Lions indomptables : nécessaire remise à plat

   

Lions Indomptables

 

Ainsi donc, comme en Egypte en 2019, les Lions indomptables sont sortis précocement de la phase finale de la Can après s’être inclinés (0-2) samedi dernier face aux Super Eagles du Nigeria, lors du match des huitièmes de finale de cette compétition qui se déroule actuellement en Côte d’Ivoire. Cette troisième élimination prématurée à ce tournoi (la première fois, c’était en 2015 en Guinée équatoriale par la Côte d’Ivoire) a été douloureusement ressentie par les Camerounais qui, à chaque fois, forment une union sacrée autour de leur équipe fanion. Depuis le coup de sifflet final de cette rencontre qui rentre désormais dans le triste palmarès des Lions Indomptables, des tirs groupés sont envoyés sur le coach et ses joueurs, ainsi que sur les responsables de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Oui, les Camerounais ont raison d’être choqués par cette humiliation parce qu’au Cameroun, surnommé « le continent », le football est considéré comme une seconde religion. Le ballon rond est ici, l’un des sujets qui fédèrent les Camerounais. Et quand on sait que le Cameroun tire une grande partie de sa bonne et grande réputation de ses performances et son palmarès en football (5 trophées de Can, une médaille d’or aux Jeux olympiques, quart-finaliste à la coupe du monde en 1990) et également de ses dignes fils qui ont inscrit leurs noms sur les belles pages du football africain et mondial (Roger Milla, Thomas Nkono, Joseph-Antoine Bell, Samuel Eto’o Fils, Patrick Mboma, etc.), il y a de quoi être furieux de voir tout ce charisme malmené en mondovision.

Devant une telle bérézina, le sélectionneur et les joueurs sont présentés comme les premiers responsables. On peut reprocher à Rigobert Song d’avoir sélectionné et aligné une équipe peu compétitive et sans âme. Les joueurs sont incriminés pour leur manque de détermination, de créativité, de vivacité et de vitesse dans les jambes. Mais si ces acteurs font partie du problème, ils ne sont pas les seuls responsables de la situation actuelle. Après les moments de déferlement de colère, l’on doit poser le vrai diagnostic de cette contre-performance dont les causes ne datent certainement pas de cette (mésa)aventure ivoirienne.  Un coup d’œil dans le rétroviseur montre que les Lions Indomptables, après l’épopée de 2017 au Gabon, n’ont pas été flamboyants ces six dernières années. Depuis les qualifications pour la dernière coupe du monde, notre onze national n’a pas affiché l’image d’une équipe conquérante. Une véritable et nécessaire remise en question s’impose donc afin de trouver des solutions structurelles.

La débâcle d’Abidjan, telle une opportunité, appelle à une véritable refondation. Les équipes qui performent aujourd’hui en Afrique (Sénégal, Maroc, Nigeria, Guinée équatoriale, Cap Vert) sont passées par une phase de remise à plat. Et la reconstruction du football doit commencer par la base et non par le sommet. Il faut pour cela relancer le football jeunes qui doit constituer une pépinière pour le football professionnel. Dans la même veine, la professionnalisation du championnat national annoncée depuis une dizaine d’années doit sortir des discours et des déclarations d’intention. Ce chantier de la refondation doit également replacer la direction technique nationale au centre du jeu pour lui permettre de repenser la politique nationale du football et de concevoir notre système de jeu. En dernière analyse, il faudra songer à améliorer la gouvernance au niveau de l’institution faîtière et l’environnement au sein et autour de l’équipe nationale. Et surtout, disposer d’un staff technique à qui des coudées franches seront accordées pour le choix des joueurs. Bref, un travail de fond s’impose car les échecs d’aujourd’hui doivent préparer les victoires de demain.

par Grégoire DJARMAILA


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