Les conclusions de l’enquête prescrite par le Premier ministre sont attendues. C’est par les réseaux sociaux que la nouvelle affaire foncière de la localité d’Awa, dans la Vina, région de l’Adamaoua, a été remise au goût du jour. Dans un message sans doute porté par des élites de ladite localité de l’arrondissement de Ngan-Ha, «Il y a de cela 7 ans, les promoteurs de la société Spoproicam sont allés corrompre le chef de 3e degré de l’époque, le nommé Oussoumanou Biri, en complicité avec le préfet de la Vina et du sous-préfet de Ngan-Ha, pour obtenir une concession de 2000 ha au mépris des textes. La population s’y est opposée. Cet espace était un espace de pâturages dont certains étaient clôturés. Les populations étaient régulièrement menacées par les deux autorités précitées. Face à cette situation de blocage, elles se sont résolues à déménager les bêtes vers le Mayo-Rey, après que les promoteurs eurent détruits tous les enclos. Des requêtes ont été adressées au sous-préfet, au préfet, au gouverneur, au ministre de l’AT, au Premier ministre et enfin au PRC. Il faut noter que chaque fois qu’une commission est descendue pour entendre les populations, le préfet et le sous-pré-fet se sont arrangés pour falsifier les conclusions des rapports. Il y a une dizaine de jours, le PM a instruit le ministre des Domaines de mener une enquête. Les populations ont peur que le préfet et le sous-pré-fet ne fassent des rapports contraires aux résolutions des enquêtes», peut-on lire. Effectivement, pendant la semaine du 10 au 16 août dernier, le préfet de la Vina, Fritz Dikosso-Seme, était sur le terrain à Awa. L’actuel préfet, qui n’était pas en poste au moment de la transaction, approché, n’a pas souhaité s’exprimer, eu égard au fait que l’enquête administrative y afférente est en cours. Mais des sources proches du dossier arguent que : «te post qui circule au sujet de cette affaire est fortement biaisé. Spoproicam est une société de droit camerounais qui fait dans la culture de maïs et de soja. Elle a fait des essais à Wassandé qui n’ont pas été concluants ; à Wack, les essais ont été concluants. Elle a introduit, en 2013, au niveau d’Awa, une demande de concession d’à peu près 2000 hectares. Cette demande a prospéré, une commission est descendue. Les populations étaient représentées par le chef du village», apprend-on de prime abord. Oppositions Mais des oppositions vont par la suite jaillir au sein de la population d’Awa. Une mission est dépêchée sur le terrain, et conclut à des « oppositions fantaisistes. Le-dossier est arrivé au niveau des Domaines qui ont transmis avec avis favorable au premier ministre. Le premier ministre a estimé que la superficie était trop grande, qu’elle doit être revue à la baisse, entre 250 Ha, maximum 500. En effet, dès qu’on dépasse 50 hectares, c’est un décret du chef de l’Etat qui accorde les concessions», indique une source. Et depuis 2013, selon nos sources, Imitât a déjà investi en appui à Spoproicarn, à peu près 500 millions FCfa par le canal du Minepat, pour l’achat des engins et autres. L’entreprise encadre même plus de 20 000 planteurs de soja dans le Grand-Nord, d’où la création d’un agropole Soja par le Minepat. L’entreprise a ainsi cru favorablement répondre à l’appel du chef de l’Etat prescrivant le passage à une agriculture de seconde génération. Avec les multiples oppositions, -le Premier ministre va prescrire la vérification de la capacité financière de Spoproicarn, l’entreprise ayant déjà fait étalage de ses tracteurs pouvant cultiver 1000 Ha l’an. « Le promoteur a expliqué qu’ils ont déjà obtenu des accords de financement au niveau extérieur avec un partenaire qui travaille avec la Banque mondiale. Evidemment, l’un des premiers quand on travaille avec la Banque mondiale, c’est de vérifier que vous ne spoliez pas les populations locales», relève une source. Toutes vérifications faites, selon des sources proches du dossier, Les soubresauts au sujet de la concession de 2000 Ha à Awa, montent d’un cran au décès du chef Oussoumanou Biri. A la récente descente du préfet, sur instructions du premier ministre, l’une des pistes est que le village ^t divisé pour des problèmes de chefferie depuis la fin des années 1990. «Une partie a toujours été condamnée, que ce soit par le tribunal, l’autorité administrative qui est. descendue, ou ce que soit par la mission du ministre. C’est donc cette partie qui continue à contester. Et l’autre détail, c’est que Awa était une zone arbustive où il n’y avait qu’une herbe non comestible. Maintenant, il y a des pâturages et le chef actuel veut les récupérer pour créer un ranch à lui. Donc, à la réalité, ce qu’il cherche, ce n’est pas le bonheur des populations», indique-t-on. Développement En tout cas, la localité d’Awa vers Ngangassaou, arrondissement de Ngan-Ha, est sous le feu des projecteurs depuis les récents mouvements de contestation des concessions d’espaces dans la région du Sud et du Littoral en particulier. «Spoproicarn a normalement demandé la concession de 2000 Ha dans la localité d’Awa. Mais la population s’est opposée, les élites ont écrit en 2016 et le ministre a demandé l’arrêt des travaux. Entretemps, Spoproicam a continué les investissements et ils sont présentement à près de 1500 Ha mis en valeur à travers la culture du maïs, du soja, etc. Mais puisqu’il s’agit d’une situation litigieuse, le premier ministre a instruit le ministre des Domaines qui, à son tour, a instruit le préfet de la Vina à aller voir ce qu’il en est exactement. Le préfet, la semaine dernière (semaine du 10 au 16 août dernier, Ndlr), est descendu et nous l’avons accompagné. Il a réuni /’entreprise et la population . locale. Mais des voix se sont élevées, les villageois ne voulant que le départ de cette entreprise», confie une source à la commune de Ngan-Ha. Awalou Mohamadou, le maire de Ngan-Ha, lui, est pour le moins clair sur sa position. Sil l’édile ne peut affirmer ou infirmer que les autorités administratives «falsifient les conclusions des rapports », il estime que : «Les populations ne veulent pas du projet parce que l’entreprise est en train de les exproprier. En plus, les jeunes locaux ne sont pas recrutés. Le préfet a dit à la réunion, qu’il a été envoyé pour trouver un juste milieu. En tant qu’élu local, je ne peux prendre qu’une position intermédiaire. Déjà, je dois soutenir ma population qui, en principe, doit avoir beaucoup d’espaces pour mener à bien les activités agropastorales. Mais de l’autre côté, je ne peux pas aussi refouler cette société qui apporte le développement». Les conclusions de l’enquête prescrite par le Premier ministre sont donc attendues.
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