L’activiste socio-humanitaire a décliné son ambition politique face à la presse vendredi dernier à Yaoundé. Désormais, Jean Claude Shanda Tonme sera un acteur du champ politique national. L’homme est le président du Mouvement populaire pour le dialogue et la réconciliation (Mpdr), le plus jeune parti politique créé au Cameroun. Une entrée en politique qui ne manque pas de surprendre, tant l’opportunité ne semble pas a priori justifier ce revirement de celui qui était davantage présenté comme un acteur de la société civile. « Humblement, je crois qu’il est temps pour moi d’agir en participant à influencer les grandes décisions et préoccupations dans mon pays avec un statut pus assumé dans les cercles politiques », se justifie Shanda Tonme. « Avec la société civile, c’est parfois une fuite en avant, un manque de courage. J’ai pensé à un moment qu’il fallait que je m’assume », poursuit-il. Et l’homme s’engage alors que toutes les opportunités de pouvoir mieux influencer la prise de décision sont passées. « Je suis un acteur politique ; j’ai des choses à dire, des choses à faire», clame-t-il. Refusant l’étiquette de novice sur le terrain politique. « J’ai écrit des livres sur la politique et j’en écris tous les jours. Donc je sais où je vais», se défend-il. Le problème Bamiléké La montée en puissance de la haine ethnique au Cameroun, doublée de menaces de déstabilisation orchestrées par une diaspora qui a soif du changement à la tête de l’Etat le préoccupent. « J’ai grandi à Déido, et je revendique mon appartenance à la communauté Déido. Mais les grandes familles Déido sont en train de disparaître du fait de la modernité avec l’envahissement », regrette-t-il. Le pont est vite établi pour fustiger l’attitude de ses « frères » Bamiléké qui sont de plus en plus présentés comme opposés aux Béti dans la lutte pour la succession de Paul Biya. Certes « il existe un problème Bamiléké au Cameroun», mais l’homme a un regard « non partisan » sur la question. « Le problème Bamiléké est le fruit de deux situations : l’appréhension du colon et l’expansionnisme». L’acteur social explique que la considération du colon sur le Bamiléké a laissé des séquelles. Plus important, « les Bamiléké font peur à la fois parla manière dont ils s’installent partout et dans le silence, mais en pénétrant ; et l’illusion d’une discipline dans leur organisation, qu’ont les autres d’eux ». Et pourtant, « partout, c’est la même organisation ; il n’y a aucune structure au-dessus du chef», essaie-t-il de justifier. Un discours que d’aucuns ont perçu comme un revirement dans le positionnement de celui qui est l’un des pères fondateurs du La’akam, une association regroupant des élites Bamiléké, à laquelle il est prêté des missions de lutte hégémonique en faveur des ressortissants de cette aire géographique. « Cette association a été mal perçue et certains ont cru qu’elle avait été créée pour une guerre ethnique. Je voudrais vous rappeler que les vrais patrons du La’akam sont les chefs traditionnels et le but était de structurer, de conseiller et d’encadrer la communauté », jure-t-il. En revanche, « autant j’ai souvent eu à appeler à une représentation plus importante des Bamiléké dans certains niveau de responsabilités comme dans la préfectorale, autant je suis pour l’équilibre régional », soutient-il. Eloges à Biya L’homme dénonce l’attitude des Bamiléké dans la lutte pour l’alternance à la tête du pays. « Les Bamiléké sont les plus nombreux dans les mouvements hostiles à la patrie. En tant que ressortissant de cette aire, on se sent gêné. Et quand vous promettez de prendre le pouvoir coûte-que-coûte, en menaçant physiquement le président Biya, vous oubliez qu’il a aussi une famille, des frères, etc. Personne ne va croiser les bras pour vous attendre», interpelle-t-il. Si le Mpdr compte travailler à réconcilier les Camerounais, il veut faire passer le message selon lequel « le temps du village est passé ; aujourd’hui c’est le temps du Cameroun» Aussi, « le Cameroun n’est pas l’Algérie, le Cameroun n’est pas l’Egypte, le Cameroun n’est pas la Tunisie, ni le Soudan», clame son président. Mettant en garde ceux qui espèrent renverser le régime Biya par la voie d’une insurrection. De toutes les façons, le Mpdr s’engage à mettre en déroute toute organisation qui s’engage sur cette voie. Ne tarissant pas d’éloges à l’endroit de Paul Biya qu’il a très souvent vu dans l’échec de gouvernance du Cameroun. «C’est un homme sage, qui a une grande idée de l’unité nationale. Plusieurs fois il lui a été proposé de tourner le dos à l’Ouest pare que l’Ouest lui a très souvent été frondeuse, et je fais partie de ceux qui se sont opposés à sa venue en 1992, mais il a rétorqué qu’il ne fera pas le Cameroun en écartant une partie», confie-t-il.
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