Ce qui n'a pas été dit sur l'incendie de la SONARA

La Société nationale de raffinage (Sonara) était en flammes dans la nuit de vendredi dernier. Au-delà de la version officielle du gouvernement rendue publique samedi dernier par le ministre de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi, le journal La Nouvelle révèlent plutôt autre chose. “Nous vous informons de la survenance d’une explosion, suivie d’un incendie grave dans nos unités de production le 31 mai 2019 aux environs de 21h30 minutes, entrainant des dégâts et un arrêt de production de toutes nos unités pour une période à déterminer. Par conséquent, nous déclarons un « cas de force majeure » et la suspension provisoire de nos engagements contractuels, en attendant l’évaluation définitive des dégâts. Nous vous informerons de la cessation de cas de « force majeure » en temps utile. Nous nous tenons à votre disposition pour toute information complémentaire et vous assurons de tous nos efforts pour la reprise de nos activités dans les meilleurs délais”. Ce sont les termes de la déclaration signée samedi dernier par Jean Paul Simo Njonou, le directeur général de la Société nationale de raffinage (Sonara), aux partenaires de l’entreprise, à la suite du grave incendie qui s’est déclenché dans la nuit de vendredi à samedi dans cette entreprise étatique chargée du raffinement du pétrole brut. Si la déclaration du Dg de la Sonara semble lapidaire, le gouvernement à travers le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, est venu donner plus de précisions sur ce sinistre. Dans un communiqué rendu public à cet effet samedi dernier, René Emmanuel Sadi indique : « (…) Pour faire face à ce sinistre et circonscrire au plus vite ses effets dévastateurs, le gouvernement a immédiatement prescrit aux autorités administratives locales le déploiement des unités d’élites et de toute la logistique appropriée en vue d’éteindre ledit incendie. A l’heure qu’il est, l’incendie a été maîtrisé et la situation est sous contrôle grâce à la prompte réaction conjuguée et coordonnée des équipes de la Sonara et de nos forces de défense et de sécurité en l’occurrence les sapeurs-pompiers de la ville de Douala appelés en appoint. » Pour ce qui est des dégâts causés par l’incendie de vendredi dernier, le Mincom révèle : « En dépit de quelques dégâts matériels sur les outils de production, aucune perte en vies humaines n’est à déplorer. » Une situation suffisamment grave qui n’a pas laissé le président Paul Biya indifférent. « Par ailleurs, sur les très hautes directives du chef de l’Etat, le ministre de l’Eau et de l’Energie est descendu sur le lieu du sinistre aux premières heures de ce samedi 1er juin 2019. » Nos sources parlent de 3 heures du matin, lorsque Gaston Eloundou Essomba prend la route pour Limbé. Extension Contrairement à certaines langues qui avaient déjà commencé à pérorer sur un probable acte criminel dans un contexte où les terroristes séparatistes sèment la terreur dans la partie anglophone du Cameroun, le Mincom est clair : « De l’évaluation globale de la situation sur le terrain, les premiers éléments d’information dont dispose le gouvernement suggère une cause accidentelle. Cependant une enquête ouverte par les services de sécurité permettra de déterminer les circonstances et les causes exactes de cette explosion. » Dans le même communique, le Mincom rassure les populations que « toutes les dispositions sont prises en vue de l’approvisionnement continue de l’ensemble du territoire national en produits pétroliers ainsi que pour la remise en état, dans les plus brefs délais des diverses unités de production affectées. » Dans la foulée indique par ailleurs René Emmanuel Sadi « (…) Le président de la République, Son excellence Paul Biya a fermement instruit le gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires à l’effet d’éviter que cet incident n’ait un impact négatif sur les populations riveraines. Le chef de l’Etat a en outre prescrit au gouvernement de veiller à ce que le projet d’extension et de modernisation de la Sonara actuellement en cours se poursuive sans aucune entrave », conclut le Mincom. Au-delà de cette version officielle, si les sources exclusives de votre journal confirment la thèse d’un incident technique, elles ne manquent cependant pas d’indexer le laxisme des hauts responsables de la Sonara. Des langues qui se délient, l’on apprend que c’est une surtension sur le réseau électrique qui serait la cause de l’incendie déclenché dans la nuit de vendredi dernier à la Sonara. A en croire nos sources, le directeur d’exploitation aurait même attiré l’attention de sa hiérarchie sur l’indifférence du groupe Eneo. Pour les experts en effet, on ne saurait mettre en marche de manière récurrente une raffinerie de suite d’une coupure électrique, sans qu’il n’y ait à la longue des conséquences néfastes. La question qui taraude aujourd’hui les esprits de plusieurs observateurs est de savoir quelles mesures ont été prises par la hiérarchie de la Sonara pour pallier ce problème ? De tous les responsables approchés par votre journal, personne n’a daigné fournir la moindre réponse. Maintenance A en croire certains observateurs méticuleux, la Camwater vient de connaître un problème similaire avec l’arrêt des machines à Akomnyada, le 20 mai dernier, sevrant la capitale de l’eau en pleine célébration de la fête nationale. Ceci, en mettant tout le sérail en branle. Selon nos sources, tous les responsables en charge de la production et de la distribution de l’eau, s’étant déportés sur les lieux à Mbalmayo, à l’exception du Dg de la Camwater, Gervais Bolenga, fourré dans un hôtel de la place, vont faire une découverte insolite des restes de reptiles dans le poste de transformation qui permet l’alimentation des machines de pompage d’eau d’Akomnyada en énergie électrique. ceci, indiquent nos sources, alors que toutes les notes adressées au secrétaire général de la présidence de la République pointaient déjà un doigt accusateur sur le Dg d’Eneo comme la source des perturbations, après l’avoir très vite étiqueté comme un affidé de Maurice Kamto. Conséquence : l’on va se rendre compte à la fin que les problèmes de maintenance étaient la véritable source des arrêts des machines de pompage d’Akomnyada. Pour d’autres observateurs plus pointilleux, on pourrait en dire autant de ce qui arrive aujourd’hui à la Sonara, si la thèse des coupures intempestives d’électricité est avérée comme étant la cause de l’incendie. Alors question : pourquoi le Dg dont la propension à faire des notes contre Talba Malla, l’ex-Dg de la Sonara, est devenue récurrente à la présidence de la République, n’a pas daigné prêter une oreille attentive aux complaintes du directeur d’exploitation comme il se murmure dans les couloirs de la Sonara ? Au point de laisser exposer aux caprices très préjudiciables des coupures intempestives d’électricité, des installations très sensibles de la Sonara ? Ce d’autant plus que notre pays traverse une phase très délicate de renouvellement du système de transport d’électricité, après la mise sous tension du barrage de Memve’ele. Les enquêteurs en charge de ce dossier brulant ont du pain sur la planche.


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