Selon le « fo’o” des Bamendjou, 90% de ses homologues gardiens de la tradition Bamiléké n’ont pas l’onction de leurs ancêtres. Dans les Chefferies traditionnelles de la Région de l’Ouest, les chefs qui peuvent se targuer d’être les véritables héritiers du trône sont très peu. Sa Majesté Jean Rameau Sokoudjou estime à peine à 10% la proportion de ceux-ci. Au cours d’une récente rencontre avec le reporter de La Nouvelle Expression, le « fo’o” du peuple Bamendjou s’est montré très préoccupé par cette propension au travestissement de la volonté d’un chef aussitôt que ce dernier a fermé les yeux. Loin de se limiter à faire le triste constat, le doyen des chefs traditionnels du Cameroun (67 ans de règne) dit sa détermination à combattre ce phénomène qui à ses yeux, avilit la tradition Bamiléké. «Dans beaucoup de chefferies à l’Ouest, j’ai mené des combats pour qu’on ne change pas le chef», renseigne-t-il. Seulement, ses efforts solos n’ont pas toujours porté des fruits. Car, «tous mes autres frères et collègues chefs traditionnels sont complices», regrette-t-il. Des chefs coquilles vides Certains fils ou proches d’un défunt chef ayant utilisé des voies peu orthodoxes pour s’adjuger le trône, parviennent certes à régner, mais ceux-ci sont presque des coquilles vides, puisque ne bénéficiant pas de la protection de leurs ancêtres. « Il est né chef, on ne le fabrique pas. Un chef fabriqué n’a pas ce qu’un chef Bamiléké doit avoir sur lui. Le chef Bamiléké a sur lui, quelque chose d’innée, de divin, c’est pour cette raison qu’il n’est pas n’importe qui », révèle « fo’o” Sokoudjou qui livre par ailleurs les secrets de sa longévité. « On dit que je suis le chef qui a le plus régné alors que j’en ai encore pour longtemps. J’ai encore à régner pour longtemps parce que ce sont mes ancêtres qui le confirment, ce n’est pas moi qui le dit. Je règne grâce à eux, grâce à leur protection et non parce que je suis trop fort », confesse-t-il. Si les chefs légitimes bénéficient de la protection des ancêtres, les chefs illégitimes quant à eux, attirent à contrario vers leurs descendants et eux, de graves sortilèges. «Lorsqu’ils réussissent à régner sans problème, ils pensent que tout est passé. Pourtant plus tard, ça finit toujours par avoir des retombées sur leurs enfants, petits-enfants, ou arrières petits-enfants», prévient le SM Jean Sokoudjou. Il cite d’ailleurs quelques anecdotes qui se sont produites à la suite d’un changement du testament d’un notable ou d’un chef traditionnel. «Nous avons connu des situations ici même à Bamendjou où un monsieur, parce qu’il avait beaucoup d’argent, est parti des Usa pour venir imposer le successeur d’un notable. Quand il est rentré chez lui, il a été surpris de retrouver son père mort assis dans son salon, lui demandant ce qu’il fait ici. Au même moment, celui qu’on avait imposé ici subissait la même situation. Les choses sont rentrées dans l’ordre quand il est revenu au Cameroun pour remettre le sac de succession à qui de droit. J’ai mis 12 ans pour résoudre le problème de la Chefferie Bameka. Au départ, personne n’avait cru. Mais le temps a fait jaillir la lumière», dévoile-t-il. Ce gardien de la tradition dit avoir le devoir de faire ce qui est de son possible pour sauver l’institution traditionnelle dans toute son authenticité.
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