Une cinquantaine de jeunes avaient frauduleusement intégré le centre d’instruction du Génie militaire de Douala moyennant de fortes sommes d’argent versées à certains responsables de l’institution. De véritables admis manquants à l’appel ont été substitués. Les auteurs de la fraude passent en jugement au Tribunal militaire de Yaoundé. C’est une foule de fourmis qui passent en jugement devant le Tribunal militaire de Yaoundé. Ils sont quarantequatre militaires, fonctionnaires de police et civils pour la plupart inconnus du grand public. Le ministère public met à leur charge les infractions présumées de complicité de violation de consignes, d’escroquerie, de fraude à l’examen, de contrefaçon de documents et permis. Les faits au centre de ce procès public se rapportent à la campagne du recrutement de jeunes soldats dans les rangs des armées du contingent 2016. Ils sont en effet accusés d’avoir mis sur pied un réseau permettant à des imposteurs d’intégrer frauduleusement les centres d’instruction des armées, notamment celui du Génie militaire de Douala. Les mis en cause comparaissent libres mais brillent par leur absence auxrecrutement. L’acte d’accusation daté du 1er novembre 2017 que Kalara a consulté permet d’avoir une idée précise des faits au centre des poursuites judiciaires. Dans cette affaire, tout a commencé en mars 2017. Ce mois-là, le ministère de la Défense avait dépêché les équipes de la sécurité militaire (Semil) dans les différents centres d’instruction des armées. La mission assignée à ces équipes de la Semil consistait à sécuriser le début de la formation militaire des nouvelles recrues du contingent 2016. S’agissant du centre d’instruction du Génie militaire de Douala, les équipes de la Semil ont constaté qu’une quarantaine de nouvelles recrues, pour des raisons diverses, n’ont pas rejoint le centre d’instruction alors que la formation avait commencé depuis environ deux mois. L’info claire et nette. Certains responsables du centre d’instruction du Génie militaire de Douala vont profiter du «vide» pour se remplir les poches. De fait, l’acte d’accusation indique que l’adjudant Abessolo Eya Ndongo, les sergent-chef Aboubakar et Jean Henri Bikoko, tous chefs de section, et Hilaire Kouantega, stagiaire à la BS1 ont répertorié les places inoccupées par les admis à prendre part à la formation militaire. La liste sortie de ce recensement sera communiquée à l’adjudant Jules Deutsa, Brice Patrick Essomba Zang alias Abena Roger Bertille, et M. Ndemanou Nguetsa. Ces derniers étaient chargés de «combler le gap». Leur mission consistait en fait à «trouver de jeunes camerounais intéressés par le métier des armes». Les jeunes intéressés par l’offre versaient au réseau de fortes sommes d’argent en contrepartie de l’intégration au centre d’instruction. Ces derniers usaient de la filiation de véritables admis au recrutement.
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