Fonction publique : paul biya convoque une instance fantôme

Face à l’absentéisme des fonctionnaires, le président de la République a demandé au Premier ministre de réunir d’urgence le Conseil supérieur créé en 2000 mais qui n’a jamais fonctionné. L’absentéisme chronique des fonctionnaires et agents de l’Etat préoccupe au plus haut point le président de la République, Paul Biya. C’est en tout cas ce que laisse croire une correspondance du secrétaire général de la présidence de la République (SG/PR), Ferdinand Ngoh Ngoh, au secrétaire général des services du Premier ministre (SG/PM). Séraphin Magloire Fouda, le 9 mars 2021. D’après la correspondance, certains fonctionnaires utilisent des, stratagèmes en ne travaillant par exemple que quelques jours par mois, afin d’éviter d’être placés en position d’absence irrégulière. « Cette situation serait aggravée par la propension observée chez certains fonctionnaires travaillant dans les zones reculées ou les villes secondaires, à ne pas résider dans la localité dans laquelle ils exercent leurs activités », écrit le SG/PR. Sans nier la responsabilité des fonctionnaires, un responsable syndical nuance : « On peut, à raison, reprocher beaucoup de choses aux fonctionnaires et agents de l’Etat. C’est vrai aussi que beaucoup brillent par leur absentéisme. Mais tout le tort de leur revient pas. Comment . exiger par exemple à un enseignant nouvellement sorti de l’école d’être permanemment présent à son poste dans une loca-7 lité éloignée alors qu’il ne perçoit qu’une fraction de son salaire ? » Un responsable de syndicat fait observer que l’Etat encourage aussi l’absentéisme de ses agents. Pour mieux engager sa responsabilité il invoque par exemple la prise en solde tardive qui ne permet pas aux nouveaux fonctionnaires de regagner leurs postes. Une jeune recrue invoque d’autres contingences, comme l’absence de logement pouvant héberger les fonctionnaires et agents de l’Etat dans certaines localités pour justifier le phénomène, entretenu aussi grâce à la complicité des autorités administratives ou des supérieurs hiérarchiques directs des fonctionnaires. Le cas de certains proviseurs qui couvrent des enseignants affectés dans leurs établissements. « Le préfet a pendant des années fermé les yeux sur l’absence du délégué départemental de la communication qui a déserté son poste pour s’installer à Yaoundé. En retour, l’autorité administrative bénéficiait du carton destiné à la délégation départementale de la Communication », témoigne une secrétaire. Face à la gravité de la situation, le président de la République demande au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, de « tenir en urgence une session du Conseil supérieur de la Fonction publique dédiée à l’examen de ce problème ». En marge de ces assises, le chef du gouvernement doit d’ores et déjà prendre des mesures conservatoires. Comme l’instruction aux ministres compétents ainsi qu’aux autorités administratives de veiller à la remontée systématique des informations relatives aux cas d’absences répétées des agents publics de leurs postes de travail et à l’application des sanctions disciplinaires prévues par la règlementation en vigueur. Dans la même optique, il revient au ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), le gestionnaire de la carrière des fonctionnaires et agents de l’Etat, de veiller à la tenue régulière des Conseils régionaux de discipline de la Fonction publique^ Ce sera la première fois que le Conseil supérieur de la Fonction publique, créé par décret du Premier ministre le 13 septembre 2000, va se réunir. Pourtant, son article 13 prévoit qu’il se réunit en assemblée plénière au moins deux fois par an. Cette instance a vocation à connaître de toute question d’ordre général concernant la Fonction publiqué, notamment tout projet de texte relatif à la situation des fonctionnaires ou de toutes questions relatives à leurs droits et obligations. En outre, elle statue sur les recours formés par les fonctionnaires en cas de licenciement pour insuffisance professionnelle. Sauf que le Conseil n’est pas constitué. Et pour ce faire, il faudra aussi au préalable organiser les élections des représentants des fonctionnaires, élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour, pour un mandat de trois ans renouvelable deux fois.


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