Paul biya, l'homme pressé. par jeune afrique

Comme il l'a promis à Emmanuel Macron, le 10 octobre à Lyon (JA n° 3066), Paul Biya veut rapidement trouver une solution à la crise anglophone. Lors de la prochaine session parlementaire, traditionnellement consacrée à l'examen de la loi de finances, son gouvernement devrait présenter un projet de loi prévoyant une « décentralisation accrue » ainsi que l'octroi d'un statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. À l'heure où nous mettions sous presse, le chef de l'État camerounais refusait toutefois encore de faire libérer le sécessionniste Sisiku Ayuk Tabe. Il n'en espère pas moins apaiser la diaspora, au sein de laquelle l'opposant Maurice Kamto compte de nombreux soutiens. Selon nos sources, Biya aurait accepté de suivre les recommandations du « grand dialogue national » s'agissant de l'instauration d'une double nationalité et la création de circonscriptions pour les Camerounais de l'étranger avant les législatives de février 2020. Un remaniement gouvernemental devrait avoir lieu après les élections. Sur ce dossier, Biya avance en terrain miné, certains, dans son propre camp, voyant d'un mauvais oeil une éventuelle ouverture à l'opposition. Réunis autour de Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence, ils s'activent à bloquer toute réforme du code électoral ­que réclame Maurice Kamto ­pouvant favoriser une percée du camp adverse lors des prochains scrutins. Les partis alliés du RDPC (au pouvoir), comme l'UNDP, de Bello Bouba Maïgari (ministre du Tourisme), et le FSNC, d'Issa Tchiroma (ministre de l'Emploi), ont de leur côté fait en sorte d'obtenir des gages quant à leur maintien au gouvernement. Enfin, Paul Biya est confronté à la montée des tensions dans le Sud, sa région d'origine, notamment à Sangmelima, où des émeutes à caractère ethnique ont éclaté le 9 octobre. Son neveu, Louis-Paul Motaze, qui devait assister, les 10 et 11 octobre à Paris, à la réunion des ministres des Finances de la zone franc, est rentré en urgence au Cameroun : il ne voulait pas laisser André Noël Essiane, le maire de Sangmelima (qui ambitionne d'entrer au gouvernement), gagner du terrain dans son fief.


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