Lettre à michelle ndoki par félicité esther zeifman

Ma Chère Michèle, Demain 6 septembre 2019, tu feras ton entrée dans ce bâtiment suranné abritant le Tribunal Militaire de Yaoundé devant lequel tu es renvoyée avec plusieurs de tes camarades de parti pour être jugée des faits entre autres : hostilité à la patrie, insurrection, dégradation de biens publics. Ma chère amie, Ma chère petite sœur, Savoir que tu vas comparaître devant ce tribunal militaire demain me révolte, et cette révolte, cette injustice doit être criée à la face du monde. Je crie haut et fort que tu ne peux pas et ne dois en aucun cas être jugée devant un tribunal militaire. En effet, tu es civile et en cette seule qualité, aucun tribunal militaire n’est compétent pour se prononcer sur les faits qui te sont reprochés. Ton pays le Cameroun est signataire de plusieurs conventions et traités internationaux qui interdisent la comparution de civils devant les tribunaux militaires. Je suis convaincue que tu entreras dans ce tribunal drapée de ta FIERTE et de TES CONVICTIONS. Ta voix puissante, la force de tes convictions transformeront ce lieu dont les murs sont honteusement couverts d’injustice et de violations des droits de toute sorte en une agora où tu feras vibrer LA FORCE DU DROIT. Oui ma chère Michèle, je n’ai aucun doute que tu portes des convictions dont j’en suis fière. Au moment où la parole te sera donnée dans ce tribunal, fais en sorte ce que ta voix résonne au-delà de ses murs ; cette voix qui porte tes convictions, la force du droit doit être entendue par tous les camerounais qui subissent les affres de la justice inique de leur pays. Ce drap de courage qui t’enveloppera demain doit absolument briser le glaive du DROIT DE LA FORCE avec lequel les magistrats de ce tribunal vont tenter de t’anéantir. Mais personne ne peut t’anéantir car tu es NDOKI et mieux que quiconque tu en connais la signification. Ne quitte jamais ce tribunal sans avoir rappelé aux magistrats devant lesquels tu comparaîtras ce que c’est que le courage selon Jean JAURES. Selon Jean JAURES dans son discours à la jeunesse en 1903, le courage : « c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Comprendront-ils seulement le sens de cette citation profonde ? A partir de demain le monde t’écoutera. Reste la femme courageuse forte de ses convictions je connais. Je t’aime Michèle


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