Alternance à etoudi : vers un scénario de gré-à-gré à la tête de l'état

Dans une analyse simpliste ce lundi, le journaliste sociologue Serge Aimé Bikoi, explique que le 15 septembre 2022, le temps de la célébration de la journée mondiale de la démocratie, Jean Marc Bikoko, expliquait les scenarios possibles au sommet de l’Etat, notamment le gré à gré.

L’on apprend que cette modalité se formalise sous cape depuis ces derniers mois, et dont l’opérationnalisation serait conditionnée par une énième révision constitutionnelle. C’est en vue, expliquait alors M. Bikoko, « de la création d’un ou de deux postes de vice-présidents avec droit de succession ». Pour le journaliste, ce qui était considéré comme une rumeur se concrétise de manière progressive à travers les actions d’adoubement de Frank Emmanuel Biya par les autorités traditionnelles de Foumban et de Rey Bouba, mais aussi de Garoua.

« Le fils du chef de l’État du Cameroun est, en effet, présenté comme le ou l’un des nominés déjà soutenu par des mouvements connus sous la bannière des « Frankistes ». Alors, F. E. Biya passe-t-il, d’ores et déjà, à l’offensive ?  Le fils ainé du président de la République du Cameroun, à qui l’on prête des ambitions présidentielles, a célébré les quarante ans de l’accession au pouvoir de son géniteur dimanche  au côté du Lamido de Rey Bouba. Un dispositif sécuritaire a été, soigneusement, mis en place pour la réalisation de cette visite tout autant qu’une mobilisation populaire tous azimuts a été constatée depuis son apparition le 5 novembre 2022 », analyse-t-il.

Force est de constater que ce n’est pas la première fois que le fils du chef de l’État rende visite à une élite traditionnelle

Pour l’homme de média cette apparition publique n’est pas passée inaperçue pour une personnalité longtemps restée discrète. « Force est de constater que ce n’est pas la première fois que le fils du chef de l’État rende visite à une élite traditionnelle. Le 6 novembre 2021, il y a exactement un an, il avait séjourné au sultanat du royaume des Bamoun, où il avait rencontré et échangé avec sa Majesté  Nabil Mbombo Njoya. Cette année, c’est encore le 6 novembre 2022 que F. Biya décide de fêter le quarantenaire du Renouveau national, cette fois-ci, dans le Lamidat de Rey Bouba. Le 6 novembre 2023, sera-ce où ? », questionne-t-il.

« A Douala du côté des autorités traditionnelles Sawa du Ngondo quand on sait que Laurent Esso est le chef de la délégation permanente régionale du Rdpc pour le Littoral ? Sera-ce, a contrario, dans le Centre quand on sait que le chef de la délégation permanente régionale du parti est l’honorable Jean Bernard Ndongo Essomba? Le département de la Lekié étant le lieu par excellence où le chef de la délégation permanente départementale, Henri Eyebe Ayissi, fait, toujours officiellement, l’annonce de la candidature de Paul Biya à l’approche de chaque présidentielle, sera-ce, a contrario cette fois-ci, le cas pour l’enclenchement de l’adoubement du fils du candidat naturel du Rdpc comme candidat déclaré à cette échéance électorale ? », questionne ce dernier.

 L’on se situe, ici, dans la dynamique de la fabrication du nouveau statut de Frank Biya

Pour l’instant, l’analyse du jeu des symboles de ces deux visites incline à établir une corrélation, mieux un dénominateur commun : la quête de l’adoubement des autorités traditionnelles. Le fils aîné de l’homme du 6 novembre 1982 se situe dans l’optique de la recherche d’un capital social (réseaux de sociabilité) grâce auquel il sera, au bout du compte, coopté, apprécié, valorisé, sublimé et, par conséquent, adoubé dans le dessein de la succession présidentielle à la tête de l’État du Cameroun. Ce sont là les  premiers signaux qui matérialisent, sans doute, la préparation du fils de Biya à accéder au pouvoir par le truchement de la modalité du gré à gré.

« L’enjeu consiste, ici, à renouveler le leadership dirigeant à travers la parentocratie, c’est-à-dire la transmission du pouvoir de père en fils. Ce qui se passe donc depuis le 6 novembre 2021 ressemble, à s’y méprendre, à une espèce de socialisation du fils aîné du chantre du système gouvernant en place à l’acquisition des attributs, voire de l’habitus  d’homme d’État. L’on se situe, ici, dans la dynamique de la fabrication du nouveau statut de Frank Biya. C’est, en réalité, le processus de construction d’une nouvelle identité de ce quinquagénaire, l’enjeu étant d’apprendre, d’acquérir, d’intérioriser et d’intégrer les nouvelles manières d’agir, de penser, de sentir et de faire d’un homme d’État. C’est alors, au regard de ce qui se passe, la socialisation de F. Biya au rôle de néo chef d’État et à la fonction d’autorité de nouveau dirigeant du pays », poursuit Serge Aimé Bikoi.

 


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