Dans un contexte déjà marqué par la quasi absence de débats contradictoires, l’organe dirigeant du parti est accusée d’exercer sa souveraineté par la censure de toute velléité de candidatures autres que celles désignées au sommet. Motion de sanctions. L’équipe Musonge est allée jusqu’au bout. Et comme certains l’avaient prédit, la Commission ad hoc de discipline du Rdpcréunie du 24 au 31 août dernier a attendu que le corps électoral des prochaines élections régionales soit convoqué par le chef de l’Etat, président national de cette formation politique, pour rendre le verdict de ses travaux. Les sanctions sont donc tombées pour 78 militants reconnus coupables des faits d’indiscipline relevés lors des élections législatives et municipales du 9 février 2020. Elles vont du simple blâme à l’exclusion définitive en passant par des suspensions de 12, 18, 24 et 36 mois. En substance, il est reproché à la plupart des «indisciplinés», des «velléités de candidature» lors de ce double scrutin. Un verdict qui répugne certains militants qui disent se sentir désormais dans une sorte de «dictature» où les lois de la République notamment en matière de démocratie n’ont pas de place. «Il n’est pas possible d’introduire dans les textes d’un parti, des dispositions contraires à la loi et reprocher aux gens d’avoir respecté la loi. Les lois de notre pays me donnent-elles le droit d’être candidat à une élection ? Oui! Ma candidature était-elle légale au regard de la loi de notre pays ? Oui ! Comment un parti peut donc suspendre ses militants pour la simple raison qu’ils ont posé des actes de démocratie ?», s’interroge Saint Eloi Bidoung, conseiller municipal à la commune d’arrondissement de Yaoundé VIe, suspendu pour une durée de 36 mois. Consignes ou dictature déguisée ? L’ex-adjoint numéro un au maire de Yaoundé VIe convoque l’article 2 des Statuts du parti du «Fambeau ardent» qui dispose que le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais a pour but de «rassembler et de mobiliser les populations du Cameroun» en vue notamment «de la promotion d’un système politique démocratique». En d’autres termes dit-il : «le Rdpcest un parti démocratique qui admet le débat contradictoire, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, le libre choix de ses dirigeants». Mais seulement en théorie, poursuit une source proche du Comité centra. «Le faussé est en effet très grand entre les textes du parti et leur application, martèle notre interlocuteur. Un parti ne peut pas se présenter comme l’un des fervents défenseurs de la démocratie dans notre pays, et empêcher à ses militants d’exercer leur droit de se présenter à une élection ou de voter pour le candidat de leur choix. Au Rdpcon parie souvent de consigne du parti, mais en fait H s’agit d’une dictature déguisée». «Paul Biya n’a plus le contrôle sur le parti» Plusieurs explications peuvent alors être données pour comprendre la situation. Mais pour de nombreux militants de base, la raison fondamentale se résumerait en une phrase : «PaulBiya n’a plus le contrôle sur le parti». «Le président national, lâche encore Saint Eloi Bidoung, a perdu la main sur ta gestion des affaires du parti». Et cela a commencé dit-il, au moment où il a été décidé de la création des Commissions permanentes au sein du parti. Lesquelles Commissions «ont coupé te président national de sa base», poursuit un autre militant. D’après ce dernier, « des états majors de fonctionnaires ont pris en otage ces Commissions permanentes et ce sont eux qui aujourd’hui, dictent leurs lois au sein du parti. Or, H s’avère que tous ces fonctionnaires ne sont pas élus. D’où le conflit permanent avec la base qui ne se reconnait pas en eux». «On a à faire à une oligarchie oppressive qui brime toute voix dissidente, analyse Aristide Mono. La seule démarche idéale pour redonner toutes les couleurs à la démocratie au sein du Rdpc c’est de dépouiller les barrons locaux de leur pouvoir de potentat pour le remettre à la base». Pour le politologue, il s’agit de limiter la force de l’argent et le trafic d’influence pour permettre le triomphe de l’expression populaire au niveau de la base. L’investiture devrait être la validation du choix par élection de la base, l’avis de ceux qui investissent devant seulement porté sur les capacités et le sérieux réel de l’élu de la base. C’est cela la démocratie au sein des partis. «Or au Rdpc, martèle-t-il, on assiste davantage à la validation par le Comité central des choix imposés à la base par les barrons locaux».
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