C’est du moins ce qui ressort de la communication des résultats d’une enquête menée par le ministère de l’Agriculture et du développement rural au cours de la période allant de janvier à avril 2022.Gabriel Mbairobé, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) a récemment rendu publiques les conclusions du «Cadre harmonisé d’identification des zones à risques et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle» pour la période allant de janvier à avril 2022. Il s’agit d’un outil d’analyse dont l’objectif est de cibler deux fois par an, les populations vulnérables et proposer les réponses les mieux appropriées. Lors de cet exercice qui a fait l’objet d’une cérémonie solennelle organisée le 16 mai 2022 à Yaoundé, le membre du gouvernement a fait observer que la situation de l’insécurité alimentaire connaît des fortunes diverses selon qu’on se trouve dans une région du pays ou dans une autre. Globalement, 67% de la population camerounaise est en phase d’insécurité alimentaire minimale à fin avril 2022. C’est-à-dire que plus de la moitié de la population camerounaise ne rencontre pas de difficultés majeures à se nourrir quotidiennement. En revanche, 1 % de camerounais sont en situation de crise alimentaire aiguë, soit 2,8 millions de personnes et 1% en situation d’urgence. Les régions les plus touchées par ce fléau sont celles de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. 25% de camerounais sont en situation de crise alimentaire aiguë dans l’Extrême-Nord, 26% dans le Nord-Ouest et 17% dans le Sud-Ouest. « La situation alimentaire et nutritionnelle est bonne dans 11 départements qui sont en phase minimale, et relativement acceptable dans 31 départements qui sont sous pression. Par contre, on observe une dégradation dans 16 départements qui sont en phase de crise, dont 6 dans le Nord-Ouest. Il s’agit du Mbui, Donga-Mantung, Menchum, Mezam, Momo et Ngoketunjia. 6 départements dans le Sud-Ouest. Il s’agit du Fako, Kupe-Manengouba, Lebialem, Manyu, Mémé et le Ndian … soit deux département de plus que pendant la même période en 2021» souligne le Minader. La présence des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dans la zone rouge des résultats du Cadre harmonisé d’identification des zones à risques et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle, n’étonne plus. C’est que depuis l’avènement de la crise anglophone en 2016, ces deux parties du pays n’ont eu de cesse de s’enfoncer dans la crise alimentaire. L’année dernière à la même période, 12 départements répartis entre les deux régions étaient déjà en situation de crise. En 2019, la Famine Early Warning System Network, un réseau international de système d’alerte précoce contre la famine, alertait déjà sur les conditions propices à cette conjoncture particulière. «Dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, les récoltes d’igname, de banane plantain et de maïs sont en cours. Cependant, les blocus répétés imposés par les mouvements sécessionnistes, empêchent les échanges entre les zones rurales et les centres urbains dans lesquels se concentrent les déplacés internes. Malgré les récoltes, le récent blocage de trois semaines a davantage entraîné des hausses atypiques de prix des denrées de base et entrave la mise en œuvre de l’assistance.». Des constats qui sont encore d’actualité de nos jours « Dans ces départements (Nord-Ouest, Sud-Ouest, Extrême-Nord, Ndlr) les populations sont particulièrement affectées par les crises sociopolitiques, la destruction des champs par les pachydermes et les oiseaux granivores (Extrême-Nord), la forte présence des déplacés internes», révèle le Minader.
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