En 2013, une loi portant incitation à l’investissement privé au Cameroun a été votée par l’Assemblée nationale. Mais, si l’on en fait le bilan aujourd’hui, force est de constater que les avantages qu’elle induit sont accordés à des industries dont les projets n’ont de vie que dans les discours. Plus d’un demi-siècle après la colonisation, le secteur manufacturier tarde à décoller et les exportations restent dominées par les matières premières à l’état brut. Jusqu’ici, le pays navigue à vue avec un très grand déséquilibre dans la structure des activités industrielles c’est-à-dire 35000 emplois actifs en 1980 contre 36520 emplois en 2010, soit 14,95% en 2019 selon la récente étude de l’Institut national de la statique (Ins). En effet, en vue de booster la production industrielle, le pays avait lancé les Zones franches industrielles au Cameroun (Zfic), par l’ordonnance No 90/001 du 29 janvier 1990, et des Points francs industriels (Pfi). Mais cela n’a été que fictif dans la mesure où il n’ya eu aucune matérialisation spatiale : leur éparpillement sur toute l’étendu du territoire national en a annulé les effets notamment, la réalisation des économies d’échelles. Au lieu d’être un secteur libre et compétitif, l’industrie camerounaise semble être un chasse gardée de certaines entreprises qui engraissant au passage des agents publics. « Le problème reste celui de la corruption. L’admission au régime de la Zfic a été accordée pour l’essentiel à des entreprises déjà existantes : 24 des 26 agréments aux entreprises d’exploitation forestières reconverties, ce qui a leur a permis d’échapper à la fiscalité et de contourner la loi No 94/01 du 20 janvier 1994 interdisant l’exportation de certaines essences forestières à l’état brut. »,a indiqué Louis-Marie Kakdeu, Phd. Or le pays envisage de porter la contribution du secteur industriel au Produit intérieur brut (Pib) de 13% à 24% au moins à l’horizon 2035. Limiter les coûts de transport La première transformation du bois (sciage, déroulage, tranchage) pourrait générer 55 000 emplois directs au Cameroun, d’après une étude du Centre pour l’environnement et le développement (Ced) publiés en novembre 2019. D’après la même source, le faible taux de transformation local fait perdre environ 60 milliards de Fcfa équivalant aux impôts et taxes. La troisième transformation (menuiserie, ameublement, parqueterie, ébénisterie) est majoritairement menée par des acteurs du secteur informel. Sur 160 unités de transformation opérationnelle sur le territoire camerounais en 2018, seulement 11 procédaient à la troisième transformation, c’est-à-dire, celle qui est la plus à même d’apporter de la valeur ajoutée. Conséquence, au premier trimestre 2020, le Cameroun a importé 2161 tonnes de meubles en bois d’une valeur de 1,4 milliards de Fcfa. Pour impulser la transformation locale, l’Etat a décidé qu’à partir de 2015, l’administration publique s’équiperait au moins à 40% de mobilier produit localement. Cette mesure s’accorde avec la stratégie 2020 du sous-secteur forêt et faune qui ambitionnait de faire passer la contribution de ce sous-secteur de l’économie nationale à 20% en 2020 contre 4% en 2012, mais surtout celle de porter sa contribution au Produit intérieur brut (Pib) de 13% à 24% au moins à l’horizon 2035. Or, il est clair que pour atteindre cette phase de croisière de la transformation locale, il faudra en grande majorité de l’accès à l’énergie électrique y compris les financements (pour les Pme), de la construction d’infrastructures routières viables pour limiter les coûts de transport, ainsi que de la transformation de ressources humaines de qualité. C’est sur cette base que pourront sortir des forêts, des produits finis de meilleure qualité à des prix compétitifs.
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