Témoignage : reprise de l'affaire lebou après six mois de temps morts

Un-ingénieur informaticien a succédé à l’ancien Payeur général du Trésor dans le box des témoins, mais la lumière tarde à se faire. Six mois après la première phase de son audition devant le Tribunal criminel spécial (TCS), M. Sekene Pierre, ancien Payeur général du Trésor, a achevé sa mission ce 14 janvier 2020. Premier témoin de l’accusation dans l’affaire qui oppose l’Etat du Cameroun à cinq justiciables dont le désormais célèbre M. Emmanuel Lebou, ancien chef de la Cellule informatique de la Direction des dépenses des personnels et des pensions (Ddpp), l’inspecteur du Trésor est venu répondre aux questions des avocats de l’Etat et des accusés. Mais ce deuxième passage au TCS après plusieurs rendez-vous manqués n’a pas semblé apporter de grandes révélations sur ce que l’opinion sait, à tort ou à raison, de ce qui est reproché à l’informaticien et à ses compagnons d’infortune. Il y a six mois, en effet, celui qui occupe aujourd’hui les fonctions d’inspecteur des services au Minfi avait exclusivement répondu aux questions du ministère public. A l’époque, l’avocat de l’Etat, Maître Ndjindam Nchankou, avait sollicité Ig report de la suite de l’audition de ce témoin au prétexte qu’il entendait préparer cet exercice. Entre-temps, l’avocat a été écarté de tous les dossiers de l’Etat qu’il détenait, y compris celui de l’affaire Lebou. Ce sont donc ses successeurs qui ont auditionné l’ancien payeur, général. Est-ce la raison pour laquelle l’exercice a été relativement bi*ef, y compris avec l’entrée en matière des avocats des mis en cause ? Nul ne le sait. Pour autant, les acteurs du procès ont pu tirer de la prestation du témoin une ou deux informations relativement importantes : c’est d’abord la déclaration selon laquelle Mme Leufang, l’ancienne collaboratrice de M. Sekene, avait formulé à l’attention de sa hiérarchie une demande de changement du mot de passe de son profil d’accès (User) dans la base de données de l’opération Antiloppe, qui traite notamment des salaires des personnels de l’Etat. La copie du document, sur laquelle il n’apparaît aucune décharge, a été présentée au tribunal comme pièce à conviction. Un document qui a été évoqué pour la première fois seulement depuis le début de la procédure… Manipulations informatiques Les parties prenantes auront noté que l’ancien payeur général n’a pas joué son rôle à fond, se contentant d’orienter vers d’autres intervenants, notamment à Mme Leufang, certaines questions qui lui ont été posées. C’est ce qui s’est passé au sujet de la liste des cas problématiques d’annulation des remboursements des avances sur salaire et sur pension que le principal accusé du dossier dit avoir transmis à l’époque à M. Sekene et sur laquelle il entendait interroger le témoin. M. Sekene à dit ne pas se souvenir de cet épisode, empêchant du même coup les questions que M. Lebou entendait lui poser… L’entrée en scène du second témoin de l’accusation, en l’occurrence, M. Mongang Jacques, informaticien et ancien cadre du Cenadi, qui répond comme expert dans la procédure, devrait servir à édifier le tribunal sur certaines réalités du système informatique qui sert au traitement des salaires des agents de l’Etat et des pensions des retraités. C’est à travers des manipulations informatiques dans ledit système que les détournements des fonds publics au centre du procès, auraient été perpétrés. Répondant aux questions du ministère public, le témoin a indiqué «qu’un poste informatique du Trésor ne peut être utilisé comme poste de la solde». Qu’un User, qu’il a défini comme un nom donné à un utilisateur d’une application informatique, précisément dans l’environnement IBM du Minfi, ne peut être utilisé par quelqu’un d’autre dès lors que le mot de passe qui lui est couplé le rend personnel. Il a exclu toute possibilité pour un tiers d’intercepter le mot de passe d’un usager, expliquant que le système IBM a été «bien étudié et bien verrouillé». Il poursuivra son témoignage le 21 janvier 2021 avec les questions des avocats de l’Etat. , En rappel, l’affaire Leùoou est partie d’une dénonciation faite au début de l’année 2016 par le concerné lui-même, presque un an après sa prise de fonction comme chef de la cellule informatique de la Direction des dépenses du personnel et des pensions. De sa position professionnelle, l’informaticien avait observé, fin 2015, des fluctuations anormales de la masse salariale mensuelle de l’Etat, notamment par l’entremise des suppressions, à partir grâce au User de Mme Lefang, des remboursements des avances sur pensions et sur soldes. Ironie du sort, le TCS a décidé de faire de M. Lebou l’accusé N°1 en laissant en liberté le suspect N°l, Mme Lefang, qui répond de complicité de détournement des deniers publics. Ils sont poursuivis en compagnie de trois autres accusés.


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