Le budget de l’Etat au titre de l’exercice 2021 vient d’être adopté par le Parlement. Evalué à 4 865 milliards de FCFA, il est notamment destiné â amorcer la relance de l’économie en proie, ces dernières années, à des crises multiformes. Seulement, le montant des enveloppes budgétaires destinées à certains secteurs semble en déphasage avec les ambitions de développement que le pays s’est fixé. En effet, la somme des allocations consacrées aux secteurs comme le tourisme, les Petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que la recherche scientifique et l’innovation n’atteint pas 30 milliards de FCFA. Or dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30) ces secteurs sont présentés comme vecteurs incontournables de l’essor du pays. Repères met en lumière le paradoxe entre les objectifs assignés et les moyens mis à la disposition de ces pans non négligeables de l’économie nationale.. C’est l’un des objectifs annuels assignés au secteur du tourisme dans la SND30. En effet, afin de promouvoir l’essor du tourisme, le gouvernement compte définir et organiser les priorités d’investissement autour de quelques produits touristiques phares ; se désengager progressivement de la gestion des établissements hôteliers et prendre des mesures incitatives au développement des Partenariats public-privé dans les services touristiques, artisanaux et culturels ; renforcer l’offre touristique notamment par la facilitation des investissements hôteliers mais aussi par la promotion des sites et évènements culturels ; structurer les acteurs du secteur du tourisme ; mettre en place un système d’information sur les produits touristiques ; développer l’éducation des populations à la culture touristique ; veiller à l’application des normes dans les services hôteliers. L’objectif est de parvenir à 3 500 000 touristes par an, en diversifiant notamment l’offre touristique et en promouvant le tourisme de luxe tels que le parcours de golf, les sports nautiques, etc. Pour implémenter cette vision dès l’année prochaine, le département ministériel en charge de ce secteur a reçu une dotation budgétaire de près 9 milliards de FCFA. Il faut dire que jusqu’ici, le Cameroun n’est pas considéré comme une destination touristique par l’organisation mondiale du tourisme (OMT). C’est qu’en dépit des atouts dont le pays dispose dans le domaine, il peine à recevoir un million de visiteurs par an. Dans Revue Tiers Monde, Sébastien Condès écrit : « Le Cameroun, sans doute un des pays les plus intéressants d’Afrique, décourage le tourisme par un . accueil souvent déplorable des autorités et de la population, cela s’ajoutant à un sentiment d’insécurité au quotidien. » Dans le même temps, l’auteur indique que dans certains pays pauvres ou émergents, la part du tourisme dans le Produit intérieur brut (PIB) n’a cessé de progresser au cours des dernières années. Selon l’OMT, le tourisme est la principale source de devises étrangères pour 46 des 49 pays les moins avancés. D’autres pays, plus avancés, comme la République dominicaine, les Maldives, la Tunisie ou l’Égypte, par exemple, ont vu la part du tourisme dans leur PIB se renforcer fortement et contribuer à leur croissance économique. Le Maroc par exemple, qui se situe pourtant au troisième rang du continent africain en nombre d’arrivées, dispose d’un parc hôtelier (60 000 chambres environ) proche de celui de la Belgique. Les Maldives, souvent citées comme un exemple de réussite de développement par le tourisme, comptent environ 8 000 chambres, soit autant que le Luxembourg. Au Cameroun, outre des moyens dérisoires affectés à ce secteur, de nombreux obstacles sont identifiés à savoir : le manque de fiabilité de la compagnie aérienne nationale Camair-co, des tracasseries policières et douanières, le déficit de capacités hôtelières, l’absence d’aménagement sur les sites susceptibles de recevoir des touristes, le déficit de promotion de la destination, les problèmes de sécurité. Autant dire qu’avec la dotation financière consacrée au tourisme pour l’année 2021, les pouvoirs publics vont devoir œuvrer à la mobilisation du secteur privé national et des investisseurs internationaux s’ils veulent voir le secteur contribuer substantiellement à l’essor économique du pays.
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