laquelle ces régions restent plongées comme par malédiction», fulmine un ancien étudiant originaire du Mayo Sava qui a dû interrompre ses études à l’Université de Maroua il y a bientôt dix ans, faute de moyens pour continuer. Les manifestations de mécontentement des jeunes pendant la dernière campagne pour les législatives et les municipales dans le Mayo Sava, montrent bien qu’ils sont excédés d’attendre que les élites qui ont «échoué» cèdent la place. «De plus en plus dans cette région, la fonction de président de l’Assemblée nationale n’a pas de valeur. D’ailleurs, son état de santé et sa longévité à ce poste impose que le président de la république l’envoie se reposer, et se soigner convenablement. Parce qu’il a largement fait son temps», relève une élite de l’Extrême-nord. Les députés issus des dernières législatives ont fait leur rentrée à l’hémicycle de Ngoa Ekelle hier. Mais dans l’entourage du président de l’auguste Chambre en évacuation sanitaire en Europe depuis plusieurs semaines, c’est toujours l’inquiétude, comme le souligne un de ses proches chez notre confrère, l’Oeil du Sahel, dans l’une de ses récentes éditions : «chaque matin, son retour est annoncé, mais nous sommes toujours dans l’attente. Au cabinet, tout le monde est inquiet et nous prions chaque jour pour lui. Le président est d’abord’pour nous un papa, un protecteur. Nous lui devons beaucoup, pour ne pas dire tout… Nous avons hâte d’aller l’accueillir à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Les jours passent et notre inquiétude ne cesse de grandir». Dans des cercles fermés du septentrion, «le Lamido de Mada (Mayo Sava) n’est plus une carte sur laquelle il faut miser», tranche un cadre du rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) au pouvoir. Alors, dans l’hypothèse du départ du patriarche de Tokombéré avec la session de l’Assemblée nationale en cours, Paul Biya peut laisser le fauteuil toujours à un ressortissant du grand Nord. Si par contre il le destine ailleurs, dans la logique de ce qu’on appelle à Yaoundé «macro équilibres régionaux», il peut éventuellement exhausser les vœux des ressortissants du septentrion qui s’activent à travers leurs réseaux. Dans ce scénario, la présidence du Sénat peut revenir à un anglophone. Au cas où la présidence du sénat va au Nord, la santé du président Marcel Niât Njifenji étant très chancelante ces derniers temps, il faut repositionner l’Ouest qui aura besoin d’une compensation. Mais comme il est insondable, Paul Biya qui a l’art de déjouer généralement tous les pronostics, fussent-ils de bon sens, peut choisir de maintenir, même provisoirement, Cavaye et Niât à leurs fonctions respectives, malgré leur état de santé. Alors, le statu quo ante est maintenu. Et la soif de voir un fils du septentrion accéder à l’immeuble étoile restera entière. Il faudra que le locataire d’Etoudi trouve une raison de se séparer de Chief Joseph Dion Ngute.


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