Divergences de positions au sein du collectif des avocats d'ayuk tabe

Les avocats du président de l’Ambazonie sont divisés sur la position de leur client. Si l’on s’en tient à la sortie de ses confrères hier, Me John Fru Nsoh ne va plus conduire la prise de parole des avocats de Ayuk Tabe et compagnie lors des audiences au Tribunal militaire de Yaoundé. L’on annonce une réorganisation au sein du collectif des conseils de la défense du président de la République virtuelle d’Ambazonie et ses neuf coaccusés. C’est l’une des informations qui ressort de la conférence de presse tenue le 18 juin à Yaoundé. Ils sont plus de cinq, ces conseils qui ont rencontré la presse, sous la conduite de Me Paddy Yong. Ils ont exprimé leur opposition par rapport aux sorties médiatiques de celui qu’ils présentent comme le désormais ancien avocat principal dans cette affaire, Me John Fru Nsoh. « M. Nsoh est en train dire que M. Tabe est compromis par l’Etat du Cameroun (…). Mais ce n’est pas ce qu’on est en train d’observer. Ayuk Tabe a sa position. Il dit soit c’est la séparation, soit c’est la résistance jusqu’à la fin. Ou alors on va à la table des négociations », souligne notre interlocuteur. Mais, poursuit cet avocat, ce dialogue a des préliminaires : « il faut un médiateur neutre, et ça se déroule hors du Cameroun ». Pour Me Paddy Yong, leur confrère, Me Nsoh, « s’est récusé en tant que conseil principal dans cette affaire par son comportement non-professionnel, non-éthique et illégal. De ce fait, tout ce que Me John Fru Nsoh fait, entreprend, dit ou insinue au nom des 10 accusés et de leur équipe de défense n’a aucune incidence sur la procédure ou le fond du procès en cours ». Joint hier au téléphone, le mis en cause, Me John Fru Nsoh qui séjourne en ce moment à Washington aux Etats-Unis confirme sa déclaration. « J’ai tout simplement déclaré : « Il [Ayuk Tabe] est compromis. C’est tout. Le portail des camerounais de Belgique. C’est à vous d’analyser ça de votre manière. Mais je n’ai violé aucun secret professionnel en ce qui me concerne », se défend le conseil. Il ajoute : « Ils n’ont aucun droit d’aller chez le bâtonnier pour se plaindre de moi. Parce que chaque avocat entre de son propre gré dans un dossier. […] J’ai géré ce dossier avec tact. Mais c’est un dossier hautement politique. Donc tout moyen politique est bon ». John Fru Nsoh souligne également : « J’ai fait une investigation. M. Ayuk Tabe était en pourparlers avec des membres du gouvernement haut placés ». De plus, Me Nsoh se demande pourquoi Ayuk Tabe, depuis la prison, a dissout le gouvernement intérimaire. Lequel gouvernement « paye les frais d’hôtel, de voyages de tous les avocats […] », précise-t-il. Dans ce qu’il convient d’appeler le camp adverse, l’on soutient qu’il ne revient pas à un avocat d’entrer dans les actions privées de son client. Celui-ci doit se contenter de défendre la vision que lui expose le client. « Il faut faire la part des choses entre la vie privée de ton client et la cause que tu es en train de défendre en faveur de ton client. […] Nous ne sommes pas des politiciens ». Ces divergences de positions au sein du collectif des avocats d’Ayuk Tabe interviennent au lendemain du séjour du Premier ministre (Pm), Joseph Dion Ngute, dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Séjour au cours duquel le chef du gouvernement a exprimé la main tendue du chef de l’Etat, Paul Biya, relative à l’ouverture d’un dialogue inclusif en vue de la résolution de la crise qui sévit depuis 2016 dans ces régions. A en croire le Pm, toutes les questions seront abordées, hormis la sécession. Si cette concertation vient à se tenir, pas de doute que Ayuk Tabe, au cas où il est effectivement convié, jouera un rôle important. D’où sans doute les convoitises autour de sa personne.


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