Plus d’une centaine de détenus manquent toujours à l’appel. Cette situation suscite des réactions du côté des sécessionnistes ambazoniens ainsi que des défenseurs des droits de l’homme. Selon plusieurs informations concordantes, parmi les prisonniers manquant à l’appel sont cités des leaders sécessionnistes liés d’une manière ou d’une autre à la crise anglophone ainsi que des membres du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, le MRC de Maurice Kamto. Le leader du mouvement est lui aussi détenu à la prison centrale de Yaoundé. Pour Maitre Mballa, l’un des avocats des leaders anglophones, le seul lieu de détention où ces détenus auraient dû se retrouver est la prison : « Il y a eu beaucoup de blessés parmi lesquels certaines autorités condamnées ou poursuivies dans le cadre de l’opération Epervier. Ces personnes sont actuellement dans les hôpitaux. Il y a aussi des personnes qui ont été définitivement condamné et qui ont été amené jusqu’aujourd’hui dans des endroits qui sont définitivement inconnus. La gendarmerie peut avoir envie de conduire des enquêtes pour savoir ce qui s’est passé dans le cadre de ces évènements qui ont eu lieu dans la prison, c’est normal. Mais il y a un problème dans le fait de les déplacer pour changer leur lieu de détention parce que le seul lieu qui est connu pour des personnes poursuivies ou mises sous mandat de détention préventive c’est la maison d’arrêt qui est la prison. » Si dans le cadre d’une enquête en rapport avec les mutineries de la prison centrale les prisonniers venaient à être interrogés cela devrait se passer en présence d’un avocat sensé les assister. Mais cela n’a pas été le cas. Le mouvement sécessionniste de la République Fédérale d’Ambazonie qui milite pour la libération du sud Cameroun déplore cette situation. Dans un tout récent communiqué de presse, il promet de paralyser toutes les secteurs d’activité, qu’ils soient économiques, sociaux, juridiques ou étatiques. Les Ambazoniens donnent un ultimatum aux autorités camerounaises pour faire la lumière sur le cas de certains leaders du mouvement détenus à Kondengui, comme l’explique Chris Anu le porte-parole du mouvement : « Nous demandons aux autorités de la partie francophone camerounaise de nous donner des preuves que ces personnes sont encore en vie et de leur donner accès à des avocats ainsi qu’à leurs familles. Si dans les cinq prochains jours nous restons sans nouvelles, nous en conclurons que ces personnes sont mortes. Dans ce cas nous allons paralyser toutes les activités dans le territoire de l’Ambazonie. Tout sera paralysé au niveau politique, économique et administratif et nous demandons déjà aux habitants de cette partie du pays de faire des réserves en eau et en nourriture. » Nous avons tenté de joindre les autorités camerounaises mais aucune des personnes contactées aussi bien au ministère de la Communication qu’au ministère de la Justice n’ont souhaité répondre à nos questions. De son côté, Amnesty International a condamné ces détentions ainsi que la torture qu’auraient subi ces détenus lors de leur interrogatoire au secrétariat de la Défense.
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