Bataille d'ego : vers la mort du football camerounais

La Fédération vient de reprendre à son compte les activités octroyées à la Ligue, laquelle n’entend rien lâcher à quelques semaines du CHAN qu’accueille le pays. La Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a décidé de retirer, à compter du 4 novembre 2020, «de retirer toutes les compétences déléguées à la Lfpc (Ligue de football professionnel)». L’instance précise qu’«il n’existe pas de délégation de compétences» entre elles. A l’appui de cette mesure, elle pointe des «dysfonctionnements internes ou défaillances de la Lfpc qui transparaissent à travers la remise en cause» d’une résolution, prise lors de son assemblée générale du 25 septembre. Dénonçant «la cacophonie» dans l’organisation des assemblées de la Ligue, la tutelle reproche aussi à son démembrement l’organisation, au mépris de celle-ci, des règlements de la Fédération internationale de football association (Fifa), de la Confédération africaine de la discipline (CAF), d’une rencontre, dimanche dernier à Yaoundé entre Coton Sport de Garoua et Panthère du Ndé, présentée comme le match d’ouverture de la saison 2020-2021. Lors dudit match, apprend-on, les joueurs se sont présentés sur l’aire de jeu sans licences alors que les officiels avaient été importés de l’étranger (Guinée Equatoriale). Après les demandes d’explications adressées aux dirigeants des deux clubs sus-évoqués, ainsi que leur traduction devant les organes juridictionnels compétents, la Fédération annonce la reprise en main, «dans les tout prochains jours», de l’organisation des championnats de D1 et D2. Cette sortie constitue le énième épisode de la guerre ouverte entre la Fecafoot et la Lfpc. La veille, dans la continuité de la bataille épistolaire qu’elles se livrent depuis des mois, le président du dernier organe cité, Pierre Semengue, nargue royalement le patron de la Fédération, Seidou Mbombo Njoya, qui l’avait invité le même jour à prendre part à une séance de travail. Dans sa réponse, le général d’armée à la retraite fait part «des doutes (…) sur la neutralité de la Fecafoot concernant l’attitude séditieuse de certains présidénts de clubs qui, malgré la décision d’interdiction signée par le sous-préfet de Mbankomo, ont pu avoir accès au Centre d’excellence de la CAF géré par la Fecafoot pour tenir une assemblée générale anti-statutaire». Casus belli On rappelle que, le 29 octobre, les dirigeants de 18 clubs, sur les 21 membres que compte la Ligue, réunis en assemblée générale extraordinaire dans la banlieue de Yaoundé, après que le sous-préfet de la localité a rétorqué leur déclaration de manifestation publique, ont «à l’unanimité» voté une résolution prononçant la dissolution de la Lfpc. Ils avaient aussi décidé de la mise, à la disposition de la Fédération, du patrimoine de leur organe pour en assurer la gestion, jusqu’à la reconstitution d’une nouvelle instance en charge de la gestion des championnats d’élite. Estimant que le casus belli est désormais consommé, Pierre Semengue, après avoir saisi la justice aux fins de tirer au clair «cette affaire qui, apparemment, va au-delà du cadre du football», suggère désormais à Seidou Mbombo Njoya de s’adresser au Comité national olympique et sportif (Cnosc) «pour une médiation en toute neutralité». Quelques semaines avant ce coup de pied de l’âne, c’est le président de la Fecafoot qui s’était braqué contre les bons offices proposés par le ministre des Sports (Minsep), Narcisse Mouelle Kombi, qu’il soupçonnait également d’impartialité. Pourrissement Cette nouvelle montée de tension, sur fond d’ego surdimensionnés, intervient alors que le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne a, le 14 septembre, ordonné la réhabilitation de la Ligue, dont les activités furent suspendues un an auparavant. En dehors de cette réhabilitation, la Fédération, qui au passage a claqué quelque 930 millions de francs en frais de procédure, était condamnée à lui verser un montant de 3.067.550 francs. Si la Fecafoot, en son temps, s’était engagée à respecter cette sentence, la nouvelle tournure des événements laisse clairement croire que, en manipulant – c’est Pierre Semengue qui le souffle – une partie des membres de la Ligue, Seidou Mbombo Njoya compte reprendre la main en s’arrogeant, dorénavant, l’organisation des championnats de D1 et D2. Et donc en vidant le Ligue de sa substance. Au niveau de l’exécutif, la situation ne semble pas encore inquiéter grand-monde. Disqualifié par un des acteurs du conflit, le Minsep a perdu de son autorité: A la présidence de la République, ou à tout le moins dans les services du Premier ministre, l’on n’est non plus pressé de rappeler les duettistes à l’ordre. A cette allure, il n’a aura sans doute que la Fifa pour mettre fin à cette situation de pourrissement. Avec des sanctions conséquentes et, sans doute aussi, la mise en place d’un énième Comité de normalisation du football camerounais. Un climat qui devrait déteindre sur toute la discipline, et à tous les niveaux. Pendant ce temps, le Championnat d’Afrique des nations (CHAN), que le Cameroun accueille du 16 janvier au 7 février 2021, approche à grands pas. On rappelle que cette compétition rassemble 16 sélections de joueurs évoluant dans les championnats locaux. On ajoutera.qu’à l’heure actuelle, le pays organisateur ne dispose pas d’équipe nationale A’ dûment constituée.


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