Pierre semengue , ex-président de la lfpc :<< je suis victime d'un coup d'etat >>
Le général d’armée remet en cause la décision du Comité Exécutif de la Fécafoot de mettre fin à son mandat à la Ligue de Football Professionnel, et promet de se battre jusqu’au bout. Le Comité Exécutif de la Fécafoot a décidé de vous suspendre de vos fonctions de président de la Ligue de Football et par conséquent, a mis sur pied un Comité technique transitoire pour gérer cette institution. Comment réagissez-vous suite à ces deux décisions ? Mon mandat court jusqu’au 27 juillet 2020. Annoncer la suspension de ce mandat équivaut à un coup d’Etat. Je suis victime d’un coup d’Etat, mais je compte bien me défendre. Pourquoi prendre des décisions en s’appuyant sur des textes fabriqués, falsifiés. Je vais défendre mon mandat par tous les moyens. J’ai d’ailleurs saisi à cet effet la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage du Comité National Olympique et Sportif du Cameroun. Et c’est parce que la Fécafoot a compris qu’elle risque de permettre, voire d’être humiliée par la Chambre de Conciliation, qu’elle a précipité les choses en suspendant la Ligue de Football Professionnel. Pour que la Ligue ne puisse plus disposer d’un statut juridique pour se défendre. Voilà comment s’explique la suspension de la Ligue. Est-ce à dire que vous ne vous reconnaissez pas dans toutes les fautes qui vous sont reprochées par la Fécafoot ? La Fécafoot m’accuse d’un certain nombre de maux parmi lesquels, la manipulation de l’argent. Je tiens à rappeler que j’ai géré l’armée pendant près de 50 ans, j’avais des caisses d’avance et on ne me reproche pas d’avoir pris un seul franc dans ces caisses pendant tout ce temps. Je ne cautionne pas qu’on m’accuse des choses que je ne peux pas faire, et je trainerai au tribunal, quiconque le fait ; parce que j’ai mon honneur à défendre. On m’accuse de réitérer les violations. J’aimerais qu’on me cite une seule violation dont j’aurais été l’auteur. Je sais et je suis convaincu que tout ce que j’ai fait jusqu’ici, s’est fait en toute légalité. Les 560 millions de subvention que je reçois sont livrés intégralement à tous les clubs. Je ne dois aucun franc à un club. Si les clubs ne paient pas les joueurs, c’est un autre problème. Quand je suis arrivé à la Ligue, j’ai trouvé dans les caisses, 250 millions pour tout faire. C’était impossible de s’en sortir, étant entendu qu’on a amélioré le traitement des officiels. Les 250 millions en question ne pouvaient donc pas tout résoudre. C’est pour cette raison que j’ai demandé un secours au président de la République qui a entrepris de mettre à ma disposition, 500 millions de francs CFA. Et ce secours de 500 millions s’est muté en une subvention annuelle de 350 millions qui sont versés à la Ligue pour la portion centrale. Parce que, d’un autre côté, c’est la Fécafoot qui doit financer les compétitions. Or après des discussions et une réunion bilatérale, présidée par Joseph Antoine Bell, nous avons convenu que la Fécafoot doit verser 410 millions à la Ligue chaque année, pour l’organisation des championnats de première et de deuxième division. Ça s’est bien passé. Mais il y a deux ans, la normalisation [Dieudonné Happi] n’a payé que 200 millions. Il reste 210 millions que la Fécafoot nous doit. Nous nous sommes plaints d’ailleurs auprès du ministre des Sports et de la haute hiérarchie. Il a été demandé à la Fécafoot de me payer les 210 millions et que si celle-ci n’était pas en mesure de le faire, elle n’avait qu’à le dire. Mais la Fécafoot n’a fait ni l’un, ni l’autre. Et cette année, je crois que la Fécafoot a payé environ 130 millions, au lieu de 410 millions. C’est dire que la Fécafoot me doit plus de 475 millions. Qui a mis la Ligue en déficit ? C’est la Fécafoot. Pour terminer le championnat, j’ai été obligé de puiser dans les 350 millions que le gouvernement me donne chaque année. D’ailleurs, c’est avec cet argent qu’on aide parfois les clubs en difficulté. Les allégations de la Fécafoot sont nulles et de nul effet. Je n’ai jamais eu une observation de la part de la Fécafoot. J’ai souvent demandé au ministre des Finances et à celui chargé du Contrôle Supérieur de l’Etat de venir contrôler la Ligue. Et cela a été fait l’année dernière. Tout a été fait et jamais ma gestion n’a été remise en cause. Donc, dire que je détourne de l’argent est une accusation grave. Je porterai plainte. A la Fécafoot, l’on se plaindrait aussi du fait de votre âge que d’aucuns jugent « avancé »… Peut-être que je suis vieux. D’accord. Il y a un sénateur au Cameroun qui a 101 ans. Il y a un président de la République qui a 86 ans. Moi je n’ai encore que 84 ans. Je ne suis pas le vieux de la République. La Fécafoot devait attendre la nouvelle loi de 2018 sur le Sport, avant d’adopter ses statuts. Il fallait que les statuts soient conformes à cette loi. Seulement, ceux-ci ne tiennent pas compte de ladite loi. La loi définit le club professionnel comme étant une société sportive. Il se trouve que la Fécafoot ne reconnaissait pas les sociétés sportives, mais plutôt les associations sportives. C’est ainsi qu’on a eu des problèmes en début de saison avec la Fécafoot qui donnait des licences à des associations sportives qui n’étaient pas affiliés à la Ligue, pendant qu’elle refusait les licences aux sociétés sportives. Nous avons adressé un mémorandum à la Fécafoot. Rien n’a changé et maintenant nous sommes obligés d’aller devant les instances juridictionnelles.