Lettre contre l'évêque d'ébolowa : les prêtres répondent aux chefs traditionnels
Les prélats rejettent les accusations de grave crise qui couverait et font l’état de lieu d’un diocèse en bonne marche. Les prêtres du diocèse d’Ebolowa rompent le silence et décident de faire bloc derrière leur évêque mis à l’index dans une lettre dont les auteurs sont des chefs traditionnels du Sud qui ont écrit au Nonce apostolique au Cameroun et en Guinée équatoriale, pour dénoncer la mauvaise administration du diocèse par Monseigneur Philippe Alain Mbarga. « Nous venons attirer votre attention sur la grave crise qui couve dans le diocèse d’Ebolowa, écrivaient le 1er juin 2018 leurs majestés Joseph Nkotto et Roland Paul Mbili Ebo’o, afin que vous puissiez vérifier ce que nous allons vous dire et y apporter les remèdes idoines avant qu’il ne soit trop tard. » Dans le document consulté par le Jour, et qui a circulé sur les réseaux sociaux, ils justifiaient leur action par la qualité de gardiens des valeurs traditionnelles et responsables de l’épanouissement de leurs administrés : « Nous venons à vous pour sonner la sonnette d’alarme face aux dérives, déviances, scandales, découragement, colère qui monte et les pleurs de vos enfants du diocèse d’Ebolowa. » Ils citaient entre autres dérives : les prêtres clochardisés et maltraités, la maltraitance des séminaristes, la maltraitance des religieuses, la maltraitance des chrétiens, les vendeurs des beignets, sucettes… chassés des écoles et collèges catholiques, les frais de scolarité dans les écoles, collèges et petit séminaire augmentés de plus 40% « sans tenir compte de la misère des populations », insistaient les chefs. On note que la lettre des chefs traditionnels fuite plus d’un an après sa rédaction dans un timing sans doute maîtrisé, alors que s’annonce la tenue de la Conférence des évêques de la province de Yaoundé à Ebolowa la semaine prochaine. Sans doute aussi du fait de ce calendrier, la réponse n’est pas venue de l’évêque mais plutôt de 14 prêtres du diocèse qui ont écrit mardi dernier 5 novembre aux chefs traditionnels avec copie au Nonce apostolique. Le document consulté par le Jour est présenté par les auteurs comme une mise au point qui souligne d’abord le « caractère diffamatoire » de la lettre des chefs. « C’est avec beaucoup d’étonnement que nous avons constaté que les détractions de cette lettre étaient signées et assumées par les deux chefs traditionnels, hommes dignes de respect supposés incarner nos valeurs traditionnelles et culturelles. Permettez-nous de vous dire que l’organisation, le fonctionnement et la gestion d’un Diocèse sont différents de ceux d’une chefferie traditionnelle. Les jugements que vous portez pourraient alors être faussés, si vous n’entriez pas dans l’esprit de l’église et dans son organisation propre. Nous doutons d’ailleurs que ceux dont vous vous faites le porte-voix vous aient mandaté à parler en leur nom. » Création d’une quinzaine de paroisses Les prêtres ajoutent : « Nous ne manquerons pas cependant de vous faire remarquer que vos allégations graves contre Mgr Phillipe Alain Mbarga, notre évêque et le vôtre, peuvent fragiliser la foi des faibles ou de ces âmes dont nous avons la charge pastorale. » Ils font un état des lieux à l’opposé du tableau peint par les destinataires de leur missive : « Nous tenons à vous affirmer que notre Eglise diocésaine est en bonne marche. Elle avance courageusement à la suite du Christ, par la détermination et l’engagement d’un presbyterium uni autour de son Évêque. Notre Église avance dans un climat paisible, harmonieux et épanouissant. Les initiatives pastorales prises pour faire parvenir le message de l’Evangile à toutes les couches sociales du peuple de Dieu ont donné lieu à la création d’une quinzaine de paroisses. Les réformes administratives dans tous les services centraux (Curie diocésaine, Seduc, économat diocésain, etc.) ainsi que l’assainissement de notre système de gestion et le redressement financier de nos institutions visent à rendre notre action plus concrète et plus efficace, au service du peuple que le Seigneur nous a confié », s’engagent-ils. En guise de conclusion, les prêtres jurent de rester concentrer sur l’essentiel de leur mission : « Suite à vos accusations grave qui blessent non seulement la foi, mais aussi la décence, nous, prêtres du diocèse d’Ebolowa, dénonçons avec énergie toutes les accusations calomnieuses dont le but inavoué est la déstabilisation de cette jeune Eglise particulière. Nous sommes résolument engagés avec notre évêque dans un processus de construction et de développement de notre Diocèse, et nous ne nous laisserons jamais distraire. »