Whashington s’est décidé à explorer l’hypothèse d’un Cameroun avec une autonomie parfaite des régions anglophones. Par la voix de Tibor Nagy, Haut Diplomate américain pour l’Afrique, ils fustigent les mesures d’apaisement prises jusque-là notamment avec le Grand dialogue National organisé en octobre à l’initiative de Paul Biya. Les Etats-Unis d’Amérique se penchent ainsi à nouveau sur la crise humanitaire qui secoue le Cameroun après l’avoir privé des privilèges qui vont avec l’African Growth Opportunities Act (AGOA), Un vrai dialogue demandé par Washington L’idée de la tenue d’un second dialogue National a été réaffirmée mardi par les officiels américains. Ils n’ont pas manqué de signifier le caractère vrai de ce nouveau dialogue. Les attentes de l’Amérique n’ont jusque-là pas eu l’impact souhaité du côté de Yaoundé. Alvin ATEBA, spécialiste camerounais des relations internationales a décrypté les éléments de cette crise naissante entre le Cameroun et les USA. Un discours politique Il est revenu sur la récente sortie de Tibor Nagy, Haut Diplomate américain pour l’Afrique. Celui-ci avait appelé les autorités camerounaises à un transfert du pouvoir dans les régions anglophones. « Tout discours politique (et surtout diplomatique) a des implicites et des explicites. Après l’image que présente un fait politique, il faut chercher la réalité cachée à laquelle renvoie cette image. L’expression « transfert de pouvoir » est floue sur le plan sémantique, et pourrait renfermer les véritables intentions des autorités américaines autour du séparatisme actuel qui a cour au Cameroun, tout en entretenant le mythe pyromane qu’ils trainent derrière eux depuis la partition du Soudan le 9 juillet 2011. L’expression « transfert de pouvoir » en effet n’informe pas sur le type de transfert politique à faire : est-ce une décentralisation, un fédéralisme, ou une séparation au sens restrictif. Ce flou aurait pour effet stratégique de laisser croire que les Etats-Unis laissent aux acteurs concernées, et principalement les autorités, la latitude de structurer la résolution de la crise, et pourtant les américains et particulièrement Tibor Nagy, semblent politiquement vouloir donner leur sens à cette crise tant dans sa compréhension que sa résolution. » a-t-il confié. L’intervention de Washington Alvin ATEBA est revenu sur la nécessité de l’intervention de Washington car l’image d’un Washington qui veut la paix au Cameroun, ainsi que des avancées concrètes pour la démocratie et les droits de l’homme est existante. Il poursuit : « Mais il y a aussi la réalité derrière cette image : celle d’un Washington au service de sa propre puissance, donc des intérêts américains dans le monde. L’analyse des conflits africains en général, révèle l’existence d’un ensemble d’enjeux stratégiques qui suscite dans les espaces l’intérêt de puissance des Etats-Unis. Entre l’image d’un dialogue national camerouno-camerounais, il y a la réalité d’un nécessaire dialogue étroit (officieux) qui puisse garantir la satisfaction de tous les acteurs endogènes et exogènes. Dialogue national oui, mais pas sans respect de l’agenda stratégique de Washington pour le Cameroun. » Prendre en charge les urgences grâce au dialogue Pour le spécialiste, Le dialogue national est un rituel républicain normal. Ils permettent de suivre l’évolution d’une nation, comme cela a été le cas des grandes nations occidentales. Il a tenu à faire la précision : « on peut avoir autant de rencontres nationales que l’impose l’urgence de problématiques qui nécessitent une concertation nationale, avec pour objectifs nobles et républicains de rebâtir l’unité ou de la solidifier. Dans le principe, les acteurs intervenant dans un dialogue national, ont certes chacun son système de représentation sur la réalité qui divise, mais par un échange franc, avec pour ambition la conciliation, viennent tous au dialogue afin de trouver un consensus. Mais dans les faits, mieux l’expérience historique de l’Afrique, le regard sur les Etats africains depuis les indépendances et surtout depuis l’amorce du retour du multipartisme vers les années 1990, permet de voir que ces pays dépendent des grandes puissances, autant pour leurs économies que pour leur stabilité politique. Les conflits qui apparaissent ont pour enjeu affiché la défense de l’identité, mais pour intention profonde le contrôle du pouvoir politique et des ressources. Et ceci reste le point de départ du jeu des acteurs, et des différentes pathologies qui touche l’Etat en Afrique, partagé entre autoritarisme, pillages des ressources, revendications identitaires et violences armées. Cependant ces pathologies sont aussi entretenues très souvent par des forces exogènes mues par le contrôle des ressources, et la quête de la puissance globale, comme cela a été et reste le cas dans la zone des grands lacs. Le fait particulier là-bas est qu’on a vu des conflits se solder toujours par un dialogue, et non par les armes. Pour le cas du Cameroun, il pourrait avoir un autre dialogue national, mais pas nécessairement un dialogue contestataire ou niant celui qui vient de se tenir. Et comme dans tous les pays africains qui ont connu des guerres, le dialogue qui garantira une paix durable est celui qui intègrera officieusement les intérêts stratégiques des puissances globales dans les négociations.»
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