Retour d'intercity sur les rails :les camerounais posent leurs conditions à Bolloré
Trois ans après la catastrophe ferroviaire d’Eseka, l’entreprise Camrail compte remettre le train sur les rails. Une nouvelle qui n’a pas laissée les passagers indifférents. Ils posent des conditions claires que l’entreprise devrait respecter pour éviter d’autres drames humains.Les clients n’ont pas encore oublié la catastrophe ferroviaire d’Eseka, qui a couté la vie à 79 personnes (551 blessés) le 21 octobre 2016. Trois ans après ce drame, Camrail compte remettre son train Intercity sur les rails. Une bonne nouvelle, mais remplie d’inquiétudes pour la plupart des Camerounais que nous avons interrogés cette semaine. Nous tairons les noms de ceux que nous avons rencontrés pour éviter des représailles. Certains travaillent au sein du groupe Bolloré, propriétaire de Camrail. Le principe était simple. Les interviewés devaient juste répondre à la question suivante : « Si Camrail revenait avec Intercity, serez-vous fier de l’emprunter pour vos voyages ? » Nous avons échangé avec plus d’une centaine de personnes sur les réseaux sociaux et physiquement. Il y en a qui sont pour le retour du train, d’autres restent sceptiques. «Personnellement, je dirai que c’est une bonne chose au vu du gain de temps, la rapidité, et le confort», pense Cédric. Il est convaincu que le voyage en train est plus sûr qu’en voiture. «Un peu comme l’avion. Sauf qu’en cas de dégâts, les chiffres sont plus énormes», ajoute ce passager. Une dame, amoureuse du train, pense également que c’est le meilleur moyen de transport. «Le train est plus sécurisant », soutient Léa. Son voisin Narcisse, un ressortissant des villages Bassa, nous fait savoir qu’il est né sur les rails. « C’était le seul moyen de locomotion pour nous qui habitons les villages Makak et Eseka. Pour tous nos petits déplacements, il fallait juste dépenser 300 ou 500 FCFA ». Et de se lamenter: « A l’heure où je vous parle, ma famille souffre parce que les moyens de locomotion n’existent plus et toutes les routes ne sont pas très bonnes pour l’instant à cause des pluies. En cette saison, mes parents ont de sérieux soucis ». Peurs et inquiétudes Si certaines personnes rencontrées sont pour le retour d’Intercity, d’autres posent des conditions sévères pour que le train de Camrail roule à nouveau sur des rails neufs. « Est-il nécessaire de relancer Intercity sans panser entièrement les blessures causées par le dernier accident d’Eseka ? A-t-on revu l’Etat des rails qui relient les deux villes ?» Interroge un abonné d’Intercity. Allant dans le même sens, Ngogang pense que « le chemin de fer est à refaire. Il ne faut pas exposer la vie des gens. Avec les rails actuels, il n’y a pas moyen d’éviter le danger ». Et Pierre de trancher : « Sans couverture d’assurances police voyageur, jamais ! ». Grâce pense que « les Camerounais sont sceptiques parce qu’on n’a jamais connu ce genre de drame. Les accidents existent partout. Ils sont plus légion sur les routes que sur la voie ferroviaire ».