La prise en charge des anciens footballeurs au frais de l'état est questionnables
Le décès survenu le 31 juillet 2020, de Stephen Tataw, des suites de maladie, à Yaoundé, relance le débat sur la gestion de l’après-carrière des footballeurs. Les pouvoirs publics doivent-ils prendre en charge les sportifs en fin de carrière ? A cette question, certains fans du ballon rond répondent, sans hésiter : «Oui». Les footballeurs le méritent bien. Eux qui ont accompli des exploits, porté haut les couleurs nationales. Mais, pourquoi une telle attention des pouvoirs publics ne serait pas aussi portée sur les enseignants, les personnels soignants et les ingénieurs agricoles qui remplissent des missions hautement plus importantes ? Que dire alors des forces de défense…, qui peuvent aller jusqu’au sacrifice suprême dans l’accomplissement de leur métier ? Les sportifs en général et les footballeurs en particulier perçoivent régulièrement, tant en club qu’à l’équipe nationale, des revenus colossaux qui devraient leur permettre de mener une existence paisible. Tenez, par exemple, pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, chaque joueur de l’équipe nationale a perçu du gouvernement, des primes allant parfois à plus de 50 millions de FCFA ! Il est connu de tous que les Lions indomptables ont été ridicules à cette compétition, terminant avant-dernière équipe avec zéro point. Il importe aussi de préciser que 50 millions de FCFA, c’est un montant largement supérieur au salaire de toute une vie d’un professeur de lycée d’enseignement général classé à la catégorie A2 de la Fonction publique. Ce fonctionnaire enseignant, ou le médecin, est plus utile à la société qu’un footballeur en culotte, dont le travail se résume à courir derrière une boule de peau de vache remplie d’air ! Eviter d’être mendiant Pourtant, on a rarement entendu de tollé général lorsqu’un fonctionnaire qui a servi son pays durant trente ans, voire plus, vient à décéder sans avoir perçu la moindre médaille, encore moins de pension retraite qu’il aura vainement attendu avant de succomber dans l’indigence totale. Invité d’une émission télévisée sur la Crtv, la chaîne publique, Dieudonné Nké, ancien gardien de but du Tonnerre Kalara club (TKC) de Yaoundé reconverti entraîneur a vivement conseillé de «penser à l’après foot», car «comme tu dresses ton lit, ainsi tu dors». Michel Kaham, autre icône du football camerounais, entraîneur et formateur de jeunes, ajoute à cet effet que : «chacun prépare à sa manière sa reconversion». Ceci devrait éviter aux footballeurs de se comporter comme des mendiants au crépuscule de leur carrière. Indigence chronique Après Jean Marie Tsébo, Léonard Nseké et Benjamin Massing, tous d’anciens internationaux emportés brutalement par l’ange de la mort en 2017, sans oublier Louis Paul Mfédé qui avait définitivement raccroché ses godasses en 2013, dans le dénuement total, une autre figure emblématique du football camerounais est tombée. Onana Eloundou Elie, défenseur central de Fédéral de Foumban et du Canon sportif de Yaoundé des années 80, y compris des Lions indomptables mondialistes 82 en Espagne et champions d’Afrique 84 en Côte d’Ivoire, a été retrouvé mort le 2 avril 2018 à Yaoundé. Onana Eloundou Elie, est arrivé à l’équipe nationale à 31 ans, à l’âge où d’autres pensent à raccrocher. Il est devenu titulaire surprise à la Coupe du monde, à la place du capitaine de l’époque, et une référence au poste de Libéro, Doumbe Léa. Ancien gardien de prison, et ex sociétaire de Fédéral du Noum et de Canon de Yaoundé, il est mort le 2 avril 2018 après une longue agonie. Benjamin Massing quant à lui est décédé dans la nuit du 09 au 10 décembre 2017. Un hommage vibrant lui sera rendu, depuis Buenos Aires en Argentine, par la super star du football mondial, Diego Maradona. «Je veux mesouvenir du défunt Benjamin Massing. Nous étions rivaux au début de l’Italie 90. Derrière chaque joueur de football, il y aun homme et une famille. Mes respects pour eux», a écrit l’argentin sur sa page Facebook. Décédé à l’âge de 55 ans en son domicile à Edéa, Benjamin Massing a eu droit à d’autres éloges étrangers. Louis Paul Mfede est quant à lui décédé le 10 juin 2013 à Yaoundé à 52 ans, des suites de maladie. A l’annonce de sa disparition, ses ex coéquipiers ont délié leurs langues, pour décrier la misère dans laquelle l’ancien n°10 des Lions indomptables a vécu. En fin Jean Marie Tsébo. Auteur d’un but des quarante mètres, qui a permis au Cameroun de battre la Côte d’Ivoire, lors de la CAN de 1970 à Khartoum, Jean Marie Tsébo devint un héros populaire. Du moins jusqu’à sa mort le 22 janvier 2017. Le 20 mai 2008, cet ancien footballeur au gabarit impressionnant, doté d’une frappe surpuissante, a été victime d’un accident vasculaire cérébral. «Jean Marie est sous sonde, il ne mange pas et ne parle pas», s’indignait Danielle Yvette Tchuenkam, son épouse en larmes. Le 5 février 2005, Jean Marie Tsébo avait déjà passé 11 jours de coma à la Caisse nationale de Prévoyance sociale (CNPS) à Yaoundé. En décembre 2008, enfin, l’État camerounais accepte de régler le voyage pour Paris, et la note de l’hôpital Ambroise Paré. Tsébo y restera quatre mois, subissant une délicate opération au cerveau .