Les raisons du rappel à yaoundé de l'ambassadeur alfred nguini

L’ambassadeur du Cameroun en France, Alfred Nguini, a été limogé afin d’apaiser les tensions avec une partie du personnel de la représentation diplomatique à Paris. Alfred Nguini est arrivé à Yaoundé le 12 mai par un vol Ethiopian Airlines spécialement affrété par le gouvernement camerounais pour rapatrier des ressortissants bloqués à l’étranger. Il a été rappelé sans explication officielle. Mais, selon nos informations, cette décision est liée aux travaux de réfection de l’ambassade, située dans le 16e arrondissement de Paris, après le saccage qu’y avaient perpétré en janvier 2019 des activistes proches de l’opposition. Nommé en mars, soit deux mois après cette émeute, le diplomate avait adressé au ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, plusieurs demandes de financement afin d’améliorer la sécurité du bâtiment. En un an, il a sollicité près de 1,3 milliard de F CFA (1,98 million d’euros) de crédits. Motaze avait transféré les correspondances au directeur du Budget, mais sans lui donner d’instructions précises. Cela a déclenché le courroux de l’ambassadeur, qui a alors soupçonné ses collaborateurs d’avoir suscité cette fin de non-recevoir en ayant envoyé des notes attestant que les travaux nécessaires avaient déjà été effectués. Plusieurs diplomates dans le collimateur de Nguini Se sont retrouvés dans le collimateur d’Alfred Nguini le percepteur Christophe Ketchankeu, mais aussi l’ensemble des diplomates chargés des questions de défense et de sécurité. Avant de prendre son vol retour, Alfred Nguini a pris soin d’interdire l’accès à l’ambassade, via plusieurs notes de service, au deuxième secrétaire, Xavier Barthélémy Ongolo. Saisi par le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, qui lui a demandé d’annuler les notes visant Ongolo, Nguini a refusé de s’exécuter. Dès sa nomination en France, Alfred Nguini avait tenté d’évincer le percepteur de l’ambassade pour prendre le contrôle des finances du consulat, comme il l’avait fait précédemment à Abidjan. Au sein de la chancellerie ivoirienne, il avait cumulé les fonctions d’ambassadeur et de consul général habilité à percevoir, entre autres, les très onéreux frais de visa. Mais, à Paris, les caissières de la perception avaient refusé de lui présenter les recettes journalières du consulat. Le diplomate avait alors écrit à Yaoundé afin d’obtenir que son ambassade soit transformée en mission diplomatique à régime financier spécial. Ce qui lui avait été refusé. Jusqu’à son remplacement, l’ambassade a été provisoirement placée sous la responsabilité d’une chargée d’affaires, Perpétue Menye Onana.


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