Annoncé mort dans la journée du mercredi 15 novembre, des proches du professeur Mono Ndjana ont fait une sortie pour démentir l’information, reconnaissant tout de même que sa situation était critique et nécessite une évacuation. Ce jeudi 16 novembre, l’on apprend du correspondant de Jeune Afrique au Cameroun, que l’enseignant a fini par rendre l’âme ce jeudi au petit matin.
« Décès ce jour, au petit matin, du philosophe camerounais Hubert Mono Ndzana. Que la terre de nos ancêtres lui soit légère », écrit Franck Foute ce jeudi aux premières heures.
Hubert Mono Ndjana étudie au Cameroun, puis en France à l’Université François Rabelais de Tours. De retour au pays, il exerce diverses fonctions administratives notamment dans le milieu académique et s’essaye, sans beaucoup de réussite, à la politique. On se souvient qu’il a été l’un des tout premiers intellectuels camerounais à soutenir ouvertement le Président de la République, son Excellence Paul Biya, lors de son accession au pouvoir en 1982.
Ceci s’est concrétisé par des publications visant à mieux faire comprendre la pensée politique et sociale du chef de l’État camerounais. Lors de l’avènement du multipartisme dans les premières années de la décennie 1990, Hubert Mono Ndjana a été secrétaire général adjoint du RDPC, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, le parti au pouvoir dirigé par Paul Biya. Il était notamment chargé de la communication du parti.
Cet engagement politique n’a pas toujours été perçu d’un bon œil par bon nombre de ses adversaires et ses collègues universitaires qui ont plutôt une conception théorétique du savoir philosophique et de la vie universitaire. En 1990, il passe une thèse d’État, à l’Académie des Sciences du Djoutché à Pyongyang, en Corée du Nord. Le 5 février 2003, il devient le premier Camerounais à accéder au grade universitaire de Professeur des Universités dans le domaine de la philosophie1. Il a été chef de département de philosophie à l’université de Yaoundé I.
Le professeur Hubert Mono Ndjana était retraité, mais continuait à donner des enseignements à l’Université de Yaoundé I où il était par ailleurs professeur émérite de philosophie. Il donne aussi des enseignements dans de nombreuses institutions nationales et internationales. Ce philosophe camerounais est parmi les intellectuels dont la voix porte dans l’espace public. On lui reconnaît la paternité des concepts d’épistéméthique, de normalisation de l’écart et d’ écartement de la norme, etc.
Des concepts qui lui permettent d’opérer une critique sociale rigoureuse, de dénoncer la dérive éthique, esthétique et politique ambiante dans la société camerounaise en particulier. Car Hubert Mono Ndjana est avant tout spécialiste d’éthique et de philosophie politique, auteur d’une abondante littérature sur les questions éthiques, politiques, économiques et sociales. Historien des idées, il a travaillé sur l’évolution historique des philosophies africaines et camerounaises auxquelles il a consacré des ouvrages.
Source : Actucameroun