Il est de 18,3% en 2019, contre 14,3% en2018. Au Cameroun, le paludisme a encore semé la mort en 2019. Le taux de mortalité de cette endémie la plus répandue en terres camerounaises est passé de 14,3% en 2018, à 18,3%. Soit 4% de plus en un an. Le taux de morbidité lui aussi, a connu une hausse de 3%. De 25,8% en 2018, il estde 28% en 2019. A en croire’ le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), le pays enregistre toujours environ 6 millions de cas chaque année et près de 11000 décès. 60% de ces décès concernent les enfants de moins de cinq ans. Entre 2011 et 2019, le pourcentage des cas de paludisme parmi les maladies reçus en consultations dans les formations sanitaires du pays est passé de 29,4% à 28,0%. Soit 1% seulement de baisse. Le nombre de cas confirmés lui, a connu une hausse : 1 738 682 en 2011 à 2628 191 en 2019. C’est du moins, ce que révèlent les statistiques officielles Pnlp, au moment où se célèbre le 25 avril 2020, Ial3e journée mondiale de lutte contre le paludisme. C’est sous le thème «Zéro Palu, je m’engage». Il caractérise un mouvement dédié à l’action et aux changements. Disparités régionales A l’analyse des graphiques, le constat fait état d’importantes disparités régionales sur les taux de la morbidité et la mortalité liés au paludisme. En comparant le nombre de cas de paludisme reçus dans les formations sanitaires à leur population de référence, il ressort que le fardeau du paludisme est plus lourd sur les populations des régions de l’Est, de l’Adarnaoua et du Centre. Au moment où la moyenne nationale de l’incidence est de 103 pour 1000 habitants, l’Adarnaoua enregistre 140 ; l’Est, 162 et le Centre, 120. De même, en comparant les décès enregistrés en hospitalisation, le fardeau se retrouve plus lourd dans les trois régions septentrionales. En termes des décès, la moyenne nationale est de 76,52 pourlOO 000 habitants. Dans les régions du Septentrion qui sont les plus touchées, nous avons : Adamaoua, 37% ; Nord, 35% ; Extrême-Nord, 32%. Stratégie de prévention Au Cameroun, la principale stratégie de prévention du paludisme demeure l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda). Voilà pourquoi, la population a bénéficié de deux campagnes de masse depuis 2011. Cette année-là, 8 654 731 Milda ont été distribuées. Puis,11 761 972 Milda distribuées en 2015/2016. Une 3è campagne de distribution gratuite de 14 millions de pièces dans les 10 régions a été lancée en 2019, sous le slogan «Milda pour toute la famille toute les nuits». Elle est cofinancée dans huit régions par le Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme, à l’Extrême-Nord par les Etats Unis, dans les régions du Sud-Ouest et du Centre par le gouvernement. Lacunes Pourtant, «La plus grosse erreur reste l’utilisation de la moustiquaire comme stratégie principale de lutte contre le paludisme», critique le Dr Albert Ze. L’économiste de la santé explique en fait qu’«aucun pays au monde n’a vaincu le paludisme grâce à cette stratégie qui est d’ailleurs née après la lutte contre le paludisme en Europe».Ce à quoi le Dr Achu Dorothy, Secrétaire permanente du Pnlp retorque que «dans les régions où l’utilisation des Milda a été le plus important, nous avons constaté une diminution de l’incidence». Néanmoins, l’économiste de la santé n’en démord pas .11 a décelé une autre erreur dans la stratégie gouvernementale de lutte. Elle réside selon lui, dans la gestion irrationnelle des financements alloués à cette lutte. «Beaucoup de dépenses qui sont faites sont inutiles dans la lutte contre le paludisme. La première est celle liée aux moustiquaires», indique le Fondateur de l’institut de recherche pour la santé et le Développement (Iresade). Pour lui, vaincre cet adversaire suppose de s’investir dans le changement de comportement. «La seule véritable méthode ayant porté des résultats positifs dans tous les pays qui ont vaincu la maladie est le changement de comportement qui doit s’accompagner par un assainissement significatif du cadre de vie des populations. D’où l’importance de la décentralisation dans le cadre de cette lutte», argumente ce dernier. Au Cameroun, l’objectif du Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme 2019-2023, en harmonie avec la stratégie mondiale, est de réduire d’au moins 60% le nombre de cas et décès liés au paludisme d’ici 2023.
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