Ces secteurs et bien d’autres ont été identifiés par Le ministère des Finances (Minfi) comme présentant une menace certaine en matière de blanchiment de capitaux. Le blanchiment d’argent ou de capitaux consiste à cacher l’origine d’une somme d’argent qui a été acquise par le biais d’une activité illégale en la réinjectant dans des activités légales. Le terme blanchiment d’argent trouve son origine dans le fait qu’on parle de finance noire pour désigner l’argent acquis de manière illégale. Le blanchiment d’argent consiste à rendre propre de l’argent acquis de manière illégale, c’est-à-dire à réinjecter l’argent sale dans le circuit économique classique, via l’immobilier ou le commerce par exemple. Le but étant d’utiliser une somme d’argent conséquente sans éveiller les soupçons et sans être démasqué. Ils sont au nombre de huit, les domaines d’activité inventoriés dans le rapport sur « l’Évaluation nationale des risques en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme au Cameroun », rendu public fin janvier 2021 -par le Minfi. Il s’agit du secteur immobilier, des commerçants des matériaux de construction (quincailleries), des Casinos, des Etablissements de microfinance, des négociants en métaux précieux et pierres précieuses, du secteur des bureaux de change, des notaires et des banques. Concernant le secteur immobilier, l’étude du Minfi note que l’immobilier constitue une menace « élevée » de blanchiment, avec une tendance à la hausse, du fait du boom immobilier observé dans les grandes villes du Cameroun. En effet, il ressort des enquêtes menées que la plupart des transactions immobilières ne passent pas par les schémas classiques (agents immobiliers, notaires), mais plutôt directement entre les potentiels acquéreurs et les propriétaires immobiliers. En outre, le recours aux banques spécialisées dans l’octroi des prêts immobiliers et les informations que celles-ci transmettent à l’Agence nationale des investigations financières (ANIF) en termes d’opérations suspectes, confortent la thèse de la menace élevée. Pour ce qui est des commerçants des matériaux de construction, l’on apprend que le secteur de là’quincaillerie est intimement lié à celui de l’immobilier. Ce secteur est constitué des sociétés appelées « quincailleries ». La menace « élevée » observée dans ce secteur a amené le législateur communautaire, dans sa réforme de 2016, à intégrer les quincailleries dans la liste de professions assujetties à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC-FT). La forte prépondérance du cash et des mesures ou diligences LBC-FT appliquées par les professionnels du secteur financier conduit les criminels à déposer les fonds directement dans les quincailleries et à retirer leurs contreparties en matériaux de construction. L’ampleur et le standing des immeubles témoignent de ce que de fortes sommes d’argent transitent par ce secteur. Au demeurant, ces quincailleries sont en nombre très élevé et disséminés un peu partout sur l’étendue du territoire national. S’agissant des risques qui pèsent sur la profession de notaire, « l’Évaluation nationale des risques en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme au Cameroun » renseigne que ce secteur présente également une menace « élevée », notamment lorsqu’il est sollicité pour des transactions immobilières. Dans cette catégorie, comme c’est le cas au niveau des quincailleries, on y enregistre aussi d’énormes sommes d’argent déposés en espèces. A propos du secteur des bureaux de change, il est indiqué qu’il constitue également une menace de blanchiment très « élevé » et une tendance à la hausse, non pas à cause du nombre d’établissements officiellement agréés (11 en 2015), mais davantage à cause du change clandestin qui a une prépondérance sur l’activité légale et qui s’est répandu dans les grands centres commerciaux, brassant d’énormes flux financiers. Pour ce qui est des négociants en métaux précieux et pierres précieuses, le Minfi fait savoir que ce secteur présente également une menace « élevée » du fait de la trop grande exploitation illégale des ressources minières, notamment par les non-résidents et des flux importants d’argent que génère ce secteur. A ce secteur, on peut tout aussi ajouter les concessionnaires automobiles, qui présentent la même mensem «élevée»’ ‘ Relativement aux Casinos, comme tous les autres établissements de jeu du hasard, ces espaces présentent un risque important de blanchiment d’argent au Cameroun du fait du nombre très élevé des clients non-résidents. Quant aux Etablissements de microfinance, l’évaluation du Minfi fait savoir que ce secteur regroupe 531 établissements, toutes catégories confondues (1er, 2ème et 3ème catégories) en juin 2017. Ce nombre en lui seul constitue déjà une menace « élevée » de blanchiment de capitaux ; à cela s’ajoute une insuffisance de l’application des mesures de vigilance, un volume très important des flux financiers, une large gamme de services offerts à la clientèle. Sur les Banques, il est précisé que le secteur bancaire présente une menace « élevée » de blanchiment’des capitaux du fait de l’importance des flux financiers, de la nature et de la diversité des produits offerts. Ainsi, « seule la catégorie des institutions financières spécialisées présente une menace « moyenne », en raison de la nature sélective des opérations et de la clientèle. Pour ce qui est des secteurs présentant une menace « moyennement faible », on retrouve le secteur des assurances, le marché des titres, les Comptables et auditeurs, ou encore les avocats », conclut « l’Évaluation nationale des risques en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme au Cameroun ».
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