Réformes du système électoral : les pressions de l'opposition montent d'un cran

Lire ici l’éditorial politique d’Eric Boniface Tchouakeu, chef de chaîne de Radio Tiémeni Siantou une antenne privée émettant depuis Yaoundé au Cameroun. Le 24 novembre 2021, les sept (07) partis politiques de l’opposition regroupés au sein d’une plate-forme pour la modification participative et consensuelle du système électoral, ont malgré l’obstacle dressé sur leur chemin ce jour là, rendu public notamment par voie électronique et sur les réseaux sociaux, la quintessence de leurs propositions pour toiletter l’actuel code électoral en vigueur depuis 2012. La conférence de presse de présentation publique de ces propositions a été interdite au dernier moment par le Sous-Préfet de l’arrondissement de Yaoundé 3 pour : « ingérence dans les compétences législatives » et « tenue en cours de la session parlementaire » ; des motifs juridiquement infondés selon les partis de la plate-forme. Cependant, en parcourant les résultats des travaux de cette plate-forme qui a travaillé du 31 mars, date de sa mise sur pied, jusqu’au 16 novembre 2021, on constate que tous les points pouvant favoriser les fraudes électorales, émanant de l’écriture ou de l’interprétation équivoque du code électoral en vigueur, et qui sont généralement à l’origine des litiges électoraux, ont été passés au peigne fin. Il s’agit notamment des critères de désignation des membres d’Elections Cameroon, (Elecam), qui fait office de commission électorale indépendante, du recrutement de son personnel jusqu’à la désignation du président du bureau de vote le jour de l’élection. Les partis de la plate-forme proposent une démarche consensuelle à tous les niveaux. Ils suggèrent aussi que la détermination du calendrier électoral soit plus précise ; un meilleur encadrement du découpage électoral ; l’utilisation d’un bulletin unique lors des différents scrutins ; le non retrait ou la non utilisation des cartes électorales non retirées le jour du vote ; ou encore la publication dans des délais plus courts des résultats des différentes élections, en partant de l’annonce des résultats provisoires par d’autres instances avant le Conseil Constitutionnel, en ce qui concerne par exemple les législatives et la présidentielle. Les formations politiques de la plate-forme proposent également que tous les procès verbaux issus des bureaux de vote fassent foi et non plus seulement ceux détenus par la commission électorale ; et même que le vote soit obligatoire pour tous les citoyens ayant atteint l’âge de la majorité électorale. Sans que l’énumération ne soit exhaustive, on observe que ces propositions concernent des points du processus électoral qui , non seulement font l’objet de profondes divergences entre le pouvoir et l’opposition, mais aussi conduisent souvent à l’augmentation progressive du volume du contentieux électoral, et même des tensions et autres crises post-électorales. Ces propositions ne sont susceptibles de favoriser quiconque à une élection, mais permettent une meilleure visibilité de l’expression du choix du citoyen dans les urnes. Il faudra maintenant que le régime en place qui détient une majorité confortable dans les deux chambres du parlement, examine avec bonne foi, les propositions des partis politiques de la plate-forme qui regroupent toutes les principales forces actuelles de l’opposition au Cameroun. Le simple fait que ces partis aient réussi à nouer une alliance stratégique pour mener le combat pour une réforme consensuelle du système électoral, après plusieurs échecs des tentatives de regroupement des partis de l’opposition, certes en matière d’alliance électorale, est suffisamment parlant et ne doit pas être négligé ;et même si par ailleurs, l’essentiel de leurs propositions ne sont pas nouvelles sur la scène politique ou dans l’espace public. Le contexte actuel de la gestion du pouvoir où des batailles de positionnement ont lieu entre plusieurs clans au sein du sérail, dans la perspective de la succession de l’actuel Chef de l’Etat Paul Biya, âgé de 88 ans, doit également pousser tout le monde à travailler pour un large consensus sur les règles du jeu électoral. Pour que les élections jouent effectivement leur fonction de pacificateurs des rapports sociaux, ils faut que les prochaines qui seront organisées au Cameroun, soient les moins contestées possibles.


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