Alors que les prix homologués plafonnent à 23 000Fcfa, il n’est pas rare de tomber sur des chambres de 50000 Fcfa. Des coûts jugés suicidaires pour les étudiants qui broient du noir. Ça se bouscule dans les mini-cités environnantes de l’université de Yaoundé 1. Les pré-inscriptions pour le compte de l’année académique 2020/2021 sont en cours. Dans la foulée, c’est la quête d’un logement, notamment pour les jeunes étudiants. En compagnie d’un parent pour certains, ils font la ronde de la zone de résidence universitaire depuis des semaines, « pour trouver au moins une chambre moderne à un prix abordable », lance cette mère, à la suite de son fils et de sa bande de copains. « Les loyers varient entre 25 et 50 000 Fcfa le mois. Et en plus, les bailleurs demandent un an. Ce n’est pas possible !parce qu’il y a les droits universitaires à verser, la chambre à équiper et les fournitures à acheter. Sans compter que ce n’est pas le seul enfant », regrette la dame, qui croyait savoir que les loyers de logements estudiantins étaient homologués par le gouvernement. Face à elle, la réplique des bailleurs est claire : « Les prix qui avaient été fixés ne sont pas respectés », affirme avec regret Eric Pokam, responsable d’un groupe de bailleurs de mini-cités. En effet, au Cameroun, les logements scolaires et estudiantins font partir des produits et services dont les prix sont soumis à la procédure d’homologation préalable du ministère du Commerce (Mincommerce). D’ailleurs, il y a un texte de 2006 du Mincommerce qui fixe les prix maxima de ces loyers en fonction de quatre standings. Dans la zone universitaire de Yaoundé 1, ces prix vont de 4500Cfa (non classés) à 23 000 Fcfa pour le très haut standing, en passant par le standing ordinaire, 8000 Fcfa, standing moyen, 13500Fcfa et le haut standing, 20 000 Fcfa. Hélas, sur le terrain, le prix de la plus petite chambre, constituée de quatre rangées de planches avec un sol à peine cimenté est fixé à 6000 Fcfa. Evidemment, elle n’a ni douche, ni cuisine et encore moins de placard. Il y a plusieurs chambres, avec des toilettes communes. Ici, le prix le plus courant est 15 000 Fcfa le mois. Pour une chambre moderne avec tout le confort nécessaire, il faut prévenir un minimum mensuel de 25 000 Fcfa. Concernant le très haut standing, chambre ultramodernes avec douche, cuisine et placard, clôture et vigile, le loyer minimum est de 35 000 Fcfa. Très peu de bailleurs acceptent de s’exprimer sur la question du respect de la grille des prix de loyers estudiantins. « Maintenant qu’ils nous ont laissés tranquilles, ne venez pas réveiller le problème », lance l’un d’entre eux. Il estime que c’est parce que la plupart des nouvelles mini-cités appartiennent à des « patrons » que le contrôle s’est arrêté. Brigade des loyers Pour la gestion de ces loyers, il a été créé au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur, une brigade spéciale qui a vocation à contribuer à la fixation des loyers, vérifier et veiller à l’application des prix homologués. « Mais hélas, je dois avouer que la brigade connaît quelques problèmes. Elle est plongée dans une espèce d’hibernation depuis pratiquement cinq ans, en raison de certaines difficultés d’ordre financier et budgétaire. Nos budgets étant indisponibles en plus de l’indisponibilité du personnel, on n’est pas capable de faire ce travail annuellement pour toutes les huit universités d’Etat. Le ministère de l’Habitat a essayé de faire vivre la brigade. Il a convoqué des réunions et a saisi les autres administrations qui ont enfin réagi en désignant des représentants. L’autre problème, c’est que la plupart des membres des administrations techniques avaient perdu les fonctions au titre desquelles ils représentaient leurs ministères et les remplacements n’avaient pas été faits dans les délais », explique un cadre du ministère de l’Enseignement supérieur. Il y avait également des problèmes de dysfonctionnement interne. Curieusement, à la direction du Centre des œuvres universitaire (Dcou), tout comme au Mincommerce, à la simple évocation des loyers de logements étudiants, on entend la même rengaine : « c’est une question difficile ».
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