Le corps électoral convoqué le 12 janvier 2023, le parti de Maurice Kamto n'entend pas y concourir, faute d'électeurs '' acquis ''.
Contrairement à sa promesse que désormais, » le MRC prendra part à toutes les élections » faite par Maurice Kamto son président, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ne sera pas de la partie pour ce premier rendez-vous. » C’est une question qu’il ne faut même pas poser. Le MRC n’ira pas à cette élection », se veut clair Joseph Emmanuel Ateba, Secrétaire national à la communication (Senacom) du parti qui s’est illustrée en 2020 par un boycott des municipales et législatives la veille du dépôt des dossiers de candidatures.
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Après ce boycott surprise qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, le MRC reprend avec le même disque. La raison de cette absence annoncée à cette 3ème élection sénatoriale au Cameroun depuis l’entrée en vigueur de la Constitution de 1996, est le défaut d’électeur : » Nous n’avons pas le corps électoral acquis à notre cause », se justifie Joseph Emmanuel Ateba. C’est que le parti de Maurice Kamto ne dispose ni de conseillers municipaux,ni de conseillers régionaux, du fait du boycott des élections de 2020.
Selon la loi, les sénateurs sont élus au scrutin indirect, avec un corps électoral comprenant les conseillers municipaux et les conseillers régionaux. Or en 2018, Paul Biya avait préféré proroger le mandat des conseillers municipaux, pour organiser les sénatoriales avant les municipales, et sans les conseils régionaux qui constituent une partie du corps électoral pour les sénatoriales. Ce malgré les critiques et dénonciations. Le MRC qui préparait la présidentielle du 7 octobre 2018, n’y avait pas pris part. Deux ans après, le MRC, fidèle à sa posture d’exiger comme condition à la participation à toute élection, la modification du Code électoral, poursuivait la campagne de dénonciation du » hold-up électoral » lancé après sa défaite à la présidentielle. Du coup, le parti de Maurice Kamto ne dispose aucun des siens au sein du collège électoral. Un gros handicap.
Contre les » arrangements »
Il est pourtant arrivé en 2013 que le Social democratic front (SDF) gagné la même élection dans la région de l’Adamaoua contre l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), sans avoir un seul conseiller municipal. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, majoritaire mais sans candidats, suite à l’invalidation de sa liste, avait préféré accorder ses voix au leader de l’opposition, plutôt qu’à son allié l’UNDP. Le MRC ne veut pas rêver d’un tel scénario : » Vous savez bien que c’étaient des arrangements », soutient le Senacom du MRC. Une analyse qui avait déjà été largement répandue. Des voix internes au RDPC avaient éclaté pour dénoncer un complot de Jean Nkuete le secrétaire général du Comité central du RDPC, avec le soutien de quelques barons du parti, pour tuer le rêve de certains » adversaires » internes. Au sein de l’opinion, beaucoup de critiques y avaient trouvé du grain à moudre contre le parti de Ni John Fru Ndi qui est depuis plusieurs années accusé de pactiser avec le pouvoir de Yaoundé, contre les intérêts du peuple et de ses militants. Le MRC, sans être le leader institutionnel de l’opposition au Cameroun, a réussi à s’imposer comme tel, face à un SDF qui se déchire depuis la présidentielle de 2018, dans le cadre de la transition à la tête du parti. Une posture de leader incontesté dont jouissait le SDF en 2018, mais qui avait séduit le RDPC qui a toujours été perçu comme un glouton insatiable.
Des cas sont légions, qui montrent que le RDPC n’est pas toujours le seul bénéficiaire de ce genre de situations. Si le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), bien parti pour arracher la majorité des voix dans le Nyong et Kelle aux régionales en 2020, n’avait récolté que 97 voix sur 248, alors qu’il disposait de 125 conseillers municipaux. Cabral Libi’i le président du parti, avait suspendu les exécutifs du parti dans ce département qui était présenté comme son fief. En revanche,dans la Mefou et Afamba, le PCRN qui au départ n’avait aucun conseiller municipal, avait arraché au RDPC 17 électeurs. Dans le Wouri, le parti de Cabral Libi’i avait fait mieux que ses 18 conseillers municipaux, en obtenant 22 voix. » On ne négocie pas ce genre d’arrangements avec nous car ça ne rentre pas dans notre ligne politique », se vante Joseph Emmanuel Ateba. Le parti de Maurice Kamto se montre depuis son avènement, opposé aux » arrangements ». Des sources crédibles justifient d’ailleurs le boycott de 2020 comme une action contre des » ennemis » internes, candidats à des postes électifs, qui auraient pris langue avec le régime de Yaoundé pour des intérêts personnels, contre la ligne politique du parti.
Le décret présidentiel convoquant le corps électoral
Le corps électoral a été convoqué pour le 13 mars 2023. Outre les 10112 conseillers municipaux élus en 2020, on y retrouvera 900 conseillers régionaux. Tous sont ainsi appelés à renouveler la Chambre haute du parlement. Lors de la dernière élection organisée le 25 mars 2018, seuls le RDPC et le SDF avaient pu glaner des sénateurs au sortir des urnes. Le parti au pouvoir avait obtenu 63 députés (9 régions), contre 7 pour le SDF (Nord-ouest). Paul Biya avait par la suite accordé quelques parts du » gâteau » aux partis alliés. Sur les 30 sénateurs qu’il devait nommer dont trois par région, le président de la République avait accordé la part du lion à son propre parti (24). Pour le reste, l’UNDP avait obtenu deux de ses membres ; l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (ANDP), l’Union des populations du Cameroun (UPC), le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) et le Mouvement pour la défense de la République (MDR) s’en sont sortis avec chacun un sénateur élu.