Arrestation de Me Ndoki. Réaction de l'observatoire international des avocats.

COMMUNIQUE DE L’OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DES AVOCATS EN DANGER (OIAD) Me Michelle Ndoki, avocate camerounaise, grièvement blessée en marge des manifestations du 26 janvier à Douala Samedi 26 janvier avaient lieu dans plusieurs villes du Cameroun des « marches blanches » initiées par le parti d’opposition MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun). Le pays est plongé dans une grave crise depuis la réélection, le 7 octobre 2018, du président Paul Biya (qui entame ainsi un septième mandat consécutif) face au leader du MRC, Maurice Kamto. Me Ndoki, avocate camerounaise, est vice-présidente du directoire des femmes du MRC. Elle a pris publiquement position pour dénoncer le « harcèlement continuel » subi par ce parti, dont elle assure la défense de nombreux militants actuellement emprisonnés. Le 26 janvier, les forces de sécurité commencent peu après le début de la manifestation à tirer des gaz lacrymogènes, provoquant un mouvement de foule. Des témoins rapportent des tirs à balles réelles. C’est dans ce contexte qu’un des leaders du MRC, M. Célestin Djamen, est blessé et transporté à l’hôpital. Me Ndoki qui ne fait pas partie des manifestant, décide de se rendre à l’Hôpital en voiture, enfin de s’enquérir de l’état de M. Djamen. L’accès lui est alors refusé, et, lorsqu’elle sort de son véhicule, un policier la suit et lui tire dessus à quatre reprises, la touchant trois fois, et blessant une commerçante qui se trouvait à côté. La blessure de Me Ndoki s’ajoute au lourd bilan de la répression subie par les avocats camerounais pour la seule journée du 26 janvier, avec notamment la mise en détention de trois de ses confrères Me Emmanuel Simth, Me André Maris Tassa et Me Alphonse Ngaliembou, dont l’un a été appréhendé dans l’hôtel où il résidait. L’OIAD exprime tout son soutien à Me Ndoki ainsi qu’aux avocats placés en détention suite à la manifestation du 26 janvier, et condamne fermement tant l’usage excessif de la force que le recours aux arrestations arbitraires par les autorités camerounaises. L’OIAD rappelle à ces dernières que, conformément aux Principes de base des Nations Unies relatifs au rôle du barreau, « les avocats, comme tous les autres citoyens, doivent jouir de la liberté d'expression, de croyance, d'association et de réunion. En particulier, ils ont le droit de prendre part à des discussions publiques portant sur le droit, l’administration de la justice et la promotion et la protection des droits de l’homme » (principe n° 23). L’OIAD exhorte les autorités camerounaises à respecter leur devoir de veiller « à ce que l'accès à la profession d'avocat, ou l'exercice de cette profession, ne soient entravés par aucune discrimination fondée sur (…) les opinions politiques » (principe n° 10). Qui sommes-nous ? L’Observatoire international des avocats en danger a été fondé par le Conseil national des barreaux (France), le Barreau de Paris (France), le Consejo General de la Abogacía Espanola (Espagne), et le Consiglio Nazionale Forense (Italie). Son objectif est de mener une veille permanente de la situation des avocats menacés dans le monde en raison de l’exercice légitime de leur profession et de porter assistance aux avocats dont la vie, la liberté ou l’exercice professionnel sont menacés.


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