Sérail : ce qui se cache derrière l'audit des lignes 65 et 94

Les deux lignes, c’est au minimum 500 milliards de FCFA par an. L’instruction présidentielle prescrit un audit sur les 10 dernières années (2010-2021). Lire ici la tribune de Jean Robert Wafo, parvenue à notre rédaction : Donc sur un montant global d’environ 5000 milliards de FCFA. Les hommes d’affaires, les fonctionnaires et des dignitaires politiques ont plongé dans ces lignes. Ligne 94 (Interventions en investissements) dont l’objectif est de couvrir les charges non prévues de l’État en investissement. Montant: environ 95 milliards de FCFA par an. Tout y passe : opacité autour des critères d’évaluation et de sélection des projets à financer, nombre de projets financés, montant de chaque financement, non exécution de certains projets pourtant financés, projets financés qui n’ont même pas encore connu un début d’exécution, brume autour des noms des bénéficiaires, etc. Ligne 65 (interventions de l’État en fonctionnement) dont l’objectif est de couvrir les charges non prévues de l’État en fonctionnement. Montant : environ 400 milliards de FCFA par an. Tout y passe à savoir les missions fictives tant en interne que hors du pays, ordres de mission au-dessus de la norme (maximum de 90 jours annuels, sauf dérogation spéciale), les évacuations sanitaires fantoches et autres. Hypothèses: 1- Si cet audit va à son terme et aboutit à des procédures judiciaires engagées dans le strict respect du code pénal, nul doute que des biens colossaux disséminés de part et d’autre sur l’ensemble du territoire national seront saisis et vendus ou exploités pour renflouer les caisses de l’État qui sont exangues. 2- Le PR ne veut pas porter tout seul la responsabilité de la décrépitude financière du pays. Responsabilité du fait que c’est le PR qui nomme aux emplois civils. Il veut livrer les auteurs, les coupables et les complices au « bûcher » de la vindicte populaire. Pour dire qu’on lui a longtemps caché les informations sur ces deux lignes et que maintenant qu’il a su, il va sévir. Cela lui permet également de liquider les guetteurs du Grand Soir qui ont le nerf de la guerre et qui s’impatientent. Et ce qui rend encore plus complexe l’affaire réside dans le fait que pratiquement aucun guetteur d’avenir autour de lui ne semble avoir repoussé les faveurs de ces deux lignes budgétaires. Des opposants ont-ils également puisé dans ces lignes? Si c’est le cas, ce sera bien fait pour eux. Ils passeront également au bûcher. Il est question pour le prescripteur de l’audit d’accrocher les mentons de tous ces guetteurs d’avenir à un croc de boucher. Une fois le purgatoire achevé, la question centrale et importante est celle-ci : toute cette opération, c’est pour ouvrir le boulevard à qui donc? Le mystère se situe à ce niveau. Pour le moment bien sûr. La naïveté politique c’est justement d’avoir une analyse simpliste des actes de grande amplitude (plus de 1790 fonctionnaires et agents de l’État convoqués au ministère des finances) déclenchés par le PR dans ce contexte de Grand Soir. 3- L’audit de ces deux lignes n’est pas immédiatement suivi de poursuites judiciaires à l’encontre de ceux qui sont incriminés à divers niveaux. Ce sera considéré par les camerounais comme une entourloupe de plus et surtout de trop. L’effet boomerang de l’impunité peut être dévastateur pour le prescripteur de l’audit. Le peuple camerounais attend toujours des clarifications sur les dossiers de la CAN 2021 et de la gestion des fonds covid-19. Si cette hypothèse est retenue, il sera désormais difficile de donner du tort à ceux qui estiment qu’il n’y a plus un commandant à bord du navire Cameroun. Ce sera considéré comme une impunité de plus entretenue au sommet de l’État, une impunité de trop. Que retenir, si l’on s’en tient aux deux premières hypothèses qui, de mon point de vue, sont les plus sérieuses compte tenu du montant stratosphérique, du nombre important et de la qualité des personnes à auditer ? Lignes 65 et 94 = Miel + Anaconda + Cobra. Qui suis-je alors, serait-on tenté de se poser comme question ? Quelques indications : je savais bien que ces deux lignes allaient attirer beaucoup de monde et j’ai volontairement joué au naïf (il a laissé le pot de miel ouvert). J’ai prescrit l’audit de ces lignes (constriction de l’anaconda sur ses proies). Je vais cibler ensuite ceux qu’il faut rapidement liquider (venin du cobra) en les faisant passer par le TCS. Direction: derrière les barreaux. La neutralisation des guetteurs du Grand Soir a-t-elle définitivement entamé son dernier virage? On ne perd rien à attendre. Qui vivra verra. Par Jean Robert WAFO Homme politique SDF


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