La baisse du salaire réel dans la fonction publique est une décision lourde de conséquences politiques, dans la mesure où ce secteur privilégié est l’un des principaux piliers sur lequel repose la légitimité du pouvoir actuel. Au regard du triple choc pétrolier, sécuritaire et sanitaire que traverse le pays, l’on ressent la lourdeur de l’impact de la baisse des recettes d’exportation qui s’est fait immédiatement sentir sur la balance courante. Ces chocs externes vont profondément dérégler les principaux rouages de l’économie camerounaise et provoquer une récession brutale dans la plupart des secteurs productifs. D’ailleurs, le système bancaire « formel » en particulier, fortement endetté à l’égard des grandes entreprises publiques, se trouve en situation de quasi-faillite. Ce qui provoque en retour une contraction sévère de la liquidité de l’économie, conduisant à une indigence paysanne. C’est alors que l’Etat s’est donné les moyens de faire émerger le pays à travers la croissance et le développement de l’économie. Yaoundé a été le 18 janvier dernier, le théâtre de vulgarisation des enjeux du nouveau document stratégique devant conduire à l’émergence 2035 (Stratégie nationale de développement 2020-2030) après le Document de la stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce 2010-2020). Où il s’agissait pour le ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey d’expliquer le fonctionnel de cette Snd-30 aux acteurs finan-ciers.A en croire l’exposé du Minepat sur la qualité des dépenses, il s’agira de réduire un déficit budgétaire de plus en plus important, en agissant sur les recettes (réformes fiscales) et sur les dépenses (rationalisation des dépenses courantes et des dépenses d’investissement). « La marge des manœuvres sera d’autant plus restreinte que le poids des intérêts si la dette publique s’accroît. Du côté de la dépense, c’est évidement l’investissement public qui subira l’augmentation le plus massif », a-t-il martelé. Flash-back L’ajustement économique du Cameroun s’est réalisé de manière autonome, sans intervention ou concertation avec les institutions de BrettonWoods. C’est la chute de plus de 65 % dans les termes de l’échange entre l’année fiscale 1958/56 et 1987/88 qui a entraîné une forte baisse des recettes de l’Etat. Ceci s’est traduit par l’apparition d’un déficit fiscal et son déficit externe par la compression de la demande publique et la baisse de 60 % des investissements publics (695 milliards de Fcfa en 1986/87; 283 milliards de Fcfa en 1987/88). En fait, des indices de dérapage apparaissent du côté des finances publiques avec une véritable explosion des dépenses salariales qui pèse sur l’avenir. Le contexte porteur permet de transformer globalement le déficit public en un excédent. On peut penser rétrospectivement que les autorités ont commis une erreur d’appréciation en augmentant des dépenses par nature très rigides comme le sont les dépenses de salaire alors que l’amélioration s’appuyait sur des variables très volatiles comme le prix du pétrole et le taux du change fcfaCfa/dollars US. Sur la période, la dette extérieure reste stable. « On n’observe pas les signes de « syndrome hollandais » qui ont sévi au Nigéria, quelques années auparavant (dégradation du taux de change réel, la régression du secteur des biens échangeables hors pétrole, augmentation du Produit intérieur brut non marchand). Et ce résultat est en partie dû à la politique de stérilisation des ressources pétrolières sur les marchés financiers internationaux par les autorités camerounaises de tous les temps. », a indiqué Bayie Kamanda, Economiste. Des symptômes avant-coureurs de déséquilibre apparaissant cependant du côté des finances publiques. Et pourtant la forte croissance démographique camerounaise observée durant la dernière décennie inquiète bien des observateurs soucieux des conditions d’existence de la population dans une période de récession économique. Elle a progressé de 7,6 millions d’habitants à 25,5 millions, et le taux de croissance annuel serait passé de 2,5 % à 2,9 %, selon l’organe en charge du recensement.
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