Suivre ici l’éditorial politique du lundi 19 juin 2023 d’Eric Boniface Tchouakeu. C’est le chef de chaîne de la Radio Tiémeni Siantou (90.5 FM à Yaoundé et Bafang).
L’ancien responsable de la communication du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Sosthène Medard Lipot qui a démissionné des rangs de la formation politique le 16 mai 2023, annonce la création dans les prochains jours d’un nouveau parti politique.
Avant lui, au moins deux autres anciens cadres du MRC ont lancé leurs propres partis politiques depuis plusieurs mois.
Il n’est pas à exclure que les scénarios de démissions des organisations politiques existantes au profit de la création de nouvelles par des acteurs politiques, se répètent au fur et à mesures de l’approche des futures échéances électorales théoriquement prévues en 2025.
On n’oublie pas en effet qu’en plus du MRC, le Social Democratic Front (SDF),une autre grande formation politique, est traversée depuis quelques années par des graves tensions internes qui ont déjà poussé durant les derniers mois, ceux qu’on pourrait qualifiés de « frondeurs », regroupés au sein de ceux qu’ils appellent «G27+ », à se tourner vers la justice.
Plus vraiment besoin de mentionner dans le même sillage l’Union des Populations du Cameroun (UPC), le plus ancien parti politique du pays en proie à de profondes divisions depuis le retour au multipartisme dans les années 1990.
D’un point de vue du nombre le Cameroun compte déjà à ce jour plus de 300 formations politiques, sans qu’on ait réellement autant d’idéologies. Dans de nombreux cas, ce sont des partis existants qui ont produit des excroissances à la suite de profonds désaccords entre leurs membres.
Cependant, l’une des questions à se poser est de savoir pourquoi les formations politiques qui se réclament du même courant idéologique ne se mettent pas, ou n’envisagent pas du moins dans le court terme, de se mettre ensemble pour créer un seul mouvement plus grand ? Sur la scène, plus d’une vingtaine de partis affirment pourtant être des socio-démocrates par exemple.
L’autre interrogation qui coule de source consiste à se demander pourquoi, des anciens camarades qui démissionnent dans un intervalle de temps relativement court, ne finissent pas par se regrouper dans une seule et même formation politique plus tard au lieu de créer chacun sa propre organisation? Cela amène à douter de la sincérité des motivations souvent déclinées en public par certains démissionnaires.
A la vérité, la facilité de la création des partis au Cameroun, a conduit à la prolifération de « boutiques politiques »détenues par des « commerçants politiques.» A peine une vingtaine de formation possède relativement un siège physique, ou anime la scène politique au quotidien.
D’autres, notamment des leaders, utilisent leur organisation pour des tractations dans le sens de la défense de leurs intérêts personnels au détriment du peuple à qui ils tiennent des discours démagogiques.
Au regard du nombre de partis existants, aucun acteur politique qui a des ambitions nationales n’a véritablement encore besoin de créer une formation politique par le truchement d’une augmentation du nombre.
Il peut le faire en le réduisant comme avait essayé de le faire l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats, Bernad Muna de regretté mémoire, lors de la mise sur pied de la deuxième version de l’Alliance des Forces Progressistes (AFP), le 25 mars 2007.
Ce jour-là, plusieurs formations politiques, excroissances du SDF, avaient décidé de se fondre dans un seul mouvement. Même si Bernard Muna et l’AFP n’ont jamais vraiment pesé sur la scène nationale, leur stratégie a au moins eu le mérite de diminuer et non d’augmenter en son temps, le nombre de partis politiques au Cameroun.
Maurice Kamto et le MRC, ont essayé cette technique avec plus ou moins de succès lors de la naissance du parti en aout 2012.
On peut également mentionner l’exemple de Cabral Libii qui a « redonné » vie au Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), crée en 2003, mais véritablement présent sur la scène seulement après l’arrivée à la tête de la formation politique de ce député au lendemain de la présidentielle de 2018.
En tout cas, telle que la scène politique se présente aujourd’hui, il ne sera pas évident à court terme à une formation politique nouvellement créée en dehors des processus que nous venons de citer, d’émerger, tout simplement parce que les acteurs de la classe politique seront restés pour l’essentiel les mêmes.