[NOSO]le calvaire des enfants anglophones à Douala

Il fait nuit à Bonabéri, un quartier ouest de Douala, la capitale économique du Cameroun. Une jeune fille, vêtue d’un mini-short et d’un débardeur moulant, rejoint un groupe de femmes installées dans la pénombre, près du bar « Kwassa-kwassa ». Dès qu’un homme passe, commence le jeu de charme pour espérer « gagner » un client. « Ce sont des enfants », s’indigne Sylvestre, un chauffeur de taxi. « Depuis que la guerre a éclaté en zone anglophone, elles sont nombreuses ici », lui répond un vendeur ambulant. Quelques jours plus tôt, Tity (prénom changé à sa demande), 16 ans, l’une de ces jeunes filles, expliquait « se prostituer pour survivre ». Après sa fuite de Kumbo, ville du nord-ouest, l’ancienne collégienne est arrivée avec sa mère et ses frères, fin juin 2018 à Douala. « On fuyait les balles, la mort », dit-elle, un peu perdue, sans nouvelle de son père et de son oncle. En raison du conflit armé qui oppose depuis deux ans les séparatistes réclamant l’indépendance du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les deux régions anglophones du Cameroun, aux forces de défense et de sécurité camerounaises, 530 000 personnes se sont réfugiées dans les forêts environnantes et dans les régions francophones, selon l’ONU.D’après Human Rights Watch, les forces gouvernementales ont tué, dans « une impunité quasi-totale », de nombreux civils, incendié des centaines d’habitations et recouru à la torture contre des personnes soupçonnées d’appartenir à des groupes séparatistes. De leur côté, souligne l’ONG de défense des droits de l’homme, les « Amba Boys », en référence à l’« Ambazonie », la république indépendante pour laquelle ils se battent, ont tué des centaines de soldats et de policiers, agressé et enlevé des centaines de personnes.


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