[Économie]le Cameroun s'associe à l'Allemagne pour relancer la filière textile
Les chiffres sont alarmants. Et dénotent d’une atonie, voire de l’agonie, de l’industrie textile au Cameroun. Selon une note d’analyse prospective du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) d’avril 2020, « depuis plus de 20 ans, le Cameroun est absent de la filière textile ». Cette assertion s’appuie sur le fait que « seulement 2% du coton camerounais est transformé sur place ». L’on peut donc aisément penser, comme le Minepat, que « malgré les énormes potentialités qu’offre le Cameroun en la matière, la plus grande partie de la production cotonnière du pays est destinée à l’exportation ». En effet, les données issues du recensement des entreprises de la filière réalisé en 2014 par le Minepat et l’Institut national de la statistique (INS) révèlent que le Cameroun compte près de 15 000 unités de production dont malheureusement 99,4% sont de très petites entreprises (TPE) pour seulement 0,4% de moyennes ou grandes entreprises (ME et GE) et 0,2% de centres de formation dont 91% d’unités de production pour la seule activité de confection. Les mauvaises nouvelles ne concernent pas seulement la qualité et le niveau d’expertise des unités de production de la filière coton-textile. Selon un rapport de l’INS de 2016, « le niveau d’obsolescence des équipements est passé de 54,9% en 2012 à 57,8% en 2014. Par ailleurs, le taux de vétusté du parc de production et de confection était de 77,5% ». La note d’analyse du Minepat conclut à « une situation qui dénote de la vétusté de l’appareil de production de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) ». Selon un rapport conjoint Banque mondiale (BM)/GIZ de 2015, cet appareil présente un taux de transformation du coton de seulement 2%. Pour finir, en 2011, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) révèle que « le Cameroun ne dispose que de 55 000 broches (le nombre de broches installées détermine la capacité de production d’une filature) contre 120 000 pour la Côte d’Ivoire, 600 000 pour le Nigeria et 2,5 millions pour l’Egypte. Ce qui affecte la compétitivité du pays. » Relance C’est dans ce contexte peu reluisant et « très peu compétitif » que la République fédérale d’Allemagne, à travers son ministère de la Coopération et du Développement (BMZ), veut relancer la filière textile au Cameroun. En coopération avec le Minepat et le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), la GIZ, bras séculier de la coopération allemande, a mis sur pied le projet global « Durabilité et valeur ajoutée dans les chaînes d’approvisionnement agricoles (ProCoton) ». Le 9 mars 2022, ce dernier a organisé une table ronde au cours de laquelle il a présenté Camtex Lab. Selon la conseillère technique principale de ProCoton, Rosette Mbenda, « Camtex Lab est un nouvel outil au service de l’entrepreneuriat pour faire émerger et accompagner les start-ups industrielles textiles au Cameroun ». Pour Alain Aucouturier, de la Gherzi Textil Organisation AG, partenaire du projet, « Camtex Lab est un incubateur/accélérateur qui vise à identifier, sélectionner et accompagner des jeunes pousses dans la conceptualisation, le démarrage et/ou le développement de leur projet textile ». Au cours de cette première phase, 100 millions de FCFA sont nécessaires pour mettre en route Camtex Lab. Les partenaires du projet sont lancés dans la recherche de ces fonds pour permettre à la demi-douzaine de projets retenus au terme d’une « sélection rigoureuse » d’être lancés.