Un collectif de défense des intérêts communautaires s’est constitué pour protester contre l’octroi par le gouvernement à l’entreprise Tawfiq Agro-industry, d’une superficie de 95000 ha aux fins d'exploitation agricole et d’élevage du bétail. Un projet qui risque ne pas sortir de terre Le torchon brûle entre les populations de Tibati dans le département dans le département du Djerem, région de l’Adamaoua, et l’entreprise Tawfiq Agro-industry. En effet, en mai dernier, le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), Henri Eyébé Ayissi marquait son accord pour l’octroi d’une superficie de 95 000 ha pour une agro-industrie en vue du développement de l’agriculture des céréales (maïs, blé, etc..) et l’élevage. Projet piloté par l’entreprise de droit camerounais Tawfiq Agro-Industry. C’est la substance d’une correspondance adressée au préfet du département du Djerem. Depuis la concession de ces terres, l’entreprise essuie un vaste mouvement de contestations de la part des populations, qui crient à une « expropriation des terres ». Ces dernières sont réunies autour du Collectif pour la défense, le développement et la sauvegarde des intérêts du département du Djerem. Élites, chefs traditionnels et opérateurs économiques ont adressé une correspondance à la présidence de la République en appelant à l’annulation du projet.«Nous sommes contre l’implantation de la société Tawfiq Agro-industrie dans l’arrondissement de Tibati car cette société n’est que la face cachée de l’hégémonie du Moyen Orient en terre camerounaise. Excellence, les mêmes Saoudiens ont des territoires personnalisés au Tchad et au Soudan et donc les employés cadres des sociétés sont Saoudiens », dénonce la correspondance du Collectif adressée à la présidence. «Pour maintenir la paix sociale dans notre pays, dans la région de l’Adamaoua et dans le département du Djérem, nous, populations de l’arrondissement de Tibati, disons : Non au prolongement du département de Mayo- Banyo dans le département du Djerem, pour une nouvelle carte administrative. Non, aux conjonctures complotistes du ministère des Cadastres et des Affaires foncières (Mindcaf) qui façonnent la République», poursuit le même document. Les griefs Dans une interview accordée à nos confrères de Châteaunews, Souaibou Ahmadou, conseiller régional de l’Adamaoua, dénonce primo : « l’octroi d’une superficie aussi énorme de nos terres ancestrales à une seule entreprise dirigée par des ressortissants d’un département autre que le nôtre. Nous avons les preuves que cette entreprise n’est que la face cachée des acteurs étrangers tapis dans l’ombre pour mettre la main sur notre territoire, afin d’exploiter ses ressources du sous-sol (des minerais) et du sol (des espèces de bois très prisées par ces étrangers) ». Secundo, pour lui, « 95000 ha représentent l’équivalent de 3 fois la superficie de la ville de Yaoundé. Aucune exploitation agricole à travers le monde ne peut atteindre une telle dimension. C’est une superficie énorme et que c’est non vraisemblable de prétendre créer un « champ » de cette dimension. Cet espace inclut des zones déjà mises en valeur par les populations à travers des activités d’élevages, d’agriculture et de pêche. Ces populations exercent leurs activités sur ces zones depuis des temps ». A Souaibou Ahmadou de conclure que « il n’y aucun avantage dans ce projet, en fait, c’est une stratégie pour exploiter les ressources du sous-sol et du sol. Nous avons à notre disposition font état de ce que les prédateurs et esclavagistes du golfe arabo- persique qui sont en réalité détenteurs (…) ». Le Mindcaf accusé La quasi-totalité des populations dénoncent le flou qui entoure l’acquisition par l’entreprise de ces terres. « La société Tawfiq n’existe que sur des papiers, veut brader 95000 ha de nos terres et cela avec la complicité de certains qui privilégient l’intérêt personnel. Nous sommes contre cette mafia où le Mindcaf veut aider la société. En effet, la demande de l’entreprise s’est faite le 09 mars 2022 par l’entreprise et le même jour, le Mindcaf a accordé son feu vert pour l’octroi de ces terres à l’entreprise. A quel moment, le ministre a accusé réception de ce dossier », s’insurge un natif de Tibati joint par EcoMatin. Face à ces accusations, le ministère des Domaines n’a pas voulu s’exprimer. Du côté de l’entreprise, il n’existe aucune référence nous conduisant à celle-ci.
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