Un pharmacien accuse un militaire du bir d'avoir protégé des voleurs

Le soldat du Bataillon d’intervention rapide est en jugement pour avoir hébergé et facilité la fuite de deux personnes impliquées dans un coup de vol perpétré au domicile de leur ancien employeur. Ce dernier et son témoin ont donné leur version des faits au centre du procès. Florent Djounsia, sergent au Bataillon d’intervention rapide (BIR) en service à Ngaoundéré dans l’Adamaoua, a brillé par son absence à l’audience du Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif le 5 février 2021. Il est poursuivi devant cette juridiction pour des faits de recel d’individus dans une procédure judiciaire engagée contre sa personne par M. Ampoam Christophe, pharmacien et propriétaire d’une officine pharmaceutique à Yaoundé. Le pharmacien reproche au militaire d’avoir gardé dans son domicile, à Ngaoundéré, et aidé ses deux employés, notamment le domestique et le vigile, à prendre la clé des champs alors qu’ils étaient recherchés pour un vol de 4,8 millions de francs. Le 5 février dernier, Christophe Ampoam était devant la barre. Il donnait son témoignage par rapport à cette affaire qui remonte au mois de juin 2019. Accompagné d’un des frères des présumés voleurs qui comparaissait comme témoin de l’accusation, le pharmacien a expliqué avoir perdu son argent qu’il avait soigneusement gardé dans sa chambre à coucher. Les fonds représentaient, selon lui, des recettes de son officine. «Le lundi matin, à mon retour de sport, je n’ai pas retrouvé mon domestique et lé vigile qui gardait mon domicile. Curieusement, ils sont devenus injoignables, leurs numéros téléphoniques répondant aux abonnés absents, j’ai compris qu’il y avait un problème. Et, effectivement, les deux acolytes avaient emporté de l’argent que j’avais gardé dans une sacoche à l’intérieur de ma chambre», a confié le plaignant. Il a précisé que le domestique n’avait d’accès à sa chambre qu’en sa présence avant d’indiquer que ce dernier avait fabriqué le double de sa clé à son insu. Christophe Ampoam a ajouté que l’exploitation des films de la caméra de surveillance a confirmé les soupçons qui pesaient déjà sur les concernés. Il a dit avoir saisi immédiatement, d’une part, un certain Pola Florent, celui qui l’avait mis en contact avec ces ex employés, et la gendarmerie pour l’ouverture d’une enquête, d’autre part Une mission du service central des recherches judiciaires dépêchée à Ngaoundéré, la localité où les mis en cause s’étaient réfugiés, est rentrée bredouille. Il raconte que ses ex employés avaient pris le soin d’aller se cacher momentanément dans un pays voisin. Faute d’avoir mis la main sur les présumés voleurs, le pharmacien a engagé des poursuites judiciaires contre le sergent Florent Djounsia, leur protecteur, pour recel d’individu et complicité de vol. Au cours des débats, la deuxième infraction a été écartée par le ministère public qui a estimé que les éléments caractérisant celle-ci, n’apparaissent pas dans le récit du plaignant. M. Pola, le témoin de Christophe Ampoam, a, pour sa part, confirmé les déclarations de ce dernier qui fut son ancien employeur avant l’arrivée des mis en cause. Le témoin a souligné que les personnes recherchées sont originaires de son village. «Mon ancien patron m’a informé de ce que mes frères avaient volé son argent et il souhaitait que je l’aide à les retrouver. Mais ils avaient déjà regagné la ville de Nguéré dans l’Adamaoua. La chasse engagée contre les deux acolytes a été infructueuse parce que ces derniers étaient protégés par le sergent Djounsia et son ami, commandant de la brigade de gendarmerie de la localité », a déclaré M. Pola. Il a, par ailleurs, indiqué que c’est Florent Djounsia qui est descendu à Yjottftdé pour transporter le reste dés effets des prévenus. Poursuivant son exposé, le témoin a soutenu que le sergent était bel et bien au courant du forfait reproché aux deux frères avant même que ceux-ci n’aillent se réfugier dans son domicile pendant des jours. 11 dit avoir fait l’objet de menaces de mort de la part du soldat du BIR qui lui avait demandé avec insistance d’arrêter de dénoncer ses frères. Le représentant du parquet, qui a pris a son compte les récits des témoins, a ajouté que, l’homme en tenue a contribué f d’une manière ou d’une autre à ce que les mis en cause ne soient pas interpellés. Le magistrat du parquet a demandé au juge en charge du dossier de déclarer Florent Djounsia coupable de l’infraction de recel d’individus. L’avocat de Christophe Ampoam a enfoncé le clou du représentant du parquet, en indiquant que son client est un maillon essentiel dans la couverture sanitaire au Cameroun, et lorsque les recettes de la vente des médicaments sont emportées par des bandits, cela impacte le concerné et finalement tous les usagers de l’officine qui sont nombreux et d’origines diverses. «Les voleurs sont couverts par le sergent et le commandant de la brigade de gendarmerie de Guéré qui sont des autorités censées assurer la protection des citoyens et leurs biens. Les faits sont graves, ils méritent une réparation », a soutenu l’avocat Il a annoncé la constitution de son client comme partie civile et sollicite des dommages et intérêts de 17,8 millions de francs. Le juge, qui a clos les débats, entend rendre son verdict le 5 mars 2021.


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