[Santé]le Cameroun veut mobiliser 101milliards de FCFA contre le paludisme

C’est l’objectif de la campagne « Stop malaria »lancée le 10 mars dernier à Yaoundé en présence de nombreux partenaires. Y parviendra-t-il ? Les dés sont jetés.Un bébé de 17 mois, orpheline à cause du paludisme. Sa maman, une journaliste de 34 ans est passée de vie à trépas à cause de cette vilaine maladie qui a tué 3 863 camerounais en 2021(voir Le Messager N° 5972 du 10 mars 2022). Mais que de nombreux camerounais ont tendance à banaliser encore aujourd’hui. « Donnons un sens à la mort d’Annie Laure et à toutes les victimes du paludisme comme elle, en sauvant plusieurs autres vies. Permettons à sa petite fille Ladouce de ne pas voir le paludisme emporter sa grand-mère ; consoler mon cœur de mère : stop malaria », plaide la maman d’Annie-Laure en larmes. Le témoignage poignant de cette victime du paludisme pourrait-il interpeller les leaders et décideurs ; les communautés elles-mêmes ? Il le faut !Au regard du poids social de cette maladie sur les vies humaines et sur l’économie nationale voire mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), chaque année au moins 6 millions de cas de paludisme et environ 11 500 décès sont enregistrés au Cameroun. Pour faire face à cette explosion de maladies endémiques, une politique nationale de santé publique fortement appuyée par les partenaires du Cameroun à l’international et certains acteurs locaux a été menée par le gouvernement. En appui aux différents Plans stratégiques de lutte contre le paludisme, l’OMS recommande aux pays à très haut fardeau comme le Cameroun l’approche « High Burden High Impact » qui a porté ses fruits dans les autres pays à fort impact du paludisme. « Malgré les efforts de lutte contre le palu- disme et l’appui des partenaires au développement, l’incidence épidémiologique aujourd’hui impose la mobilisation de ressources additionnelles pour promouvoir l’atteinte des objectifs des principales interventions du Plan stratégique national de la lutte contre le paludisme de 2019 à 2023 », a déclaré le ministre de la Santé publique à la faveur du lancement de la campagne « Stop malaria », le 10 mars 2022 à Yaoundé. Argent et actions Conçue sous le modèle « High Burden High Impact », cette campagne vise de manière spécifique d’ici 2023 à « renforcer le dialogue politique au niveau national sur la lutte contre le paludisme ; contribuer à mobiliser au moins 75% du gap de 100 milliards de Fcfa pour l’attein- te des objectifs du Plan stratégique natio- nal de lutte contre le paludisme (Psnlp) 2019-2023 ; obtenir l’engagement des leaders à poser des actes concrets dans la lutte contre le paludisme chacun dans son domaine de compétence », précise Olivia Ngou, directrice exécutive de l’Ong Impact santé Afrique, une organisation partenaire du gouvernement dans la mise en œuvre de cette campagne. Selon qui l’un de ces actes fort est une augmentation du budget de l’Etat allouée à la lutte contre le paludisme de 2% par an. Les défis sont nombreux. « Nous devons tout faire pour prendre en compte tous les malades surtout les plus démunies ; Prendre en compte les agents de santé communautaire qui font un travail remarquable pourtant on n’a jamais précisé leur statut ; mobiliser les ressources domestiques.», propose Elise Pokossy Doumbe. La députée et membre de la taskforce des parlementaires pour la lutte contre le paludisme estime aussi qu’une augmentation de l’enveloppe budgétaire est indispensable. Il est attendu une forte implication des maires aussi.« Ils pourraient par exemple organiser le soutien aux agents de santé communautaire dans leurs localités, aider les formations sanitaires de leurs localités en les appuyant sur divers aspects en intrants, en formation, un personnel qualifié, le champ est tellement vaste pour ces élus-là », détaille Dr Marcellin Ateba,secrétaire permanent adjoint du Programme national de lutte contre le paludisme. Pour le Pr Rose Leke, professeure d’immunologie et de parasitologie, cette riposte passe également par la « débanalisation » de la maladie au sein des communautés. « Nous devons cesser de sous-estimer le paludisme. Arrêtons de dire ce n’est qu’un petit paludisme, ça va passer. Arrêtons aussi de nous auto-pres- crire les médicaments », conseille-t-elle. Transmise à l’homme par la piqûre d’un moustique : l’anophèle femelle, le palu- disme est une maladie parasitaire fébrile qui se manifeste par les maux de tête et les douleurs articulaires. Dans certains cas (chez les enfants), des nausées, des vomissements, et la diarrhée. Dès l’apparition de ces symptômes, il est conseillé de se rendre immédiatement dans une formation sanitaire pour une prise en charge immédiate et appropriée. Mais en cas de forte température, si on est éloigné d’une for- mation sanitaire, Wilfried Mbatcham, professeur de biotechnologie de la santé publique, recommande d’utiliser de l’eau froide pour baisser la température qui lorsqu’elle est trop élevée, peut endommager d’autres systèmes de l’organisme.


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