Pagne du 8 mars : la spéculation des prix à déjà commencé

La non-disponibilité du tissu sur le marché pousse certains grossistes à augmenter son coût. Le point de vente de pagne Laking grouille de monde le 5 février dernier à Yaoundé. La population en ce lieu, majoritairement constituée de femmes, est à la quête du pagne du 8 mars, [journée internationale de la femme]. C’est depuis 6h du matin que ces dernières sont là, apprend-on. Mais dans cette boutique, le sésame qu’elles recherchent n’est pas disponible. Cependant des rumeurs font savoir qu’une livraison se fera au cours de la journée. Dans l’oisiveté de l’attente, elles discutent. L’essentiel de leurs échanges tourne autour du pagne. Assises à même le sol pour certaines, debout ou alors faisant quelques cents pas pour d’autres, toutes gardent l’espoir d’être servies à la prochaine livraison. Aux environs de 11 h, un pick-up de la Cicam (Cotonnière industrielle du Cameroun) arrive enfin. En un battement de paupière, celles-ci s’agglutinent devant le point de vente, bousculades par ci, querelles par là. Difficile de décharger la voiture. Croyant ainsi que c’était la fin du calvaire, le véhicule dévoile son contenu à la surprise générale. «Apparemment ce sont les grossistes », déclare une dame qui cherche du pagne. Bataille Les tenanciers des boutiques ont fermé leurs comptoirs. La vente de pagne se fait à travers des grilles. Motifs évoqués par ces commerçants, les femmes menacent d’envahir les lieux. Celles-ci, sans avoir aperçu la quantité de pagne déchargée du véhicule se perdent en conjecture. « C’est sûr qu’on ne vendra pas plus d’un pagne à chacun », suppose une cliente. « C’est évident, fait savoir une autre, le pagne est rare. Je suis venue ici lundi. On a commencé à vendre le pagne autour de 8h. Vers 9h30, il n’y avait plus ». Poursuivant, celle-ci déclare : « on nous [les clientes] a demandé de revenir mardi mais il n’y avait rien. Ce matin, quand nous sommes arrivées, on nous a donné des tickets numérotés ». Cet ordre sera-t-il encore respecté ? Difficile de répondre, surtout par l’affirmative. Dans la foulée des hommes se mêlent au jeu : « dépêchez-vous, nous aussi nous avons besoin du pagne », déclare l’un d’eux qui reçoit aussitôt une riposte. « Que cherches-tu ici ?» « J’ai aussi une femme, je dois lui offrir le pagne », réagit-il. Le prix Devant la Cicam au lieu-dit « Avenue Kennedy » à Yaoundé, les femmes font du sit-in. Le vigile du bâtiment informe qu’il n’y a pas assez de pagne. Il conseille de revenir vendredi. A l’arrière du bâtiment, des femmes reçoivent des lots de pagne. « Ce sont des grossistes qui ont payé depuis plusieurs mois », fait-on savoir. Pour les autres une alternative est trouvée. Le pagne qui coûte 6800Fcfa dans les boutiques, est revendu aux enchères. La pièce est proposée à 8500 Fcfa ou 9000Fcfa. Un homme venu acheter le pagne à son épouse, informé du deal, répond : « Ils ont travaillé quoi pour mériter cet argent ? Si jusqu’à 14h, je n’ai pas le pagne, je rentre et je remets l’argent à ma femme. Elle-même viendra acheter ». Il y en a même qui vendent le pagne à 10.OOOFcfa. Certains acceptent l’offre. D’autres préfèrent revenir vendredi. C’est le 2 février dernier que le pagne a été présenté à l’émission Tamtam weekend, sur la CRTV. Les ventes ont commencé depuis lundi, apprend-on.


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