L'etat double le nombre de ses agents en 10 ans

Il est passé de 197 471 en 2010 à 340 957 en juin 2020. Au cours de cette période, 59 549 enseignants du secondaire qui représentent aujourd’hui près de 34% des effectifs de la fonction publique, ont été recrutés. Cette évolution rapide représente un risqué pour la soutenabilité budgétaire de la masse salariale. Une étude de la direction générale du Budget (DGB) du ministère des Finances (Minfi) révèle que le fichier solde de l’Etat a, de janvier 2011 à juin 2020, enregistré 214 802 nouvelles prises en charge effectives. Après le pic de 35 457 en 2012 justifié par le recrutement spécial de 25 000 agents, l’évolution des nouvelles prises en charge a épousé une tendance baissière, chutant par exemple de 30 486 en 2017 à 25 119 deux ans plus tard. Au cours cette période, la palme d’or revient à l’enseignement secondaire avec 59 549 nouvelles recrues, suivi de l’armée avec un effectif de 43 224. Du coup, constate-t-on dans l’annexe de la loi de finances 2021, l’Etat a presque doublé le nombre de ses agents en l’espace de 10 ans. L’on effectif est ainsi passé de 197 471 en 2010 à 340 957 en juin 2020. Cette tendance haussière a connu un léger infléchissement entre 2018 et 2019, chutant de 321 917 à 319 110, en raison de l’assainissement du fichier induit par l’opération de Comptage physique du personnel de l’Etat (Coppe). Cette étude a aussi « permis de mettre en lumière la réduction drastique des effectifs dans certains corps de métiers des secteurs productifs, à l’instar du secteur agro-pastoral, du secteur minier, du secteur des télécoms, de la santé, ainsi que la traduction et l’interprétariat », note la loi de finances. Les enseignants du secondaire représentent 34,4 % des effectifs de la fonction publique. En revanche, les effectifs des enseignants du secondaire ont été multipliés par 2,7, passant ainsi de 30 640 à 83 308 entre janvier 2010 et juin 2020. Désormais, ils représentent 34,4 % des effectifs de la fonction publique, contre 15,8 % au début de l’année 2010. De même, leur masse salariale représente aujourd’hui 32,3 % contre 21 % en 2010. L’augmentation exponentielle du nombre d’agents de l’Etat résulte surtout des recrutements spéciaux, devenus récurrents ces dernières années, comme celui de 25000 agents en 2012 (dans le cadre de cette opération, on a en fin de compte recruté 26 037 agents). L’étude de la DGB, réalisée en 2018 et axée sur la soutenabilité de la masse salariale, fait observer que l’augmentation rapide des effectifs exerce une pression budgétaire importante sur la masse salariale. « L’analyse de l’évolution des dépenses de personnel au cours des 10 dernières années permet de constater que la masse salariale payée aux agents publics dans le budget de l’Etat croit annuellement de 5,6 % en moyenne », note l’étude. Elle est passée de 681,4 milliards de FCFA en 2011 à 1010 milliards de FCFA en 2019. Soutenabilité de la masse salariale La même étude révèle que l’augmentation des effectifs constitue la principale source d’accroissement de la masse salariale. D’après ses conclusions, en tablant sur une croissance économique de l’ordre de 4,5 % au cours des prochaines années, il importe de plafonner chaque année les nouveaux recrutements à 5900 pour un volume de crédits budgétaires de 9,2 milliards FCFA si l’on veut garantir la soutenabilité budgétaire de la masse salariale. Or, le Cameroun se situe actuellement en deçà d’une telle hypothèse de croissance. D’où la nécessité pour le gouvernement de s’en tenir à ce plafond annuel de recrutements, surtout au regard des performances de l’économie et de la capacité actuelle de mobilisation des recettes de l’Etat. Il doit surtout se conformer à l’exigence de respect de la norme communautaire qui impose un ratio de 35 % des recettes pour la masse salariale que le Cameroun peine à respecter. La loi de finances préconise donc une maîtrise de « la masse salariale pour permettre à la fois de consolider les acquis de la rationalisation budgétaire et mieux orienter les choix vers la qualité des ressources humaines en adéquation avec les options stratégiques du gouvernement en matière de développement ». La rationalisation des dépenses des personnels et la maîtrise de la masse salariale afin de garantir la viabilité des finances publiques passent par la stricte application de trois principales mesures d’assainissement. L’annexe de la loi de finances cite en premier lieu « la notification systématique des suspensions temporaires ou définitives des agents publics dans le cadre soit des sanctions disciplinaires, soit des cas de détachement, des mises en disponibilité, des démissions, des retraites anticipées, ou des décès ». La libération systématique des personnes retraitées conformément à la réglementation en vigueur et le respect des plafonds de crédits soutenables réservés aux nouvelles recrues constituent les autres solutions.


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