Un nouveau réajustement des prix des produits pétroliers, annoncé en février prochain, aura fatalement des répercussions notables sur l’économie nationale. Comme l’a promis le président de la République, des mesures d’atténuation s’imposent pour ne pas impacter le pouvoir d’achat des ménages.
Dans son message à la nation, le 31 décembre 2023, le président de la République a fait savoir en termes feutrés que le prix du carburant à la pompe sera relevé en 2024. Ayant tout d’abord évoqué la subvention de l’Etat pour maintenir les prix actuels, Paul Biya a justifié cette mesure par le poids de ces subventions qui « pèse lourdement sur notre budget et rétrécit considérablement les ressources dont nous avons le plus grand besoin ». En réalité, si le chef de l’Etatre connaît que ces subventions ont été ramenées à 640 milliards en 2023 contre 1000 milliards auparavant, du fait d’un «léger» relèvement des prix du carburant, il note tout de même qu’il faut encore réduire le montant de cette enveloppe.
Le chef de l’État martèle : «Nous n’aurons très certainement pas d’autre choix que de la réduire de nouveau. » Selon des indiscrétions, les usagers de la route vont faire face à une hausse substantielle du prix du carburant, avec une augmentation annoncée de 20% dès le mois de février 2024. Cette décision prévoit un litre de Super à la pompe atteignant 860 FCFA, renseignet-on. Cette augmentation, selon les premières analyses, est attribuée à la flambée des prix du pétrole sur le marché international. L’impact de cette hausse du prix du carburant pourrait avoir des répercussions notables sur l’économie nationale. Il est prévu, par effet d’entraînement, une hausse des coûts de transport pour les biens et les personnes. Ce qui pourrait impacter sur le coût de la vie pour de nombreux ménages. Les secteurs de l’agriculture, du transport et de la distribution pourraient également être touchés par le relèvement des prix à la pompe. Paul Biya se veut toutefois rassurant en précisant : « Nous veillerons néanmoins à ce que les ajustements nécessaires n’impactent pas substantiellement le pouvoir d’achat des ménages ».
Le président de la République avait noté que près de 700 milliards de FCFA (plus de 1,1 milliard de dollars) avaient été dépensés par le Trésor public
Le président de la République a cependant fait allusion à la réhabilitation de la Sonara qu’il présente comme un palliatif à cette situation inévitable au Cameroun, bien sûr ayant comparé ces prix avec ceux appliqués dans les pays voisins. L’année dernière, Paul Biya avait fait accompagner la réduction de la subvention sur les produits pétroliers par un relèvement des salaires, de l’ordre d’environ 5%. Et les assurances données par le chef de l’Etat dans son adresse à la nation, le 31 décembre 2023, laissent espérer une autre revalorisation des salaires. Pressions L’on se souvient que dans son discours à la nation le 31 décembre 2022, le chef de l’Etat, avait prédit un réajustement des prix des produits pétroliers.
« Il est de plus en plus évident que notre pays, comme bien d’autres en Afrique et ailleurs, ne pourra pas indéfiniment échapper à un réajustement des prix des produits pétroliers, si nous voulons préserver nos équilibres budgétaires et poursuivre sereinement la mise en œuvre de notre politique de développement », avait alors déclaré Paul Biya. Le président de la République avait noté que près de 700 milliards de FCFA (plus de 1,1 milliard de dollars) avaient été dépensés par le Trésor public au titre des subventions pour les carburants, et 75 milliards de FCFA (environ 122,6 millions de dollars) uniquement pour soutenir le prix du gaz domestique. Ainsi, depuis le 1erfévrier 2023,le prix du litre de super est passé de 630 FCFA à 730 FCFA (+15,8%) et le gasoil à 720 FCFA le litre contre 575 FCFA avant (+25,2%).Mais pour préserver autant que faire se peut le pouvoir d’achat des ménages aux plus bas revenus, décision a été prise de ne pas toucher aux prix du pétrole lampant et du gaz domestique.
En juillet 2022, se souvient-on également, le Fonds monétaire international (Fmi), avec lequel le Cameroun est sous-programme de réformes économiques, indiquait déjà par voie de communiqué que les autorités camerounaises allaient poursuivre l’assainissement budgétaire et la réduction progressive de la politique de subventions aux carburants à compter de 2023. LaBanque mondiale, elle, dans une édition de ses cahiers économiques sur le Cameroun, avait eu à conclure que la subvention aux produits pétroliers est contre-productive. C’est dire si la subvention de l’Etat en vue de soutenir les prix des carburants à la pompe, en vigueur depuis 2008, est fortement dénoncée par les institutions financières internationales qui trouvent qu’elle profite plus aux couches sociales aisées qu’aux petits ménages.
Martin Onana/L’Indépendant