Chers camarades, Empoisonné par son passé immédiat, désorienté dans son passé récent, handicapé par son passé lointain, notre pays peut-il sortir du cercle infernal de la violence, des traumatismes et de la vengeance ? Le Cameroun a besoin que vive I’UPC ! L’Union des Populations du Cameroun doit-elle se réduire à un simple mouvement de témoignage, sans prise sur la vie publique et sur la nécessaire transformation du Cameroun ? C’est ce à quoi travaillent avec acharnement les forces du chaos à qui I’UPC pèse si lourdement sur la conscience. L’UPC deviendra-t-elle une espèce de colorant politique bon marché à la disposition de chaque opportuniste qui veut amadouer les populations tout en leur cachant sa véritable mission ? L’éclosion de nouvelles « UPC », puis finalement leur inexorable extinction, rythment l’une et l’autre les différentes phases de la transition engagée depuis trente ans. A quelles conditions au contraire, l’UPC redonnera-t-elle vie à l’espérance pour un pays plongé dans une profonde impasse politique et de graves difficultés socio-économiques ? Cette question est la nôtre, en écho et réponse aux trois premières. L’UPC a été délibérément interdite d’élection le 9 février 2020 Sous le fallacieux prétexte de « divisions », d’ailleurs administrativement préfabriquées, l’UPC a subi au cours du dernier processus électoral un véritable déni de justice, et l’Etat du Cameroun s’est couvert d’un véritable scandale politique et judiciaire. En effet, aux termes de la loi n° 90/056 du 19 décembre 1990 sur les partis politiques, il n’est pas possible de dire qu’un parti politique est légal au Cameroun mais que l’Etat ne sait pas qui le dirige. Et comme (‘Administration territoriale connaît à tout moment la direction de tout parti politique légal, ELECAM, conformément aux dispositions de l’article 43 du code électoral, ne saurait prétendre que le même parti a présenté deux listes concurrentes dans la même circonscription, parce que l’administration territoriale sait qui représente le parti et parle en son nom, sauf apparemment s’il s’agit de l’UPC ! C’est notamment pour cela que la loi demande une attestation d’investiture pour toute déclaration de candidature (articles 122, 165 et 182 du code électoral). Autrement, n’importe qui pourrait présenter n’importe quelle candidature au nom de n’importe quel parti ! Qui imaginerait, le cas échéant, qu’une telle candidature puisse être prise en compte par ELECAM, s’il s’agit du RDPC ? Rappelons-nous qu’en 2013, l’UPC avait été tout autant empêchée de participer aux premières élections sénatoriales du pays. Dans sa résolution n° 086 ELECAM/CE du 20 mars 2013, le conseil électoral donnait ainsi les raisons du rejet des listes de l’UPC : Pour le compte de ce parti, trois (03) factions ont concurremment présenté des listes de candidats à l’élection des Sénateurs (art. 218, alinéa 2 du Code électoral) En outre, du fait de la multiplicité de ces factions, aucun Bureau Directeur de l’UPC n’a été jusque-là reconnu par le MINATD (Loi n°90/56 du 19 décembre 1990 relative aux partis politiques). » En d’autres termes, après avoir signé en l’espace de 6 mois, en violation des statuts de l’UPC et de l’esprit même de la loi, trois récépissés de congrès concurrents pour le même parti en 2012, le MINATD dit à ELECAM que l’UPC ne peut pas concourir aux élections, parce qu’il ne lui a pas encore choisi de direction ! Que dit alors le MINAT en 2020, lui dont l’une des missions est le « suivi des activités des associations et des mouvements à caractère politique » d’après le décret n° 2019/030 du 23 janvier 2019 ? Rien ! Ou plutôt, volant à son secours, ELECAM devient MINAT et se charge lui-même directement de régler le compte de l’UPC. Dans sa résolution n°018/ELECAM/CE du 09 décembre 2019 portant rejet de listes de candidats pour l’élection des députés à l’Assemblée Nationale, ELECAM rejette toutes les listes de l’UPC, au motif que l’UPC aurait présenté 2 listes dans chaque circonscription. La résolution n°019/ELECAM/CE tire les mêmes conclusions pour les listes de candidats aux élections municipales. Cette fois-ci l’on ne parle plus de factions, notion inconnue de la loi et que la propagande officielle réserve à l’UPC, mais l’on fait croire que la direction du parti a envoyé elle-même deux listes différentes dans chaque circonscription. Les statuts de l’UPC ne prévoient pas une direction à deux têtes, alors une question majeure se pose mais reste à ce jour sans réponse : au 11 novembre 2019, date de la convocation du corps électoral pour les élections couplées du 9 février 2020, qui dirige l’UPC et est habilité à signer les investitures au nom de ce parti ? Voilà la question que devait poser ELECAM au MINAT, question qu’il a posée en 2013, mais plus en 2020, bizarre ! Au mois de janvier 2018, le MINATD prend acte de la direction de l’UPC issue du congrès tenu du 6 au 8 octobre 2017. Six mois plus tard, juillet 2018, le MINAT, en violation totale de la loi, désigne d’autorité hors de cette direction un « unique représentant de l’UPC » ! A partir de ce moment, il est clair que la vie publique du parti est fortement empoisonnée et sa mort attendue. L’extrême onction judiciaire A son audience du 19 décembre 2019 consacrée au contentieux pré-électoral, le Conseil Constitutionnel infirme la décision d’ELECAM pour ce qui concerne les listes UPC du Mfoundi, de la Haute Sanaga, de la Sanaga Maritime, du Wouri Est et du Wouri Sud, circonscriptions dans lesquelles seule une liste a été présentée au nom de ce parti à l’élection législative, compte non tenu de qui a signé l’investiture ! Le conseil Constitutionnel confirme par contre la décision d’ELECAM partout où il apparaît que deux listes ont été présentées au nom du parti. Justice ? Pas si vite ! En réalité, à travers sa décision, le Conseil Constitutionnel valide la thèse du parti légal mais sans direction, qui chercherait à investir aux compétions électorales par des voies multiples et concurrentes. Incroyable ! Tout cela pourquoi ? Même sans procès d’intention, l’on constate tout de même que cette décision couvre la faillite du MINAT, embourbé dans ses contradictions et incapable de ce fait de permettre la tenue des élections dans le respect de la loi, tout au moins en ce qui concerne l’UPC. Les tribunaux administratifs de région, compétents en matière de contentieux pour l’élection des conseillers municipaux, ont quant à eux appliqué un autre droit que le Conseil Constitutionnel. Ils ont confirmé les décisions d’ELECAM rejetant les listes de l’UPC partout, même dans les communes où une seule liste était présentée au nom de ce parti, comme par exemple à Douala 3ème ou Douala 5ème dans le Wouri, Dibamba, Ngwei, Pouma, Ngambe ou Ndom dans la Sanaga-Maritime, Mvengue dans l’Océan,…etc. Une même cause, deux jurisprudences I Pauvre UPC, pauvre Cameroun ! Qui peut douter un instant au vu de ce qui précède, que l’UPC est victime d’un déni de justice et d’un complot visant à l’éliminer de la scène politique camerounaise ? Qui peut nier qu’à l’occasion des élections législatives et municipales du 9 février 2020, des centaines de camerounais ont vu leurs droits bafoués tout simplement parce qu’ils sont membres de l’Union des Populations du Cameroun ? Ont-ils le droit de s’en plaindre ? Ont-ils le droit de se mobiliser pour défendre avec vigueur leur droit constitutionnel d’être candidats aux élections ? Ont-ils le droit de s’opposer avec fermeté à une dissolution camouflée de leur parti ? C’est leur droit de citoyens, c’est leur devçir de militants, je les y invite. LOUKA Basile Ancien Secrétaire Général de l’UPC Yaoundé, 25 mai 2020
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