Cameroun-Boko-Haram:tentatives d'enlèvements de prêtres et pillages de villages chrétiens
Églises saccagées, maisons détruites, villages pillés et hôpital chrétien incendié. C’est dans un contexte douloureux que les autorités annoncent le retour d’anciens membres de Boko Haram au Cameroun. Alors que les actions de Boko Haram au Cameroun avaient faibli ces derniers mois, le nord du pays a été en proie à de violentes attaques à la fin du mois de janvier. Tentatives d’enlèvements de prêtres et pillages, les chrétiens ont été confrontés à des nuits de violence exacerbée. À Manguirlda, extrême-nord du Cameroun, des supposés militants de Boko Haram ont tenté d’enlever des prêtres occidentaux qui logeaient au presbytère. Selon le responsable de la sécurité locale, on compte 3 décès et 12 blessés. C’est armée de machettes et de gourdins que la population a tenté de se défendre. Trois assaillants auraient été arrêtés.« Les assaillants sont arrivés dans la nuit dans le but d’enlever des prêtres occidentaux, mais les gardiens ont donné l’alerte. Les populations sont sorties avec des gourdins et des machettes et il s’en est suivi un affrontement. » À Gochi et Toufoun, 2 villages à majorité chrétienne au nord du Cameroun, des militants sont arrivés de nuit pour saccager et terroriser la population. Si aucun mort n’est à déplorer, le bilan matériel est tragique : 190 maisons détruites, 4 églises saccagées, villages pillés, bétail abattu, un hôpital chrétien incendié et des dizaines de motos détruites.« Les contacts ont déclaré que bien que les assaillants soient entrés en force, ils ne voulaient pas tuer des gens cette fois-ci, car ils ont tiré en l’air. Leur objectif semblait être le pillage des vêtements et de la nourriture pour affoler la population locale et la ruiner économiquement, forçant les familles à fuir la région. » C’est dans ce contexte que les autorités ont annoncé jeudi le retour volontaire au Cameroun de 187 anciens membres de Boko Haram depuis le Nigéria. Ils sont rentrés à pied et se sont rendus aux autorités, puis ont été amenés à la base de la Force Mixte Multinationale pour y suivre un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion. Une semaine avant, ils avaient été précédés par 200 autres, dont des mineurs de moins de 15 ans. À l’issue du programme, un terrain de 13 hectares leur sera attribué à Mowouré, extrême-nord du pays.Midjiyawa Bahari, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, est optimiste : « Ils ne courent aucun danger, aucun risque, au contraire, tout sera mis en oeuvre pour les resocialiser, leur inculquer l’esprit du patriotisme, du civisme. ».Mais la population s’inquiète, à l’instar d’Ousmane Djouba :« Certains ex-combattants regagnent directement leurs familles et commettent des exactions ou des vols avant de (se) fondre dans la nature. »