La junior américano-canadienne détient un permis d’exploitation depuis 2003. Mais n’a jamais développé le projet cobalt/nickel/manganèse de Nkamouna à l’Est. Elle veut entretenir l’espoir avec l’annonce d’une mise en route imminente. Des annonces visant à empêcher le retrait du permis d’exploitation. C’était la énième audience entre le président de la République et le PDG de la junior minière américano-canadienne Geovic. Au sortir du dernier entretien le 25 juillet dernier, Michael Mason, conscient que l’attente s’apparentait déjà à une éternité, a dit savoir gré à Paul Biya pour « le soutien et la patience » qui permettront au projet cobalt/nickel/manganèse de Nkamouna à l’Est de voir enfin le jour. Occasion Micnaei Mason de préciser que ce projet, qu’il présente comme l’un des meilleurs au monde, nécessitera la mobilisation de près de 235,44 milliards de FCFA. Prévu pour durer quarante ans, il induira la création de 700 emplois directs, le transfert de technologies, la formation de jeunes camerounais, etc. La présidence de la République précise que «le début des travaux est prévu dès la signature des accords entre les deux parties». Pour un projet en hibernation depuis si longtemps, on se serait attendu à ce que le communiqué soit plus précis sur les échéances. Surtout que ce n’est pas la première fois que les responsables de Geovic annoncent la mise en route imminente de ce projet. Il y a plus d’un, plus précisément le 21 février 2018, William Alan Buckvic, fondateur de Geovic Mining Corp, et Michael Mason avaient été reçus en audience par le chef de l’Etat. A cette occasion, il avait déjà été question au cours de l’échange avec Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, de relance du projet à Nkamouna à Lomié. Geovic semblait même décidée à mettre en œuvre le projet, après avoir déserté le pays près de cinq ans plus tôt. En effet, en 2013 le site de Nkamouna est abandonné, les engins disparaissent et les bureaux de la direction générale à Yaoundé vidés. En réalité, souffle une source bien au fait du dossier, le fondateur de Geovic Mining n’était pas revenu au Cameroun avec la ferme intention de relancer le projet de Nkamouna. Il était question d’amadouer une fois de plus les autorités camerounaises, qui semblent désormais avoir la conviction que Geovic n’a pas la capacité de développer le projet. C’est ce que confie une source à Investir au Cameroun : «Geovic ne peut pas développer le projet minier de Nkamouna, simplement parce que cette entreprise n’a pas de ressources. La preuve, c’est qu’elle n’a rien fait depuis 15 ans. Ce qui l’intéresse, c’est de vendre les actifs sur ce projet au plus offrant». Il n’est qu’à voir que pour un permis d’exploitation obtenu le 11 avril 2003, le tout premier délivré par l’Etat camerounais, ce n’est qu’en 2011 que l’étude de faisabilité est bouclée. De plus, à un moment il est question pour Geovic-Cameroun de céder tous ses « actifs” sur le projet de Nkamouna à un groupe chinois. Le 23 juillet 2013, Geovic Mining Corp annonce la signature d’«un accord définitif» avec Jiangxi Rare Metals Tungsten Group Holdings Company Ltd (JXTC). « Cet accord définitif représente un progrès significatif sur le chemin de l’exploitation du projet de Nkamouna. Le développement du projet devrait commencer dès que les financements seront disponibles», avait alors déclaré le PDG de Geovic Mining Corp, Michael Mason au sortir d’une audience au palais de l’Unité accompagné pour la circonstance de William Alan Buckvic. Mais finalement cet « accord définitif» n’emporte pas l’adhésion de toutes les parties, en l’occurrence la Société nationale des investissements (SNI), qui représente l’Etat camerounais et porte les parts des opérateurs nationaux dans ce projet minier à hauteur de 39,5%. Le gouvernement envisage donc de retirer le permis d’exploitation de Geovic. En tout cas c’est ce qu’une correspondance d’Ernest Gbwaboubou, alors ministre des Mines, de l’industrie et du Développement technologique, suggère au SG/PR fin 2017. Pour faire une telle suggestion, le membre du gouvernement s’appuie sur l’intérêt que d’autres investisseurs plus sérieux portent au projet de Nkamouna. Geovic a vent de cette correspondance improvise un voyage au Cameroun afin d’amadouer le gouvernement. Pour un bon connaisseur de ce dossier, la dernière annonce rappelle un peu les premières, qui ne visaient qu’à empêcher le retrait du permis d’exploitation ayant permis à Geovic de se faire de ‘argent dans les places boursières sans pour autant développer le projet. Or, les réserves mises en évidence sont évaluées à 121 millions de tonnes de ressources minérales avec les teneurs moyennes de 0,23% pour le cobalt, 0,65% pour le nickel et 1,35% pour le manganèse.
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